Le prénom

Communiqué de presse publié le 23/11/18 9:47 dans Justice et injustices par Ollivro Caroline pour Breizh Europa
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Voici donc l’affaire du prénom du petit Fañch relancée par le parquet, qui se pourvoit en cassation après la décision de la cour d’appel de Rennes de valider finalement le tilde, à la suite de mois de tergiversations juridiques.

Il faut avouer que pour la plupart des Bretons, c’est l’incompréhension la plus totale, surtout quand on sait, entre autres, que le secrétaire d’État à l’intérieur Laurent Nuñez tient lui beaucoup à son tilde et que sur Paris, cela ne dérange personne.

De deux choses l’une, soit cette relance du parquet est une plaisanterie, une sorte de défi potache lancé par des juges qui s’ennuient, ou alors certains ont décidé de détruire, jusqu’à l’obsession, toute trace de Bretagne dans nos contrées.

En tout cas, en fonction de la décision de la cour de cassation, l’affaire finira probablement devant des instances juridiques européennes. Tout ça pour un tilde ? Il est vraiment regrettable que sur Paris il n’y ait plus un Montesquieu en activité : imaginiez les fulgurantes lettres persanes qu’il pourrait écrire !

Ainsi, pendant que des juges combattent vaillamment le tilde : les Balkany sont toujours en poste. L’affaire de l’attentat de Karachi de 2002 et des rétro-commissions vers Paris est toujours au point mort. Mais encore, contrairement aux gradés belges, l’armée française n’a jamais été entendue en ce qui concerne le génocide rwandais de 1994. Nicolas Bismuth Sarkozy, lui, n’a pas encore écopé de la moindre peine. Dominique de Villepin s’en est tiré avec les honneurs dans l’affaire Clearstream. Christine Lagarde, partie prenante dans l’affaire Tapie, règne au FMI. Alexandre Benalla a pu escamoter un coffre-fort avant perquisition. Etc.

Pendant ce temps, Carlos Ghosn a été mis au frais au Japon. Au Portugal, l’ex premier ministre José Socrates a fait 9 mois de prison ferme, et ses ennuis ne sont pas terminés. Dans certains pays du nord de l’Europe, on peut perdre sa fonction élective pour avoir fait le plein d’essence avec une carte bancaire non appropriée. Même Berlusconi a eu droit à un bracelet électronique en Italie. Rappelons que les pays européens précités ont par ailleurs signé et ratifié la Charte des langues minoritaires, et acceptent donc tous les tildes possibles et imaginables. Cela laisse probablement plus de temps aux juges pour travailler sérieusement.

La justice française est quant à elle classée par le CEPEJ, en 2015 (et cela ne s’est pas amélioré depuis), au 37ème rang sur 43 des justices européennes en termes de moyen et d’efficacité. Visiblement, ce n’est pas qu’une question de moyens financiers.

Frank Darcel, président de Breizh Europa

CEPEJ : organisme de contrôle de justice européen


Vos commentaires :
Lundi 29 avril 2024
@Didier Lebars. Ce billet souligne le paradoxe qu'il y a, pour des juges supposément débordés, à poursuivre le tilde de toutes leurs ardeurs, alors qu'ils ont sûrement plus important à faire. Pour preuve toutes ces affaires auxquelles les «puissants» de cette République sont mêlés, et pour lesquelles la justice n'avance pas. Car la question ici est bien l'indépendance de la justice. L'attaque du tilde par le parquet de Rennes est une décision dont la portée n'a pas été évaluée seulement à Rennes, mais aussi à Paris. Car l'orthographe «déviante» mettrait pour certains, la République en danger... C'est le problème d'une justice qui devient l'instrument d'une idéologie dominante, et non plus une véritable fonction régalienne respectable et respectée.
Et si les puissants de l'Hexagone tâtent rarement du cachot, c'est bien aussi parce que cette justice n'est pas indépendante. Si je n'ai pas parlé de Ferrand c'est parce que le parquet de Brest a finalement classé sans suite. Et là aussi bien sûr, où était l'indépendance de la justice ?
Pour les autres cas cités, il y a eu des condamnations ou des mises en examens qui n'ont pas encore abouti, Lagarde a par exemple été accusée de négligence, cela ne l'empêche pas d'être à la tête du FMI. Le République française a tout de la république bananière quand il s'agit de juger les hommes et les femmes politiques. On peut rappeler que Dassault par exemple est resté en poste jusqu'à la fin au Conseil Départemental de l'Essonne alors qu'il avait été lourdement condamné.
C'est pourquoi il était important de rappeler que ce n'est pas la même chose dans le monde entier. C'es le but de ce style de billets, amener à comparer, car nous ne sommes pas au centre du monde. Et le cas du Japon est intéressant puisque Ghosn est à la tête d'une entreprise française également, et qu'il aurait peu de chance d'aller en garde à vue de cette manière en France. Parce qu'il fait partie ici de la noblesse d'État, c'est-à-dire des intouchables.
Ces constatations, tout le monde peut les faire, et elles ne sont pas pour rien dans les révoltes actuelles : non seulement la plupart des gens n'arrivent à joindre les deux bouts quand d'autres amassent l'argent comme jamais, mais surtout ces derniers sont au-dessus des lois.
Pour rappel, en ce qui concerne la situation dans d'autres pays, l'ex-présidente de la Corée du Sud a été condamnée à 24 ans de prison en avril de cette année. Une vraie démocratie est à ce prix, pour que toute le monde, à l'intérieur d'un pays, se sente faire partie du même projet, et donc à égalité devant la loi. Ce qui n'est pas le cas en France. Ou plutôt que garantir cette égalité devant la loi, on utilise la justice à des fins idéologiques.
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