Une sculpture monumentale en l'honneur des archers anglais, morts pour la Bretagne le 28 juillet 1488 !

Communiqué de presse publié le 12/10/18 20:01 dans Histoire de Bretagne par Jean-Loup Le Cuff pour MAB, Musée Archipel Breton
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Inauguration de la sculpture
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Vue de dos au vernissage.
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De trois quart face pendant l'inauguration, avec Jérôme Jacquet.
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Vue de dos et d'ensemble avec château de la Giraudais
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Laurence et Jérôme Jacquet, Marc Simon sculpteur.
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Le texte gravé sur le socle.
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Marc Simon au travail.

Le mardi 25 septembre 2018, a eu lieu au château de la Giraudais, au nord du champ de bataille de Saint Aubin du Cormier et du terrain MAB Koad Sav Pell, lieu de sa commémoration, l’inauguration d’une sculpture monumentale en granit de 5,20 m de hauteur, taillée dans un bloc de 20 tonnes à l’origine.

Cette sculpture monumentale représente un archer anglais de 1488, en hommage aux 440 archers anglais environ, venus de l’île de Wight sous commandement de Sir Edward Woodville « Lord Scales », et morts ici pour défendre la souveraineté et l’indépendance de la Bretagne, le 28 juillet 1488, voici 530 ans.

Les propriétaires du château de la Giraudais, Jérôme et Laurence Jacquet, ont fait cette commande à Marc Simon, voici prés de 18 mois… Ensuite, il aura fallu au sculpteur Marc Simon, ( à qui on doit déjà et entre autres sculptures le portrait d’Anne de Bretagne sur le terrain MAB Koad Sav Pell ), 14 mois de travail, deux études, six maquettes et près de 700 heures de taille. Sur son socle, l’archer anglais de pierre mesure 3m, et l’arc lui même en granit, (prouesse technique exceptionnelle), décrit une portion de cercle de 3,40 m.

« Cette sculpture se doit de rappeler aux visiteurs que les terres de la Giraudais ont connu la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488. Considérée comme déterminante dans la perte de l'indépendance de la Bretagne, la bataille a impliqué quelques centaines d’ archers anglais venus renforcer l'armée du Duc de Bretagne », nous explique Jérôme Jacquet.

Il faut savoir également que les dépouilles des archers anglais, qui semblent avoir eu un « traitement spécial » de la part des Français, ont été enterrés à quelques mètres de là, au coin du bois, d’après une information orale qui a traversée les cinq siècles, grâce à une famille locale déjà là du temps de la bataille… et nommée par Arthur Le Moine de La Borderie dans sa monumentale Histoire de la Bretagne. C’est son dernier descendant dépositaire qui m’a montré précisément le lieu en 2001, avant de décéder quelques années plus tard.

« L'archer est un homme du XVe siècle, sa taille a été accentuée pour être visible de loin. Il est cuirassé, casqué et botté. Il porte un manteau et dispose d'une besace pour ranger ses flèches. Il est représenté visière baissée. Nous avons, Jérôme et moi, préféré l'image du combattant anonyme, symbole de l'ensemble des archers anglais, un soldat inconnu en quelque sorte, à la portée plus universelle » précise le sculpteur Marc Simon.

L’inauguration s’est déroulée devant prés de 300 invités, plusieurs élus locaux, dont le président de la région administrative de Bretagne, Loïg Chesnay-Girard, en tant que président de la Communauté de Communes Cormier-Liffré., le Maire de Mézières sur Couesnon Olivier Barbette, le Maire de Gosné Véronique Lepannetier Ruffault et le Maire de Saint-Aubin du Cormier Jérôme Bégasse.

La première mention physique et publique de la présence des archers anglais se trouve sur une plaque du monument aux Bretons érigé en 1988 par l’association Koun Breizh plus au sud, au niveau des troupes françaises, et en bordure de route. Une erreur s’y est glissée : le commandant de ces archers de l’ïle Wight était bien Sir Edward Woodville, et non Talbot, autre personnage historique d’une autre bataille plus ancienne..

La deuxième mention physique et publique de la présence des archers anglais à Saint Aubin du Cormier, et morts là, se trouve sur l’ïle de Wight elle même, sur une plaque commémorative, installée puis inaugurée le 28 juillet 2009 par “English Heritage” au musée du château de Carisbrook sur l'Île de Wight, en mémoire de Sir Edward Woodville, Duc de Scales et Lord of Wight, et de ses 440 archers morts à St Aubin du Cormier en 1488, ainsi qu'au jeune Diccon Cheke, le seul archer anglais survivant du massacre, épargné semble-t-il pour qu'il revienne sur son île raconter la tragédie! Sur cette plaque est écrit :

«IN MEMORIAM SIR EDWARD WOODVILLE and the 440 gallant men of the Island Who died at the battle of St Aubin, July 28th 1488. And to Diccon Cheke, sole survivor of the massacre, who returned with the story. Requiescat in Pace».

English Heritage honore les archers de Wight morts à Saint-Aubin du Cormier en 1488 : (voir le site)

L’Archer Anglais de Marc Simon à la Giraudais est donc à ma connaissance la troisième mention physique et publique de la présence des archers anglais à Saint Aubin du Cormier en 1488. Sur le socle de la sculpture monumentale, Jérôme Jacquet a fait graver ce texte en français et anglais :

"Archers de Wight

En venant mourir loin de chez vous, vous n’avez point eu droit à vos arcs de triomphe. Vous gisez ici depuis ce funeste 28 juillet 1488. Entourés de vos frères d’armes et de vos ennemis, vous avez appris depuis à faire la paix. Puissiez-vous, braves archers, inspirer nos vivants. Soldat de pierre, soit le témoin de notre reconnaissance tardive."

Rappelons aussi qu’avec les archers anglais, plusieurs soldats d’autres nations étaient présents côté breton: 800 Germaniques (Allemands et Flamands), 3500 Basques, Gascons et Castillans. Et côté français : 5000 Suisses, et des Gênois et Napolitains. Toute l’Europe de l’ouest était représentée dans cette bataille majeure de la fin du moyen âge, avec prés de 30 000 hommes en armes. 7 500 hommes y trouvèrent la mort.. 6000 bretons et alliés, 1500 français et alliés. Cette bataille sonna le glas de l’indépendance bretonne, qui fut officiellement perdue après un moment de renaissance, 44 ans plus tard en 1532.

En comparaison la plage d’Omaha Beach, pourtant appelée « bloody Omaha » (Omaha la sanglante), a vu la mort de 1000 GIs et 2 000 blessés et disparus dans la journée du 6 juin 1944… et à la bataille de Saint Aubin du Cormier, 7 500 morts.. Il est vrai que les français achevèrent tous les blessés. Tout cela vaut bien quelques monuments, et gageons que ce n’est pas fini. Honneur à ces hommes tombés là pour la Bretagne !

Jean Loup Le Cuff

12/10/2018.


Vos commentaires :
Lundi 29 avril 2024
Pour ces soldats morts pour la Bretagne nous devons rétablir la vérité :
il n'y a jamais eu de traité d'union en 1532, mais un texte imposé par les menaces d'usage de la force, donc sans valeur juridique. Confirmé par Bertrand d'Argentré en 1582 et par la guerre qui suivra pour prendre le contrôle du Pays Breton en 1595, puisqu'il n'y a plus de lien juridique, non plus, par la mort du roi, puis aussi en 1648 (négociations paix de Munster) :

1/ Offres et demandes de Don Mendo [Ambassadeur pour l'Espagne] au Duc de Mercoeur , le 21 juin 1595 :
Premier papier - Offres. Si le Duc de Mercoeur rompt les pourparlers et Conférences [d’Ancenis] avec l’ennemi [le Roi Henri IV de Navarre], il sera assisté pour la continuation de la guerre d’un secours de 6.000 hommes, y compris ceux qui sont déjà ici. [en Bretagne]
S. M. attend qu’il soit décidé, pour se résoudre, elle-même, à lui envoyer l’argent qu’il lui a demandé pour l’entretien des troupes ...Il sera aussi assisté de galères et de navires.

Enfin, s’il reconnaît le droit de sa fille [l’Infante Isabelle], S. M. lui offre le Comté de Nantes, sous la suzeraineté de Madame l’Infante, et la ville de Clisson (1), que l’on ajoutera à ce Comté, plus un subside de 200.000 # et le Gouvernement de la Bretagne pour lui, avec survivance pour son fils, s’il lui en naissait un (2)

Second Papier – Demandes. La volonté de S. M. est que la négociation reçoive son achèvement en cette forme que le Duc et sa femme jurent de tenir cette province pour Madame l’INFANTE ISABELLE et la reconnaissent comme SA VÉRITABLE SOUVERAINE , suspendant la déclaration, jusqu’à ce que l’on ait gagné un certain nombre de volontés et accompli les choses nécessaires.

II/ Offres et demandes du Duc de Mercoeur :
Ce qu’il offre – Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire de continuer la guerre, ce qui ne se peut, sans la continuation de l’assistance de S. M.
Si S. M. la donne, il est juste aussi qu’elle prenne les garanties nécessaires, pour assurer la manière dont le Duc y correspondra par ses services.
Et ainsi le Duc jure et promet (*) de ne consentir ni traiter de trêve avec l’ennemi, ni de quoi que ce soit qui ait pour effet d’amener la cessation de la guerre, sans la volonté de S. M.
Il jure aussi, en ce qui concerne le particulier, pour lui et pour sa femme, que, reconnaissant, comme ils reconnaissent que --- Madame l’Infante, par héritage de sa mère, A DROIT au Duché de Bretagne, --- ils conserveront et défendront SON DROIT de tout leur pouvoir, et en procureront l’établissement et en feront la déclaration, quand Sa Sainteté [Le Pape] et S. M. [Le Roi d’Espagne Felipe II] le jugeront bon.
Si on lui donne les forces et moyens qu’il a demandés, par les Mémoires remis à Don Mendo, il fera des entreprises plus agréables à S. M . ; et l’on mettra les garnisons qu’elle voudra dans les places qui se prendront, sous la condition que les privilèges et LIBERTÉS DE LA BRETAGNE seront conservés et que, s’il se fait un traité général, on y comprendra cette Province et le Duc et sa femme.

Mercoeur jure de tenir secrète cette déclaration et demande le même serment à Don Mendo.
Ce qu’il demande – Pour faire la guerre avec résultat, il faut composer ces forces de 6.000 Espagnols, 2.000 lansquenets, 2.000 Français et 500 chevaux, sans compter les 500 autres chevaux et les garnisons que paie la province, qui sont de 3.000 hommes.
Il faut aussi l’argent nécessaire pour le paiement de cette armée, qui sera de 10.000 fantassins et de 500 chevaux....

Le Duc aura l’autorité et le commandement sur les troupes de S. M. [en Bretagne]
Il se fera près de l’ennemi une diversion ...

Lorsque Sa. Majesté. Felipe II aura reçu du Duc les garanties qu’elle en attend, elle différera la déclaration [de souveraineté sur la Bretagne], et ne changera pas le prétexte de la guerre, jusqu’à ce que les forces aient fait quelques progrès dans la Province [de Bretaigne].
(Transcription et Sommaire (2) K.1596)

Sources, Gaston de Carné 1899, Documents sur la Ligue en Bretagne, Tome 2 - (archives secrètes Espagnoles de Simancas, volées par Napoléon en 1808)
[p77/78] -252 – Articles contenus dans les papiers échangés, entre Dom Mendo de Ledesma et le Duc de Mercoeur.

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