Une start-up bretonne invente le taxirail

publié le 4/01/19 17:50 dans Start-up par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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le taxirail d'Exid (photo Exid)
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l'ancien maillage ferré en Bretagne (1910-1930)
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L'ancien réseau breton à écartement métrique. Source : Bourrichon — Travail personnel Signalétique : CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3534921

Il y a une époque où l'on pouvait aller partout en train en Bretagne. Un petit village comme Plovan en Pays Bigouden avait autrefois sa propre gare comme d'ailleurs Tréogat mais aussi Douarnenez , Audierne et Pont-L'abbé. Ces petites voies ferrées ne transportaient pas uniquement des voyageurs mais aussi des produits agricoles vers les conserveries et les marchés des villes. Mais depuis un siècle ces lignes ont été progressivement supprimées comme non-rentables ou pas aux normes : certaines voies avaient leur propre écartement, le métrique, comme en Centre-Bretagne et en Cornouaille. Une voie ferrée métrique traversait tout le Centre-Bretagne jusqu'à Camaret.

En un siècle, presque tout a été abandonné et les voies sont devenues des chemins de randonnées ou des pistes cyclables dans le meilleur des cas. Aujourd'hui les familles vivant en zones rurales sont complètement dépendantes de la voiture et cette situation est une des causes profondes du mouvement des Gilets jaunes.

Le rapport qui fâche

En février dernier, la remise du rapport Spinetta au Gouvernement concernant l'avenir de la SNCF a mis le feu aux poudres. Parmi les nombreuses propositions contenues dans ce document, il y en a une qui a cristallisé les tensions : de nouvelles fermetures de certaines petites lignes ferroviaires rurales, jugées pas assez rentables et même déficitaires.

Pas rentables ? pourtant le métro parisien n'est pas plus rentable. 50% du prix du ticket de métro est financé par l'impôt. La question qu'on peut alors se poser est pourquoi les Français financeraient les transports de l'Ile-de-France et pas les lignes de chemins de fers en zones rurales.

Comme le dit le communiqué de l'entreprise EXID «au-delà de la réalité des chiffres de rentabilité, le train reste indispensable dans nos campagnes bretonnes et ailleurs. Il est un puissant vecteur de mobilité, de lien social, et même d'attractivité économique. Supprimer les petites lignes revient à isoler toute une partie de la population et de la forcer à utiliser la voiture».

Et d'ajouter «le train est plus que jamais un moyen de locomotion d'avenir : comme les milieux urbains, les territoires ruraux aspirent à développer les transports collectifs pour limiter l'utilisation des voitures afin de préserver l'environnement.» Et on pourrait ajouter «afin de faire des économies sur les carburants».

Think globally, act locally

C'est dans ce contexte, que la start-up bretonne, EXID Concept & Développement, basée à Plusquellec dans les Côtes-d'Armor, a relevé le défi : utiliser le meilleur de la technologie pour inventer un train du futur, afin de rendre ces lignes à la fois rentables et attractives.

EXID a imaginé TAXIRAIL, un nouveau concept de transport ferroviaire intelligent, composé de modules autonomes (sans conducteur) électriques pouvant transporter jusqu'à 40 personnes.

EXID prévoit de mettre en service le premier TAXIRAIL en 2023, au moment de l’ouverture à la concurrence des lignes TER.

L’innovation est une arme de guerre économique ! A mesure que le contexte concurrentiel international s’accroît, elle devient de plus en plus vitale, tant pour se défendre sur son marché que dans une stratégie de conquête. Les acteurs économiques ont plus que jamais obligation de s’améliorer, de se transformer et d’innover et, grâce à ses compétences et expertises, EXID C&D est un partenaire privilégié pour aider les entreprises à maîtriser leurs projets innovants. __Régis Coat Président de EXID Concept & Développement

Autonomie

Ultra-léger (à peine 8 tonnes), il sollicite beaucoup moins les rails et le ballast, ce qui réduit considérablement les frais de maintenance. Au niveau de la consommation énergétique, l’exploitant est aussi gagnant : Taxirail est soit purement électrique soit hybride, et fonctionne sur batteries, il ne requiert donc pas de ligne électrifiée.

Flexibilité et Intelligence

Fini les horaires qui ne conviennent à personne, l’absence de train quand on en a besoin comme le soir, dans la journée, le week-end, les arrêts aux stations auxquelles personne ne descend ou ne monte, le train qui se déplace à vide…

L’intelligence artificielle de Taxirail va se charger de définir les horaires les plus pertinents en fonction des besoins des voyageurs. Ainsi, aux heures creuses, le système est capable de fonctionner à la demande, en fonction des besoins et en optimisant chaque transport.

Il va falloir reconstruire le réseau breton et rouvrir les gares ! Et pourquoi pas des arrêts sur demande en rase campagne en payant un supplément ?


Vos commentaires :
Maryvonne Cadiou
Jeudi 26 décembre 2024
Il y eut (années 80 ?) la tentative de supprimer la ligne Quimper-Brest. En supprimant des arrêts et ainsi en démontrant qu'elle était beaucoup moins fréquentée et donc moins rentable. Cette malhonnêteté fit un tel barouf que le projet a été abandonné et la ligne rétablie, avec tous ses arrêts.

Glémarec Mlaure
Jeudi 26 décembre 2024
Super idée!
je trouvais dommage d'avoir un maillage qui ne serve plus à rien ; habitant Pontivy, je me demandais pour quelle raison on utilisait la route plutot qu'un«train wagon» electrique pour se rendre à Rennes;

Loïc.L
Jeudi 26 décembre 2024
Étouffer l'économie rurale en supprimant les gares et lignes ferroviaires : telle est l'action des jacobins de Paris, où les travaux du Grand Paris absorbent 20 ou 40 milliards d'euros.
Sûr que c'est une excellente idée que créée cette entreprise.

Lucien Le Mahre
Jeudi 26 décembre 2024
Excellente proposition.

Je viens justement de visiter le petit musée ferroviaire de Guiscriff, très intéressant et accueillant malgré la modestie des moyens, et je me faisais des remarques identiques sur la reconstitution de ce réseau breton léger (avec des rails d'un écartement d'un mètre pesant moitié moins au mètre que les rails classiques) qui s'est arrêté en 1967.

Mais je n'avais pas spécialement pensé à cette formule moderne, économique et souple du taxi-rail.

Ce réseau de «marc'h du» reconstitué au goût du jour sur les anciennes voies facilement récupérables car transformées en chemins de randonnée ou en piste cyclables, serait non seulement utile mais parfaitement justifié car, dans cette commune par exemple, et depuis plusieurs mois, on n'a même plus un mini-car de liaison avec les villes environnantes où les gens (surtout dépourvus de voiture mais pas que) peuvent trouver tout ce qui leur manque sur place : soins médicaux, large capacité commerciale, administrations diverses, grandes lignes ferroviaires, offre culturelle variée etc...

Une excellente façon de reprendre notre sort en main.
Affaire donc à suivre.


Gisèle Kerloch
Jeudi 26 décembre 2024
Il y a quelques années il y avait des projets de vélo trains atteignant les 75 km heure. Pour le coup c’etait Zéro rejet, et une bonne occasion de se bouger,
Voir le site

Luigi Barsagli
Jeudi 26 décembre 2024
Très intéressant.

Merci pour cet article et bravo à cette entreprise qui espérons-le fera prospérer son concept


Naon-e-dad
Jeudi 26 décembre 2024
Génial! Et très séduisant, nonobstant les combats d'arrière-garde que ne vont pas manquer de livrer SNCF et autres (cf les difficultés de Sabella, dans le domaine des hydroliennes, confronté à EDF).

L'idée du petit train n'est pas nouvelle: il n'est que de feuilleter quelques vieux livres (pas si vieux que çà d'ailleurs!) ou de parcourir les bacs de cartes-postales anciennes pour dénicher des photos tout à fait convaincantes. A une époque (fin XIX, début XX), les décideurs et la population avaient compris que le train de desserte locale était l'avenir, et qu’il était décisif pour le désenclavement. Mais çà, c'était dans le monde d'avant, comme dirait quelqu'un de... (très) haut-placé! N'est-ce-pas?

Puis est venue la bagnole. Magique, exclusive, instrument de liberté (individuelle), disaient-ils, ou pensaient-ils! On en revient! Les premiers à s'en affranchir sont d'ailleurs les habitants des grandes villes (celà fait des lustres que l'on sait qu' un Parisien sur deux ne dispose pas de voiture. Et pour cause: où la garer? Pas de place!). J'entends encore ce collègue me faire la démonstration par a+b, il y a une vingtaine d'années déjà, selon laquelle il était plus économique de louer une voiture un mois ou quelque semaines par an, plutôt que d'en être propriétaire. A la flexibilité ou à la disponibilité près, il avait entièrement raison.

Bienvenue au petit train de desserte locale donc. Bienvenue au petit autorail sur rail (là, c'est une tautologie!): flexible, écologique, économique. Et tant pis pour la SNCF, si elle ne veut pas le comprendre. Les gros paquebots (très administratifs et dédiés aux gros volumes) sont une chose, les petites embarcations légères sont tout aussi irremplaçables! Sur les réseaux hydrographiques du monde entier, on circule aussi sur les affluents, parfois très à l'amont. Et pas seulement sur les grands fleuves, très à l'aval. A méditer.

L'idée d'EXID me fait penser à une récente émission TV de la série «Des trains pas comme les autres»: le bus bricolé qui circule sur rail existe déjà, dans je ne sais quel pays d'Asie ou d'Afrique. il circule, à budget très contraint, à la satisfaction de tous! Quand on a peu d'argent, il est plus qu'utile, impératif même d'avoir des idées!

Bevet an treñ (ar marc'h-du?), an treñ-bihan dezhañ ur c'heflusker-tredan!


Jakez Lhéritier
Jeudi 26 décembre 2024
Le système est alléchant car s'inspirant de procédés que j'ai pu voir ailleurs, en Hongrie et en Algérie.
Le principe que ce soit pour ces transports sur rails,existaient sur routes,pour les transports individuels ou collectifs étaient basés sur des trajets en aller et retour cadencés ,soit en taxis collectifs avec arrêts et montées à la demande,soit avec des minibus ,avant de passer à des autobus de plus grandes capacités selon les résultats.

Ce remaillage des voies nouvelles voies ferroviaire bretonnes est à présenter sérieusement.

Sur St Nazer vers Vannes via Pontchateau,Redon ,c'est possible rapidement entr'autres.

Le rappel du financement du métro parisien et du Gross Pariss,par le système colonial français, est à marteler dans toutes les rencontres sur les débats à venir.


Yann D
Jeudi 26 décembre 2024
Bravo pour votre initiative.

Sebgi35
Jeudi 26 décembre 2024
Bravo pour cette idée qui allie technologie, écologie, et économie. Le Parti Breton veut aller dans cette voie pour vivifier toute la Bretagne et pas seulement Rennes et Nantes. Cette solution peut également intéresser les zones rurales autour des métropoles. Encore bravo pour cette idée qui doit se traduire sur le plan politique dans le cadre d'une collectivité autonome de Bretagne à budget propre.

Rafig
Jeudi 26 décembre 2024
En effet une solution d'avenir pour une mobilité «rurale» inter-cités et écologique.
je vous invite à regarder 2 reportages Arte sur le tramway et le dessous des cartes :
Voir le site

Problème : tant qu'il n'y a pas le retour de la Bretagne réunifiée et un minimum de pourvoir régional pour décider de notre aménagement du territoire, toutes ces belles idées risquent de ne pas voir le jour. C'est d’ailleurs pour cela que l'Etat français persiste à découper la France n'importe comment pour ne pas faire d'ombre à Paris. Mais vous pouvez toujours prendre des TGV modernes pour aller à Paris (la ville lumière qui doit nous éblouir).
Cela ne leurs coût pas cher c'est nous qui payons.
à suivre.


Rafig
Jeudi 26 décembre 2024
En effet une solution d'avenir pour une mobilité «rurale» inter-cités et écologique.
je vous invite à regarder 2 reportages Arte sur le tramway et le dessous des cartes :
Voir le site

Problème : tant qu'il n'y a pas le retour de la Bretagne réunifiée et un minimum de pourvoir régional pour décider de notre aménagement du territoire, toutes ces belles idées risquent de ne pas voir le jour. C'est d’ailleurs pour cela que l'Etat français persiste à découper la France n'importe comment pour ne pas faire d'ombre à Paris. Mais vous pouvez toujours prendre des TGV modernes pour aller à Paris (la ville lumière qui doit nous éblouir).
Cela ne leurs coût pas cher c'est nous qui payons.
à suivre.


Yann Vleiz Kunv
Jeudi 26 décembre 2024
L'idée est bonne, mais aucune chance avec les jacobins au pouvoir.. Ils ont cassé ainsi toutes les bonnes idées bretonnes depuis des lustres... Hydroliennes en tête.. Ils préfèrent une Bretagne au ralenti et soumise qu'une Bretagne réveillée et émancipée.. En raccourci, tant que des Bretons voteront pour des jacobins, nous n'avons aucune chance d'exister en tant que Bretons. .Aucune..
Rappel:
Des chiffres qui font réfléchir...
Elections Régionales 2015 B5,
Bretagne à 5 départements :

Total B5:
Inscrits:
3 389 331
Votants exprimés (hors nuls et blancs):
1670600 / 49,28 % des inscrits.
Vote Breton :
107210 / 3,16 % des inscrits. 6,41 % des votants exprimés.
Vote jacobin :
1563390 / 46,12 % des inscrits. 93,58 % des votants exprimés.
Abstentions (nuls et blancs compris) :
1718731 / 50,71 % des inscrits.


Anne BELLOUR
Jeudi 26 décembre 2024
Oui, il faut viser une émancipation et même une autonomie de notre Bretagne, en fait... mais rien que de prononcer ces mots-là... et vous êtes pris pour un(e) extrémiste.... idéaliste...Dommage !
Notre Etat centrilateur craint notre émancipation... Il a trop intrêt à garder des moutons serviles.

Bernard neveu
Jeudi 26 décembre 2024
Encore une start-up qui ne lie pas Hommes ! Pas de conducteur !!!! Les vitres noires ne donnent pas envie de prendre ce train , la Bretagne mérite d'être admirée , quoique dans de nombreux endroits il faut un masque respiratoire. Il faudrait planter des genets dans le train. Pourtant , c'est une excellente idée ( je n'habite pas en Bretagne)30

Job
Jeudi 26 décembre 2024
@Bernard Neveu

Vous avez raison les vitres fumées sont une mauvaise idée, en tous les cas sur la photo, c'est beaucoup trop fumé. Concernant l'absence de conducteur, au vu de la taille du wagon et du concept (rail «souple»), c'est logique.


Emi
Jeudi 26 décembre 2024
Une seule question : Qui paiera la maintenance de l'infrastructure?

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