Le message de la Vallée des Saints

Chronique publié le 10/08/18 20:53 dans Cultures par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
https://abp.bzh/thumbs/45/45530/45530_1.png
Photo Vallée des saints
https://abp.bzh/thumbs/45/45530/45530_2.jpg
Sculpteurs au travail
https://abp.bzh/thumbs/45/45530/45530_3.jpg
Le nouveau centre d'accueil avec une librairie et beaucoup de livres sur la Bretagne. Des millions de visiteurs pourront y découvrir mythes, légendes et histoire de Bretagne. Restauration simple de crêpes de blé noir à prix très raisonnables. Les visites sont gratuites sauf les visites guidées.

Notre histoire est interdite. Elle n'est pas enseignée dans les écoles bretonnes. Elle ressurgit donc dans les légendes, les chansons, les romans, des séries policières allemandes même... ou sur une colline pas loin de Carnoët en centre Bretagne. Philippe Abjean, à l'initiative du projet de la Vallée des saints, ne s'y trompe pas quand il écrit «Les statues géantes qui peuplent désormais ce sanctuaire sont l'inaliénable propriété du peuple breton qui y relit son histoire.» (*)

La [[Vallée des Saints]] porte un message très important pour tout le monde occidental car la Vallée des Saints représente l'anti-thèse de la société de consommation. Tous ces saints de l'ancienne [[église celtique]] venus d'Irlande, du Pays de Galles, de Cornouailles et même d'Écosse avaient refusé de passer leur vie à acquérir le confort et des biens matériels. Ils cherchaient autre chose et pratiquaient une vie disciplinée et simple souvent même ascétique. L'antithèse de notre mode de vie d'aujourd'hui, plug and play, acheter et jeter, un monde de l'éphémère manufacturé.

Bien sûr, il n'est pas inutile de rappeler le contexte particulier de ce Ve siècle qui voit l'arrivée de ces personnages hauts en couleurs en Armorique. Depuis 421 une terrible peste, la peste jaune ou [[peste justinienne]] ravageait tout l'empire romain ou ce qui en restait. Colportée par les rats, et donc par les bateaux romains, elle s'étendait de Constantinople jusqu'à la Grande Bretagne. Elle touchait les grandes cités et surtout les ports. Il ne pouvait pas passer inaperçu que ceux qui fuyaient les villes et se réfugiaient sur des ilots voire au fin fond de la forêt armoricaine survivaient la pandémie, la peste étant une maladie hautement contagieuse. Ces survivants de l'apocalypse finissaient par gagner la confiance des populations qui en firent des saints, du moins des guides, pour les conduire à la recherche de territoires vierges de pestilences et ignorés des pillards anglo-saxons. (voir le site)

Des saints fondateurs de la Bretagne

Tout d'abord, la Vallée des Saints c'est, entre autres, les sept saints fondateurs de la Bretagne : Brieuc, Tugdual, Paul Aurélien, Patern, Corentin, Samson et Malo. C'est une partie de notre histoire. Un mythe fondateur ? Peut-être mais tous les pays en ont un. Je sais, cela dérange certains Parisiens que notre mythe fondateur soit différent du leur, mais tant pis.

Saint Colomban, le fondateur de l'Europe

Ces saints, non reconnus officiellement par l'Église romaine pour la plupart, suivaient presque tous les règles de l'Irlandais saint Colomban (543-612), aussi appelé [[Colomban_de_Luxeuil]], Colombàn ou Colum Cille en Irlande, sant Koulman en breton, saint Coulomb en gallo, santo Colombano en Italie, Colombanius en latin. Il serait le vrai fondateur de notre civilisation car ce serait lui qui aurait converti les barbares au respect de la vie, du monde matériel, et voire, de la nature.

Pour rappel, depuis l'année 476, il n'y avait plus ni Église unifiée ni empire romain d'occident. Rome avait été pillée en 410 puis en 455 et son pouvoir détruit. Avant l'arrivée de saint Colomban, c'était la loi du plus fort, le pillage généralisé, les massacres de villages entiers et la destruction de tout ce que les Romains avaient bâti accompagné d'une gigantesque beuverie. C'est dans cette Europe aux mains des barbares et dont les grandes cités ont été soit brulées, soit ravagées pas la peste jaune, soit les deux, que saint Colomban a débarqué, venant de Bangor en Irlande. Le nom de l'endroit où il a débarqué en Bretagne porte encore son nom. Il s'agit de Saint-Coulomb près de Saint-Malo. Saint Colomban avec 12 disciples au départ, va ramener les barbares à la raison, les convertir.

Il a sillonné le continent d'Ouest en Est parcourant 3 500 kilomètres à pied, enseignant la fraternité des peuples, fondant des monastères et ralliant des disciples. Il a fini son périple au nord de l'Italie à Bobbio où il est décédé. Il reste des oratoires et des monastère saint Colomban un peu partout en Europe et des douzaines de toponymes en Bretagne. Plus d'une trentaine de communes bretonnes honorent saint Colomban. Tout au Sud un village de 3 600 habitants, près du lac de Grand-Lieu porte le nom de Saint-Colomban. Avec un Saint-Coulomb tout au nord-est de la Bretagne et un Saint-Colomban, tout au sud-ouest, la Bretagne a ce protecteur qui marquent les limites de l'ancien duché.

Saint Colomban est un des pères fondateurs de l'Europe. Dans une lettre envoyée au pape et conservée aux archives du Vatican, il utilise le mot «Europe». Robert Schuman ne s'est pas trompé quand il a déclaré «Saint Colomban est le saint patron de tous ceux qui cherchent à construire une Europe unie». (**)

Un projet de construire une réplique d'un oratoire Saint Colomban du VIe siècle à la Vallée des Saints, réplique de l'oratoire Galarus dans la presqu'île de Dingle en Irlande, a été lancé le 27 août 2016 en présence de l'ambassadeur d'Irlande, venu pour la pose de la première pierre (voir le site) Deux ans plus tard le projet semble patiner. On est très loin de la somme demandée. Une somme de 70 000 euros jugée excessive par beaucoup pour une construction en pierre, sans porte ni fenêtres, ni charpente ni rien du tout. Philippe Abjean a l'intention de proposer une refonte du projet avec une équipe de bénévoles dirigée par un spécialiste. Une équipe qui pourrait se mettre à l'oeuvre très rapidement et qui utiliserait les fonds déjà récoltés avec en perspective une réplique d'un monastère celtique de cette époque.

Le refus d'un christianisme encadré, centralisé et codifié

Le [[christianisme celtique]] était différent du catholicisme actuel. Non pas tant pour des histoires de tonsures ou de date pour la fête de Pâques, mais parce que ses adeptes se passaient de Rome et d'intermédiaires (le clergé). Les évêques existaient dans les grandes cités romaines alors que les petits royaumes celtiques étaient ruraux. En petite Bretagne c'était ces «saints», sanctifiés par le peuple, qui dirigeaient le plou, et donnaient même leurs noms au village.

Ce ne fut pas une décision schismatique mais plutôt le résultat d'un état de fait. Tout d'abord, l' Irlande n'avait jamais été conquise par Rome. Ensuite les chrétiens d'Irlande, et dans une certaine mesure ceux du Pays de Galles et d'Armorique, n'étant pas sous le joug des barbares, ont découvert qu'ils pouvaient être chrétiens même si le pouvoir central à Rome avait été détruit ou trop loin quand, un moment, il fût transféré à Constantinople. De facto, il n'y avait plus de pape et l'Église celtique apprit à se passer de pape. Elle préfigurait le protestantisme 1000 ans plus tard. Ses fidèles prônaient avant tout une liaison directe avec leur dieu même si adeptes d'une vie communautaire au sein d'un monachisme très strict. Les Chrétiens irlandais construisaient des monastères où résidaient un abbé, un maître comparable aux maîtres zen du bouddhisme en quelque sorte.

Certains théologiens pensent que si cette forme de christianisme n'avait pas été mise au pas par Rome pour devenir un christianisme d'Etat (soutenu par les Carolingiens dans leur tentative de recréer l'empire romain), l'Islam ne se serait sans doute pas développé quelques siècles plus tard. On sait que c'est justement un des piliers de l'islam de se passer d'intermédiaires entre l'homme et Dieu et même, au début du moins, de se passer de lieux de prière particuliers.

Sauver la planète

Les saints érigés dans la vallée étaient donc pour la plupart des disciples de ce Saint Colomban. Dépouillés de tout, ils étaient des exemples de simplicité de vie et cette sobriété se reflète aujourd'hui sur la colline de Carnoët. Ces saints étaient zéro-déchet déjà il y a 1500 ans. Ils pratiquaient la permaculture et le respect de la nature. Ils se soignaient avec les plantes et les herbes médicinales, et, oui, pratiquaient des opérations miraculeuses car ils croyaient au surnaturel et avaient aussi sans doute hérité d'un savoir shamanistique en plus d'une foi à toute épreuve. Bien sûr, il ne s'agit pas de revenir à ce genre de vie extrêmement austère mais de comprendre que l'on peut vivre avec beaucoup moins d'objets et une nourriture beaucoup plus basique.

A une époque où les ressources naturelles de la terre sont en train de disparaître et où la biodiversité est sérieusement menacée, le message de la Vallée des Saints est clair. Il s'agit de penser une décroissance pour éviter, non seulement la destruction de la planète mais aussi la disparition de l'espèce humaine. Ces saints celtiques reviennent pour sauver notre civilisation une deuxième fois. Ce qu'ils ont à dire ? Consommez moins, hautes technologies et basses empreintes carbone sont possibles et compatibles, recyclez tout, plantez les graines, chauffez-vous au bois si possible, ne jetez rien, donner c'est recycler. Il ne s'agit plus de stopper le pillage de l'empire romain mais bien de stopper le pillage de la planète car nous sommes les nouveaux barbares.

Modifié le 22 août 2018.

(*) La Vallée des Saints. Le guide Officiel 6e édition. 2018. Introduction.

(**) Le chemin de Colomban : Une fresque bretonne, un itinéraire européen. Roudenngraphik 2018. (voir le site) des amis de saint Colomban une parmi une douzaine d'associations préservant la mémoire de saint Colomban en Europe.


Vos commentaires :
Philippe ANDRE
Jeudi 14 novembre 2024
Il faudrait quand même que ce lieu soit une référence sculpturale....c est l histoire de la représentation catholique des moines depuis le moyen âge , copies plus ou moins réussies , il serait peut-être temps de faire entrer la sculpture contemporaine... certaines dernières réalisations semblent évoluer vers une « production » plus élaborée remarquable !

Lucien Le Mahre
Jeudi 14 novembre 2024
Il n’est pas inutile en effet de revenir un moment sur les origines du «christianisme dit celtique», une des périodes fondatrices de notre Histoire, car avant même que l’Irlandais Colomban n’établisse sa règle monastique, il fallait que l’Irlande soit évangélisée, ce qui fut l’oeuvre des Bretons (d’outre-Manche), symbolisés par Patrick.

En la matière on peut d’ailleurs résumer en disant que le 6ème siècle fut breton et le 7ème Irlandais.
Sur quelles bases ?

Après le massacre d’entrée des druides de l’Ile de Mona ( Anglesey) dont , forts de leur expérience gauloise, les Romains avaient compris qu'ils constituaient - bien plus que des prêtres adonnés à leur religion philosophique - la classe motrice à abattre pour pouvoir asservir le pays, le christianisme romain naissant ne s’était implanté en G. Bretagne que peu à peu et surtout dans les cités. Situation que le départ de l’administration et des troupes romaines après une occupation de trois siècles et demi, (bien plus brève qu’en Gaule) n’améliora évidemment pas, tandis que les campagnes continuaient à pratiquer avec leur langue, des rites druidiques fatalement assez dégradés.

Le clergé chrétien de rite romain demeurait indispensable car il fallait toujours l’autorisation de deux évêques pour l’ordination des prêtres quand furent créés, plus d’un siècle après, les premiers monastères : Llaniltud Fawr et autres établissements de Sud Galles dont les élèves diffuseront rapidement le monachisme autour d’eux.

Cette éclosion ne se fit nullement par imitation du christianisme accommodé à la mode romaine - temporelle, administrative et urbaine - dès qu'il devint religion d'état, mais par coup de coeur des Bretons pour la version égyptienne et syrienne du christianisme : le «monachisme» (Antoine, Macaire, Pacome) parvenu de la Gaule par les Iles Lérins et qui, à l'inverse, appelait à renoncer au monde pour faire place à des formes d’héroïsme dont les mythes celtiques encore présents étaient emplis.

Cette nouvelle interprétation du christianisme conquit d’abord les fils de la noblesse, notamment ceux formés en Sud Galles, lesquels, abandonnant avec l’épée leurs rêves de classe guerrière, affrontèrent désormais en des combats tout aussi rudes, des ennemis intérieurs nommés : privations, jeûnes et abstinences de toutes sortes, veilles interminables, génuflexions répétées et immersions pénitentielles dans l’eau froide des torrents.

Mises à part leurs habitudes ascétiques, ces pratiquants d’un nouveau genre ne dérogeaient à la loi catholique romaine que sur quelques points de doctrine - combattus mais pas encore rédhibitoires à l’époque - comme la date de Pâques ou la tonsure, alors que leurs monastères s’édifiaient librement en dehors de tout cadre, à la seule initiative d’un Abbé créateur et bien sûr prêtre de son état. De plus, la tonsure dérogatoire de ces moines n’était autre que la « tonsure druidique » qui rappelait scandaleusement une foi bannie, en s’autorisant à raser d’une oreille à l’autre tout le devant du crâne, abandonnant l'arrière à une pousse intempestive décidément peu catholique …

On comprend dès lors que nombre de nos saints transmarins aient échappé d’emblée à l'honneur de figurer sur les répertoires de la catholicité romaine ! Bientôt cependant ces monastères essaimèrent et devant la dureté des temps et la désorganisation du pays due notamment à l’avancée des Saxons, beaucoup de laïcs du peuple se réfugièrent avec leur famille sur les domaines monastiques issus des donations.

La « Troisième migration» des Bretons en Armorique, celle du 6ème siècle, fut nommée « Migration des moines». Comme avant la dernière guerre et jusqu’aux années 1950 les prêtres organisaient les migrations bretonnes en Dordogne ou dans le Lot, ces moines, plus instruits que leurs ouailles, organisaient les implantations en Létaw, cette nouvelle terre ultramarine où les plus ardents d’entre eux comptaient dur comme fer établir une « Cité de Dieu », rejoignant par là bien des utopistes à venir, et imprimant une note bien spécifique à l'installation des Bretons en Armorique.

Ils furent, comme on sait, rattrapés quelques siècles plus tard par l'administration catholique romaine sise à Tours, ulcérée encore une fois par la participation proprement intolérable, tenez-vous bien : «de femmes» (!) au service de la messe !

Pour terminer, une anecdote que je trouve toujours aussi savoureuse : malgré leur foi réelle, les Bretons de l’époque, s’ils évangélisèrent sans ménager leur peine Irlandais et Gaulois d’Armorique et d’ailleurs, ont toujours refusé mordicus de convertir les Anglo-Saxons installés sur leur île.
Et pourquoi donc ?
Eh bien, ils n’allaient quand même pas - raisonnaient-ils non sans logique - donner «les clés du Salut Eternel» à leurs pires ennemis à la fois païens et prédateurs féroces du pays des Bretons, ou, le cas échéant, encourir le risque suprême de se les coltiner au Paradis pour l'éternité !


Jack Leguen
Jeudi 14 novembre 2024
Le retour au christianisme celtique, une solution contre l'avancée de l'Islam ?

Jacques
Jeudi 14 novembre 2024
Il conviendrait il me semble de faire découvrir à nouveau aux Bretons le Christianisme Celtique et je ne pense pas me tromper en affirmant que seulement ou 1 ou 2% de la population dispose au mieux d'une vague idée sur le sujet qui pourtant faisant encore largement parti de notre vie religieuse et sociale il y a encore 2 générations.

Déjà le Christianisme Celtique officiel existe toujours, il existe d'ailleurs un monastère en Bretagne prêt de Redon.

Je m'étonne qu'une chose aussi dimensionnant pour notre culture et notre identité reste aussi confidentielle même sur ABP (faut erreur, le dernier interview remonte à 2008).

Voir le site


De plus, il semble que l'idée du Christianisme Celtique n'a jamais complétement disparu en Europe. Saint-François d'Assise aurait d'ailleurs été un exemple de cette continuité dont la mémoire aurait été ''romanisé'', sans même évoquer que ce christianisme continuait à vivre dans le christianisme ''à la bretonne'' avant l'effondrement récent de notre identité, religion, langue.

Déjà dans le Christianisme Celtique, Rome et le Pape n'ont pas l'importance que nous lui connaissons car les Abbés (responsable des Abbayes) et les ermites sont également des liens vers Dieu. Il n'y a donc pas 1 lien légitime mais une multitude de liens légitimes...

Les monastères furent plus développés chez les Irlandais, les ermites chez les Bretons.

Comme évoqué, la place des femmes n'est pas celle connue dans l'église romaine qui est bien plus méditerranéenne (grecque et latine) que nord-européenne (celte et germanique).

Et contrairement à ce que l'on entend souvent dans le milieu breton actuel (largement iconoclaste de nos traditions) que la venue du christianisme au sein de l'identité celtique aurait été le fait d'une religion ''conquérante'' et ''brutale'' alors qu'il est probable qu'elle fut perçue à l'époque comme une continuité/un complément avec notre philosophie de civilisation... mais faut-il encore savoir qu'il existe un christianisme ancien différent de la version romaine jacobine et que ce christianisme est miscible avec les traditions et religion antérieures.

Quand à évoquer l'islam, est-il bon de rappeler que ce n'est pas une religion liée à l'identité européenne mais à l'identité orientale/arabe..

Je serai tenté de dire : quand on vie et respect son identité on respect l'identité des autres... La réappropriation du Christianisme Celtique est à l'évidence un frein à l'Islam en Bretagne mais un renforcement de notre capacité à respecter (nous-même et les autres) car respecter l'identité des autres ce n'est pas importer leur identité chez nous mais favoriser le dialogue entre identités différentes quand cela est possible... une vision humaniste loin d'être évidente de nos jours avec la vision étroite de nos ''biens pensants'' socialo-universalites.


P. Argouarch
Jeudi 14 novembre 2024
@Jacques . Vous vouliez parler de cet interview ? Voir le site

L'Église celtique faisant partie de l'Histoire de Bretagne et l'histoire de Bretagne n'étant pas enseignée on est pas surpris des lacunes. Lacunes qui sont récentes à vrai dire, comme vous le mentionnez, car la culture populaire jusqu' à récemment en avait conservé le souvenir à travers les légendes mais sans vraiment en avoir donné le nom d'«Église celtique». La Vallée des Saints est à ce sujet un chapitre de notre histoire.


Jacques
Jeudi 14 novembre 2024
@ Philippe
Tout à fait.

Lacunes récentes et surtout je crains qu'avec l'attitude du Mouvement Breton ce temps récent ne soit perçu comme infiniment plus lointain...

Suffit déjà de voir qu'à 2 générations d'écart, la Samain/Halloween n'a plus comme lien avec nous qu'une imitation d'une variante irlando-américaine... ou dernièrement de l'attitude vis à vis de l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'alignement du Mouvement Breton sur les influences de l’extrême gauche américaine en faisant peu de cas de plus de 2000 ans (au minimum) de tradition réelle en la matière dans la transmission de ce principe culturel vers les enfants.

Dans nos églises (aujourd'hui bien vide), on ne chante pratiquement plus les chants religieux bretons qui pourtant constituent l'un des patrimoines les plus riches d'Europe (il me semble d'ailleurs qu'il y a des études universitaires sur ce sujet).

L'histoire n'est pas enseignée, oui, mais une part majeure de la responsabilité incombe au Mouvement Breton qui par sa dérive gôchiste n'est pas dépourvu d'un intérêt à cette ignorance chez les jeunes...

Certes l'histoire de Bretagne n'est pas au programme officiel de la République mais il en était de même avec la langue bretonne... or il existe un début (à hauteur d'un faible 3%) d'un retour de cet enseignement linguistique alors que pour l'histoire et les traditions nous en somme toujours à 0%. Or cet enseignement n'est pas interdit en parallèle des programmes imposés par la France.

Il devient de plus en plus urgent de mettre le Mouvement Breton face à sa responsabilité dans la disparition des traditions et spécificités culturels bretonnes. Or il suffirait de peu de chose pour que nos professeurs changent cette situation...

Il serait intéressant de questionner l’Église Celtique sur sa perception d'une réappropriation par les Bretons de cette branche du christianisme.. (ignorer la forme spécifique de la foi des Saints que nous célébrons m'apparaît comme un non sens).


Lucien Le Mahre.
Jeudi 14 novembre 2024
Philippe Argouarch souligne à juste titre plus haut que le souvenir ancien des «Saints bretons» est bien parvenu jusqu'à nous, finalement sauvé corps et biens avec une part de notre Histoire.

Que notre époque aux méga-mémoires enregistrées sur des supports fragiles s'arrête un moment et fasse silence : c'est loin d'être une mince prouesse, sur quinze siècles, depuis ces temps réputés obscurs du Très Haut Moyen Age et s'agissant en plus d'une population rurale longtemps largement illettrée !

Et cependant le peuple, avec ses clercs, les retint chez nous en nombre impressionnant par tous les moyens à leur portée, stratégies que nous nous garderons de traiter par la suffisance ou la dérision
en fonction de nos convictions actuelles, sous peine infamante d'anachronisme aggravé.

Par une sanctification précoce en ces temps religieux, furent préservés nos évangélisateurs transmarins et leurs disciples, porteurs d'un sacerdoce déjà modelé par une Egypte chrétienne à 90% dès le 4ème siècle et augmenté de la vision celtique des choses qui était la leur au nature. Un peu à la manière d'auto-entrepreneurs par rapport aux franchisés d'une grande marque, ils travaillaient dans les creux d'une administration catholique clairsemée, encore calquée sur le défunt Empire et donc centralisée à Rome, détentrice de l'Autorité suprême non plus politique mais cultuelle, et usant bien sûr du latin.

Les rites religieux établis autour de nos moines en des lieux consacrés, les légendes populaires brodant leur part de merveilleux, les hagiographies plus tardives transmises par le «Buhez ar Zent» («Vie des Saints», rare livre présent dans les foyers populaires) vantant les bienfaits, les exploits voire les miracles de ces intercesseurs familiers auprès d'un Dieu plus régalien et plus distant, l'espoir vital, en ces temps démunis, de la spécialisation médicale opérante pour chacun d'entre eux, les représentations
de leur image supposée réveillant le bois ou la roche des édifices sacrés, tout cela les amena par centaines jusqu'à nous.

Grâce à la création de la «Vallée des Saints», ils concentrent et imposent désormais leurs massives silhouettes en un lieu mémoriel unique, guetteurs muets au regard fixe paraissant annoncer - c'est selon - la fin d'un cycle révolu - quoique heureusement reconnu - ou comme ils le firent jadis, le renouveau de temps d'un autre type : on ne sait ...

La mémoire historique populaire est en tout cas préservée et elle l'est en principe pour un autre millénaire.
Pour le reste, pensons bien qu'à partir de là, des améliorations de toutes sortes s'ensuivront, aussi bien dans l'aménagement du site que dans l'affinement des styles et l'interprétation des significations, l'essentiel étant, comme toujours, d'avoir posé la première pierre.


Jo Kergaden
Jeudi 14 novembre 2024
Trawalc'h! Vade retro, Theocratos! Je ne supporte plus les rappels incessants ( et on voit bien pourquoi ou plutôt de manière opportune contre quoi ) des racines chrétiennes de l'Europe, de la France, de la Bretagne par les droites françaises et régionales.
Le Christianisme est, comme le deux autres religions monothéistes, l'Islam et le Judaïsme, une importation étrangère aux peuplades d'Europe et qui trouve son ancrage au Moyen Orient. Il s'est imposé dans la douleur, les conversions forcées, les massacres, les bûchers, la torture, l'Inquisition.
Certes, le Christianisme celtique avait une certaine originalité mais avant lui, les Britons/Bretons et les Armoricains, comme les autres peuples d'Europe, avaient une cosmogonie et des mythologies venant du fin fond des âges.
Le Christianisme a détruit et balayé tout cela, certes. Mais Il ne faudrait pas l'oublier.
Alors ras le bol des nostalgiques de l'Inquisition et des crimes d'apostasie.
Heureusement, finalement, que la France républicaine nous a délivré de la religiosité et de la bigoterie et nous a proposé des modèles institutionnalisés de laïcité. C'est d'ailleurs, à mon sens, un des seuls bénéfices que la Bretagne à tiré de son rattachement à notre puissant et brutal voisin. Par ailleurs, je suis quand même allé plusieurs fois visiter le tertre des saints. D'une part, tout n'est pas d'un goût très fin et délicat. D'autre part, trois statues sur le dôme, ça va. Dix à la rigueur. Mais plus le temps passe plus la densité devient inconfortable et oppressante. ça finit par gaver comme lorsque je visite les ors et ornementations dégoulinantes des églises baroques surchargées de Bavière et d'Autriche. ça donne la gerbe!

Jacques
Jeudi 14 novembre 2024
@ Jo Kergaden

Vos propos illustres certainement la problématique du mouvement breton actuel, une violence d'expression et une intolérance exprimée qui entraîne un révisionnisme de l'histoire et un irrespect de dizaines de millions de Bretons qui ont vécu avant l’avènement des ''bénéfices Républicains'' que vous nous évoquez.

Respecter ceux qui ont vécu avant nous est l'une des fondations de l'esprit celtique qui est typique des peuples anciens.

Comme je l'évoquais ceux qui ne respectent pas leurs anciens et ne respectent pas leur identité sont bien mal doté pour respecter les autres disposant d'une identité différente (comme l'illustre votre évocation des exemples bavarois et autrichiens)... contrairement à l'idée qu'ils aiment à véhiculer d'eux-mêmes.

Je ne vois pas où la République qui s'est toujours vu comme une religion de substitution nous aurait ''proposé'' un ''modèle''...? Au contraire, la chose fût violente avec des milliers de prêtes déportés et exécutés (pour n'évoquer que cet aspect)...

Mais déjà dit... l'enseignement de l'histoire pose problème au Mouvement Breton actuel...

Justement nombre de pratiques, traditions, valeurs de l'ancienne religion ont largement continué à vivre en Bretagne jusqu'à milieu de 20ème siècle... et certaines formes résistent encore à l'image des pardons. Mais nul doute que les gens qui s'expriment comme vous (même si elles évoquent avec regret la ''cosmologie du fond des âges'') finirons par détruire le peu qui nous reste en nous expliquant que c'est la faute à d'autres dans un passé lointain...

Donc ces spiritualités ont survécu à 17 siècles de christianisme mais trouvent une conclusion en seulement 2 siècles de République et 1 demi-siècle de loi ''laïc''... Qui est le criminel?...

Certes l'église romaine n'est pas exempte de dérives et l'histoire de la Bretagne peut en témoigner, mais il s'agit là plus d'une problématique humaine de pouvoir et non qu'une problématique divine... et justement le centralisme que l'on retrouve également dans la République que vous saluez à toujours été une dynamique de pouvoir humain...

Mais le christianisme ne se résume pas au centralisme romain en témoigne l'église celtique mais aussi copte, arménienne, géorgienne, orthodoxe, sans même évoquer les églises protestantes. L'église celtique étant d'ailleurs actuellement affiliée aux églises orthodoxes.

Le mouvement breton actuel (qui pour beaucoup pense comme vous) me semble en écart majeur avec la philosophie bretonne plusieurs fois millénaires... d'où peut être le rapport actuel à l'enseignement de l'histoire et la place de la Bretagne comme lanterne rouge des peuples européens en voie réappropriation de leur légitimité...

Vu que les statues sont financées par des particuliers, donc par le peuple de Bretagne, votre utilisation des qualificatifs ''inconfort, oppressant et gerbe'' illustre à nouveau et dramatiquement cette relation chaotique entre le Mouvement Breton actuel et les Bretons...

Personnellement, j'aspire à une Bretagne qui renouera avec les valeurs de sa civilisation, par une réappropriation de sa spiritualité où religieux chrétiens celtiques et religieux druidiques sauront chacun à leur manière transmettre aux générations futures les valeurs d'une des plus anciennes nations d'Europe.

La présence des druides à l'inauguration de la statue de Saint Piran me semblant aller dans ce sens...
Un message d'une incroyable modernité car issu de l'expérience de nos anciens dans le temps long.


Lucien Le Mahre
Jeudi 14 novembre 2024
@Jo Kergaden

On peut tout-à-fait comprendre vos réticences personnelles concernant les religions (je suis moi-même agnostique), mais beaucoup moins vos condamnations en bloc, sous peine d’une erreur de méthode et de jugement consistant à ramener les faits historiques à des catégories modernes.

Ce n’est pas qu’ils soient sans aucun lien, mais je le signalais plus haut : il est vain d’enfermer des pans historiques anciens - ici le monachisme celtique - dans une grille de perception actuelle qui suppose un environnement et un univers mental très éloignés de l’époque visée : droite, gauche, extrême droite/gauche, laïcité, foi, bigoterie, crypto défenseurs des racines chrétiennes de l’Europe etc... avec toutes les exploitations que peuvent en faire les uns et les autres.

De plus, ce n’est pas me semble-t’il parce qu’on explique que nos ancêtres préhistoriques chassaient l’auroch à l’épieu qu’on recommande la même pratique aujourd’hui. Cela reviendrait à réfléchir dans un anachronisme permanent et c’est pourquoi les historiens cherchent de plus en plus à contextualiser leurs travaux pour pouvoir en valider le sens.

Autre chose : toutes les religions - et particulièrement la chrétienne - ne se sont pas imposées par la violence et les massacres et le christianisme ne commence pas par l’Inquisition qui est une dérive tardive du catholicisme romain, responsable de nombreuses tortures et de la mort de plus de 2500 personnes.

Rappelons-nous que le premier chrétien, au nom je crois de Jésus Christ, fut crucifié par l’occupant romain et ses collaborateurs qui «s'en lavaient les mains». Puis que, transplantée à Rome, cette religion prônant une âme égale pour tous les hommes devant le nouveau Dieu unique, fut d’abord la foi clandestine des esclaves qui se réunissaient dans les catacombes quand ils ne se faisaient pas croquer par les lions dans les arènes, ou que, gladiateurs ils refusaient de porter l’estocade à leur ennemi à terre car leur foi leur disait « Tu ne tueras pas ! »

Ce qui se produisit chez les Bretons des trois siècles de christianisme celtique c’est qu’ils furent convertis sans violence par des missionnaires (mis à part le fait que lorsqu’un chef se convertissait, tout son clan se convertissait avec lui, comme partout : ce fut également le cas de Clovis et de ses Francs). Ils ne subirent pas non plus de représailles de la part du catholicisme romain en place.

Cette conversion pacifique est d’autant plus facile à comprendre que nous avons vu le phénomène se produire il y a peu sous nos yeux et des prédicateurs réussir par le verbe à convaincre des jeunes européens à adopter une déviation particulièrement obscurantiste et sanguinaire de l’Islam.

Evidemment les choses se gâtent quand une religion devient un instrument du pouvoir, ce qui fut le cas à des degrés divers pour les trois religions monothéistes considérées ou autres : il y a alors risque de tous les maux que vous décrivez. Mais pourquoi alors passer sous silence les idéologies qui les ont relayées au 20ème siècle pour nourrir des totalitarismes encore plus massivement meurtriers ?

Mais si vous demeurez inquiet malgré tout, reprenez vite confiance !
Croyez-vous vraiment que l’un des principaux dangers auxquels notre époque doit faire face soit la résurrection significative d’un catholicisme de combat - comme le passé en a connu, aile inquiétante d'une foi dont les pratiquants actuels se réduisent chez nous à 10% de la population ?

Il reste quand même curieux de voir les flèches de partisans, dont on attend à tout moment qu'ils s'intronisent «progressistes», se diriger non vers une Education Nationale obscurantiste qui bannit de ses programmes l’Histoire de la Bretagne et autres régions, mais s'attaquer au contraire à une modeste tentative, de nos jours plus culturelle que religieuse, de ramener à la lumière trois siècles méconnus mais fondateurs de notre Histoire !


Le webmaster
Jeudi 14 novembre 2024
@ Jhenry et Jo Kergaden: Deux commentaires à commencé par celui de JHENRI et la réponse, contenant tous les deux des vulgarités irrespectueuses ont été refusés.

Naon-e-dad
Jeudi 14 novembre 2024
Parcourant avec retard ces commentaires et la confrontation qu’ils expriment, deux remarques me viennent à l’esprit.

La première remarque concerne le niveau de langue.

Il me semble, et plus encore si l’on appartient à ces générations qui ont été prises historiquement dans la tenaille de la rupture linguistique (c’est-à-dire la tentative, politiquement orchestrée sur quelques décennies, d’éradication d’une langue pluri-millénaire), qu’il est important d’user d’un parler (français) non dévoyé. Il en va aussi de la crédibilité médiatique de l’ABP. N’oublions pas que s’agissant des écrits, l’internet est tout sauf le domaine de l’instantané : les écrits y restent longtemps, longtemps, visibles et accessibles.

La deuxième remarque, sur le fond du débat.

Je me contenterai de me focaliser sur un seul point, le plus important ou le plus urgent (sans minimiser le reste pour autant).

@Lucien Le Mahre
« le premier chrétien, au nom je crois de Jésus Christ ». Une telle assertion est « confusing » comme l’on dit en anglais, ou traduit une pensée plus que distanciée, floue jusqu’à l’inexactitude. Le qualificatif « chrétien » appliqué et attribuée aux premières communautés (voir les écrits de St Paul) par des observateurs extérieurs, indiquent clairement que ces premiers « chrétiens » ont été vus et perçus comme vivant (ou essayant, car à d’autres endroits St Paul fustige sans ambage certains comportements scandaleux, ce qui nous rapproche de l’actualité de l’Eglise d’aujourd’hui, prise dans la tourmente), vivant donc en référence à un modèle inouï : Jésus (désignation hébraïque) Christ (désignation grecque).

Et pour cause, dans la compréhension chrétienne de la réalité, Jésus est la divinité venue dans l’humanité, c’est-à-dire dans la matière. Pour moi, « le premier chrétien », c’est-dire le premier disciple connu du christ, est une « chrétienne », et ce ne peut être que Marie de Nazareth, qui a acquiescé à un rôle à jamais unique dans toute l’histoire de l’humanité : porter la divinité, à l’état de foetus, en son sein. Avec la responsabilité de le faire grandir humainement par la suite (ce qui implique de l’allaiter, de le torcher – excuser du peu – de lui apprendre à parler, à marcher, etc…). Les autres personnages signalés dans les récits évangéliques sont Joseph – qui a refusé, face à une conception aussi imprévue et incompréhensible, de répudier sa promise ce qui aurait selon les règles de l’époque très certainement conduit à une lapidation. Notons également Jean-Baptiste, qui lui-même à l’état de foetus (avec six mois d’avance environ) a reconnu en son jeune cousin l’essence de la divinité. Tout ceci se trouve notamment dans l’Evangile de St Luc, sobre et très bien renseigné, sans doute à la suite du premier concile de Jérusalem.

Est chrétien/ne celui/ou celle qui prend en considération l’événement christique (de la « Nativité » mystérieuse, jusqu’à l’assassinat et la « Résurrection », encore plus mystérieuse, au moins au regard de nos sciences physiques).Jésus n’est donc pas le premier chrétien, il est le Dieu-Homme ou l’Homme-Dieu. Telle est du moins la perspective du Christianisme, dans la suite du Judaïsme (lequel par ailleurs très légitimement perdure, cf Concile Vatican II, 1964), porteur d’un niveau de liberté inégalé. A chacun donc de se positionner par rapport au très lent déploiement biblique (depuis Abraham, peut-être dix-huit siècles?) et aussi à l’événement christique, décisif. Si du moins l’on souhaite comprendre ce qu’est la condition humaine. Ce qui est un autre débat, débat dans lequel tout le monde ne souhaite pas rentrer, à l’évidence.

Pour les Bretons, dont je suis, j’entends bien que ce chemin présente des difficultés spécifiques. Ne pas oublier que le Christianisme est enraciné en Orient, d’abord. Et qu’il a touché ponctuellement l’Armorique très tôt (selon document de l’Eglise celtique de Saint-Dolay, en Morbihan), avant même que celle-ci ne devienne notre Bretagne, structurée à la suite des grandes migrations trans-Manche, du IV° au VI° siècle, organisées, provoquées par la pression anglo-saxonne grandissante, et aussi peut-être par un épisode de grande maladie (du type « peste ») en Bretagne insulaire...

Setu, evit echuiñ e brezhoneg. Bezañ Breizhad pe Breton pe get zo un dra. Bezañ den a Feiz pe get zo un dra all. Dav e nompas meskañ an traoù! Kompren a ran mat emañ diaes evit hini pe hini tostaat ouzh bed Roma, evit politikel ha sevenadurel abegoù (dre ma oa aet gant lu Roma trec’h war lu Vercingetorix hag ar Gelted, ugent kanved zo). Kompren a ran mat pouezh an istor da heul. Koulskoude, din-me aferioù ar Feiz a zo pouezusoc’h c’hoaz eget reoù ar brezelioù…


Lucien Le Mahre
Jeudi 14 novembre 2024
@Non-e-dad

En parlant de «Jesus Premier Chrétien» je n’entendais nullement lancer une exégèse sur ce point qui n’était pas le sujet traité, mais prendre un simple raccourci, teinté, me semblait-il (sans doute à tort) d’une pointe d'humour.

C'est ainsi que j'ai, en toute insouciance il est vrai, sauté par dessus l'interrogation suivante : Bouddha était-il bouddhiste, Jésus chrétien ou Mahomet musulman ? On peut décliner : De Gaulle était-il gaulliste, Pétain pétainiste et Sarkozy sarkozyste ?

Cela dépasse je l’avoue mon domaine de compétence et de toute façon était annexe à mon propos qui était de montrer qu'à l'origine, le christianisme ne s’était pas imposé par la violence et les massacres.

Ne vous mettez donc pas martel en tête et merci toutefois d’avoir exprimé votre propre conviction sur l'appartenance ou non du Christ au christianisme, sujet que vous possédez beaucoup mieux que moi.


P. Argouarch
Jeudi 14 novembre 2024
@Nanon-e-dad : J'ai ajouté la réference à la peste jaune que j'avais abordée dans un autre article . Il est évident que les ermites vivant sur des ilots ou au fin fond des forêts, à l'abri de la pandémie, ont survéçu la peste et ont donc bénéficié d'une aura particulière aux yeux du peuple

Naon-e-dad
Jeudi 14 novembre 2024
@Lucien Le Mahre, ha reoù all (et autres)

J’apprécie votre fair-play.

Dans « Vallée des Saints / Traonienn ar Sent », il y a « Saints »/ « Sent ».

C’est peut-être celà qui énerve ou irrite d’un côté, qui attire de l’autre…

Histoire authentique entendue quelque part. Un adulte demande à un enfant, d’âge de raison:

. « Qu’est-ce qu’un saint ? »

L’enfant, qui a déjà vu des vitraux, répond :

. « Un Saint est quelqu’un qui laisse passer la lumière !».

Formidable théologie aussi simple que grandiose et irréfutable ! C’est peut-être quelque chose de cet ordre que viennent chercher; au-delà d’un site insolite, les visiteurs. Et c’est peut-être cela qui dérange le plus…

Quant aux statues, il faut savoir qu’initialement carte blanche a été laissée aux sculpteurs, à charge pour chacun de se renseigner a-minima. Je me réfère ici, de mémoire, à une déclaration de Philippe Abjean à la fin d’un Tro-Breiz, annonçant le projet Vallée des Saints (l’un des objectifs était aussi de donner du travail aux granitiers bretons, alors en difficulté économique).

Certaines statues paraitront donc plus ou moins réussies, suivant que l’on apprécie plutôt la fantaisie, ou plutôt un détail historique. Peut-être Philippe Abjean aurait-il dû prévoir un cahier des charges précis ? Personnellement, je regrette que ne figure pas systématiquement sur chaque statue le nom du personnage en breton (associé le cas échéant au nom en français).

Se souvenir aussi que la sculpture sur granit, derrière son apparente simplicité, est une technique difficile :

« 10 ans pour la tête (la conception), 10 ans pour la main (le savoir-faire) »

me dit un jour un sculpteur sur place. Un sculpteur, même avec un outillage contemporain est donc avant tout un artiste/artisan dont l’expérience se construit très lentement. Quelqu’un qui fait l’expérience de la résistance, de la densité, du poids, de la matière. Le granit est sans doute de tous les matériaux celui qui échappe le plus au temps.

Nos « Saints et Saintes ancien(ne)s », qui bougent au gré des variations d’éclairage (les jours, les saisons, la météo…) n’ont pas fini d’intriguer, de parler aux générations futures, d’inviter à la découverte d’une véritable lumière, par-delà le grain rugueux gris du granit de Bretagne.

Geriadur/Vocabulaire :
Sant (masculin), pluriel Sent. Ur sant (un saint). S. Erwann (St Yves)
Santez (féminin), pluriel Santezed / Sentezed. Ur santez (une sainte). Sz Noyal (Ste Noyale)

Nota : pour les amateurs de jeux de mots - journalistes ou pas ! - l’homophonie n’a aucune raison de fonctionner dans des langues différentes : ainsi le mot français « sein(s) » se traduit en breton par « bronn », pluriel en duel « divronn ».

Traonienn / Flondrenn = vallée . « Traonienn ar Sent », signifie, selon la syntaxe bretonne, « la Vallée des Saints »
Tosenn / Roz = tertre, hauteur, bute. « Tosenn Sant Weltaz », signifie, selon la syntaxe bretonne, « la butte de Saint Gildas »

Cdlt, A galon


Mathilde ETIENNE
Jeudi 14 novembre 2024
Tout cela est d'un goût douteux. Les sculptures sont d'une laideur kitschissime et le fond du projet rend compte d'un nationalisme sous-jacent débectant, avec tout ce déballage d'imagerie catholique et de réécriture du mythe, plus proche du Puy du Fou que de la Légende Dorée. Combien de millions déboursés pour ce Disneyland, pardon Breizhland ?

Anti-spam : Combien font 6 multiplié par 2 ?