Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver là !!!
Alors que la commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale bat son plein, il est temps de convoquer à la barre le grand absent des festivités : le souverainisme.
Le souverainisme est cette idéologie à laquelle la France a tant contribué et qui place au sommet du droit la toute puissance de l’Etat-nation.
C’est cette idéologie tragique qui fut à l’origine des pires drames de l’humanité et notamment des tragédies totalitaires du vingtième siècle. Les Etats-nations sont ces monstres froids qui s’affrontent superbement, au nom de leur impérialisme, quand bien même invoqueraient-ils souvent une justification idéologique.
Le roi peut tout faire, affirmait Bodin en son siècle. Il peut même, si bon lui semble, changer la langue de ses sujets ajoutait-il, comme pour mieux souligner son propos. Le penseur avait raison. N’est-ce pas ce que l’Etat Français a accompli en Bretagne ? Il poursuit même son œuvre en mettant à mort nos langues au couvert d’une pseudo-décentralisation et d’une politique linguistique dérisoire.
Alors regardons les choses en face. Qui est le grand responsable de la grande boucherie de 14-18 ? Pas plus la France que l’Allemagne. Mais le souverainisme et la volonté de toute puissance de l’Etat nation assurément, qu’il soit français ou allemand.
De cela, nul n’en parlera jamais car nous ployons toujours sous son joug. C’est le souverainisme et son fils naturel -le principe d’unicité du peuple français- qui assassinent nos langues, et contribuent plus que jamais au pourrissement de territoires exploités par les grandes puissances, gangrénés par la violence et le trafic d’armes. Tiens ! J’entends la presse se féliciter de l’excellence française en matière d’exportation d’armement, avec 7 milliards d’euro cette année.
Surtout, c’est le souverainisme qui contribue au dérèglement climatique et à l’impossibilité d’inverser la tendance. Sans délégation de souveraineté au niveau international, jamais nous ne pourrons soigner les grands maux de l’humanité -climat , migrations et les inévitables tensions- qui la conduisent à sa perte. Mais les Etats-nations ne veulent pas l’entendre. Pourquoi un Etat-nation se risquerait-il à faire les sacrifices qui s’imposent alors que son voisin n’en fera rien ? L’écologie est plus souvent un étendart dressé pour des raisons d’image qu’une réelle préoccupation. Un vecteur d’influence, comme le sont depuis si longtemps les droits de l’homme.
Alors qui est le vrai vainqueur de la première guerre mondiale ? Les poilus ? Certainement pas. Ils en sont les premières victimes, des sacrifiés au nom de la toute puissance de l’Etat nation. Rien que de la chair et des âmes broyées. Le maréchal Pétain ? Laissons-le reposer en paix. Il ne mérite même plus d’être objet de polémique.
Le vrai vainqueur, c’est le souverainisme. Car le pire dans cette histoire tragique, c’est que le massacre de centaines de milliers d’hommes en son nom, vient offrir à l’Etat-nation la meilleure légitimité possible, celle du sang. Comment imaginer qu’un tel sacrifice n’eût pas été accompli au nom de la plus juste des causes ? Impensable. La guerre mondiale broie toutes les résistances intérieures au nom d’une volonté unique de puissance. Elle a porté un coup terrible à nos langues et cultures minoritaires, à notre démographie. Mais elle vient encore renforcer le premier responsable de la grande boucherie, le souverainisme dans sa version jacobine.
Le souverainisme se repaît toujours de la chair de ses victimes. Le sacrifice de ces dernières lui offre même la légitimité pour commettre de nouveaux forfaits et générer d’autres victimes. Je ne me souviens plus qui de René Coty ou de Guy Mollet confortait la répression en Algérie au nom des sacrifiés de Verdun. « Lâcher l’Algérie ? Vous n’y pensez pas ? Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver là ! »
La première victime du souverainisme, c’est l’humanité. Combien de millions de morts en son nom, dans les conflits entre Etats mais encore surtout bien à l’abris des frontières ? A présent, c’est dans son existence même que l’humanité se trouve menacée.
Mais qu’importe, après tout. Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver-là !!!
Yvon OLLIVIER
Juriste, auteur
■A ceux/celles qui se demandent comment interpréter tout celà, ou qui seraient tentés de se décourager, on ne peut que conseiller la lecture de l'«Apocalypse» (désignation aux antipodes du titre d'un film à succès). Ce livre de visions spectaculaires, écrit rapidement (vers 95 de notre ère).
Cet ouvrage dont le texte est assez court (20 à 30 page selon les formats) mais ardu - il est bourré de références scripturaires à l'Ancien Testament (ou Bible hébraïque), et ne peut devenir éclairant qu'en allant chercher et consulter les dites références - clôt le classement organique de la Bible chrétienne.
Ne chom ket an «diaoul»/«droug» hep fiñval nag ober e droioù-gamm...ne vern e vefe e wiskamant.
Si les mots ont un sens par quoi donc qualifier les revendications des Nations minoritaires ou Nations sans Etat comme la Bretagne ? Il me semblait que le mot « indépendantisme » leur était refusé sous prétexte que personne n’est strictement indépendant sauf à être propriétaire de toutes les ressources de la planète. A l’inverse le sens de « souverainisme » bien compris diffère de « l’indépendantisme » dans la mesure où il indique qu’on est souverain dans le choix de nos dépendances, de nos alliances, de nos relations extérieures. Ce terme me paraissait bien adapté en Bretagne à nos revendications d’émancipation et je ne voyais qu’il pouvait se confondre avec le jacobinisme, l’impérialisme ou le colonialisme.
Cela étant il faudrait donc se mettre d’accord sur un terme qui nous correspond sachant que le « régionalisme » qui ayant été remis en selle après l’autonomisme pour ne pas effrayer « l’honnête républicain » s’assimile de fait à une soumission au grand maître.
Depuis qu'il y a des civilisations, il y a eu des Verduns, l'échelle varie selon les moyens techniques. Churchill disait aimer la guerre. Un historien belge a conclu que l'homme aime la guerre.
L'histoire de la Bretagne ce fut quoi sinon du souverainisme et des guerres ? Regionalisme, nationalisme, souverainisme, autonomisme ... ce sont des synonymes politiques. Regionalisme étant le dernier terme politiquement correct. Aujourd'hui encore le Figaro parle de monuments aux poilus régionalistes. Alors qu'il y a clairement des monuments nationalistes : basques, bretons, et flamands...
Après Verdun, le grand gagnant est USA qui a pris la 1ere place mondiale. Trump vient celebrer ce statut incontesté depuis 100 ans. Et ceux qui contestent ce statut sont encore plus nationalistes et ils célèbrent Mao (son portrait est sur tout les billets de banques).
L'article n'aurait-il pas été plus efficace en décrivant le principe de l' ''Etat-Nation'' versus le principe d'une ''Nation pourvue d'un Etat''?
Car si en apparence par l'utilisation de mots identiques cela ne ressemble qu'à une simple reformulation, dans les faits il s'agit d'un principe totalement différent car inversé...
Pour l'Etat-Nation : l'état est souverain y compris devant le peuple donc devant la démocratie,
Pour la Nation pourvue d'un Etat : le peuple est souverain y compris devant l'état...
(Pour illustrer : Je me souviens d'un échange entre un élu hexagonal et une écologiste allemande au sujet de l'utilisation de l'armée au Mali/Syrie... l'élu hexagonal saluait le modèle Républicain qui permettait à une seule personne (le pdt) d'utiliser l'armée dans une opération de guerre ce qui selon lui était une source d'efficacité... ce à quoi l'Allemande lui a répondu qu'une opération de guerre avait pour conséquence inévitable de tuer des gens au nom de la protection du peuple et que lorsqu'on tue des gens au nom du peuple il est préférable de demander l'avis au peuple... Pour mémoire en Bretagne indépendante, le Duc pouvait utiliser l'armée dans une guerre mais il le faisait avec son financement personnel... s'il voulait utiliser l'argent public pour cette guerre il devait obtenir l'accord du parlement de Bretagne ce qui n'était pas acquis d'avance...)
J'ai constaté depuis longtemps qu'au sein de mouvement breton les définitions (internationales) des mots sont mal connues et mal maitrisées, donc mal utilisées...
Du fait en Bretagne utiliser le mot ''nation'', ''national'', ''nationalisme'', ''souveraineté'', ''indépendance''... pose problème alors qu'ailleurs en Europe ces mots sont d'un usage courant et parfaitement assumé...
Par exemples : En Corse/Écosse/Catalogne s'affirmer ''nationaliste'' ne pose strictement aucune difficulté que l'on soit de gauche ou de droite... tout en sachant parfaitement faire la distinction avec l'usage détourné de ce même mot par la République (police nationale, marine nationale, unité de la nation... etc...)
Idem pour le mot ''indépendance''... et ce n'est pas sans raison si l'une des plus belle définition de ce mot provient des Kanaks et non des Bretons... : ''L'indépendance c'est la possibilité de choisir ses interdépendances...''
Du fait quand j'écoute un nationaliste/indépendantiste corse/écossais/catalans ou kanak s'exprimer, je constate que le discours est bien plus profond, réfléchi, maîtrisé...
Donc pour moi, le souverainisme est totalement légitime quand il exprime la primauté d'expression d'une nation...
Par contre, il devient en effet un problème majeur qu'il exprime l'inverse, c'est à dire que cette primauté revient à état (c'est à dire à une simple structure administrative) comme avec l'Etat-Nation...
(une démarche que l'on retrouve aujourd'hui dans le rôle des élus qui est de faire accepter par les citoyens les orientations de l'état... Alors qu'en démocratie leur rôle est exactement l'inverse...)