À l’occasion du festival interceltique de Lorient, Lena Louarn, vice-présidente aux langues au Conseil régional de Rennes a présenté son bilan lors d'un débat avec des Gallois sur les langues.
Il reste que les chiffres globaux sont négatifs comme l'avait rappelé Yannig Baron il y a 3 ans. Il écrivait alors "De 247.000 bretonnants/brittophones en 1997, nous sommes passés à moins de 200.000 ...Dans 20 ans, ils seront moins de 100.000 (dont les 2/3 auront 86 ans), seuil au dessous duquel l'Unesco considère une langue en grand danger de disparition. (voir le site) .
Lena Louarn affirme 210 000 locuteurs du breton mais l'Office public de la langue bretonne, quant à elle, affirmait que le nombre de locuteurs était de 180 000 en 2017 (contre 1,3 million au début du XXe siècle) avec une perte de 5 000 à 6 000 locuteurs par an. Le nombre de locuteurs du breton au mois d'août 2018 serait donc d'environ 175 000 selon ofis ar brezhoneg.
Le budget de la Région pour les langues bretonnes est de 6 990 000 euros en 2018 selon Lena Louarn. Lors du débat qui a suivi, André Lavanant, président de Dizale, a affirmé que ce chiffre avait baissé. Il aurait été à 7,5 millions toutes les années avant.
Les échanges avec les Gallois présents aux débats et les déclarations de Carwyn Jones, le Premier ministre, ont montré que la formation des jeunes était primordiale, bien plus que la formation pour adultes, qui, certes, est facilement réalisable, ne présentant aucun obstacle en France car en dehors de l'éducation nationale. Il est évident pour beaucoup qu'une langue menacée comme le breton ne peut être sauvée qu'à condition d'investissements massifs dans son enseignement à l'école et dans la formation d'enseignants. Il est évident que la dévolution de l'éducation qui a donné au Pays de Galles le contrôle à 100% de son système éducatif a été un facteur essentiel pour la sauvegarde du gallois et le renversement de la vapeur.
■Si a cela on avait le courage de regarder les chiffres de la croissance dans les écoles, on aurait encore d'autres éléments de réflexion sur le dramatique... mais courage, cachons ces chiffres...
Et encore, on ne parle que de la langue, mais si on devait évoquer la culture, les traditions, l'histoire.... on atteindrait un chiffre d'ignorance probablement le plus impressionnant d'Europe... et de loin... très loin... (n'oublions pas qu'on chantait il y a peu : ''on est les champions...!'' C'est vrai, nous sommes champion en ignorance de notre propre identité!)
Bien entendu, avoir la main sur l'enseignement et les programmes comme au Pays de Galles serait bénéfique, il ne s'agit là que du standard de la pratique en Europe mais c'est contraire à l'idéologie de la République...
Qui de plus, il convient de rappeler que ce projet d'un enseignement de Bretagne est ancien, cela fait parti du projet initial de Diwan....
Mais où en est t-on de cette volonté aujourd'hui, quand on voit que même l'histoire des Bretons n'est pas enseigné au sein de nos 3 ''di''... et que les manuels d'enseignement ne sont que des traductions des manuels en français ce qui pose de grave problème à tous les enseignants (problématique connue de tous)...
Et oui, où est l'intérêt d'amener son enfant en école bretonne alors que nous sommes tous des Français... sauf si les parents sont férus d'associatif (Diwan) ou si l'on veut éviter un minimum à ses enfants de subir le niveau de l'école publique (Div-Yezh)... l'école publique qui d'ailleurs n'est pas si mauvaise en Bretagne par rapport à ce qui se passe en France (enfin... pour l'instant...).
Aujourd'hui, l'état Républicain est et reste un frein majeur et très difficile à contourner... mais la tendance au ''blabla'' pour flatter nos élus jacobins (pour lesquels vote majoritairement le mouvement breton car on partagerait des valeurs avec eux...? socialo-internationaliste est-il besoin de le rappeler) rend flou et théorique toute vision stratégique de développement tangible d'un enseignement de Bretagne...
Donc la situation avec le Pays de Galles est différente, il est vrai, mais l'état d'esprit entre le mouvement gallois et le mouvement breton actuel l'est tout autant (d'un coté des gens qui s'assument naturellement et solidairement, de l'autre des colonisés qui ne s'autorisent à penser que dans le cadre d'une bienpensance partagée avec le colonisateur et malheur à la déviance)... De mon avis, c'est là qu'est la problématique première...!
La séquence de comm' ne parvient malheureusement pas à masquer l’échec de cette stratégie et l’issue fatale à terme pour la langue bretonne.
Si chacun bougeait ses fesses, ne serait-ce que pour verser une obole de 5€/mois pour la langue bretonne, vous ne pleureriez pas sur un pauvre budget de 6 millions d'euros, mais vous vous réjouiriez d'un pactole de 120 millions d'euros (sur une base de 2 millions de Bretons participants). Même à la moitié, on serait à 60 Millions. Même au quart, on pourrait encore avoir un budget conséquent pour créer les outils nécessaires.
Mais que font bon nombre de Bretons ? Ils pleurent sur leur sort en attendant de recevoir quelques subsides qui, dispersés entre tous les acteurs culturels bretons, soutiennent momentanément des actions, mais tout reste à petite échelle.
On peut pleurer éternellement sur le manque de moyen ou trouver un responsable, casser du sucre sur le dos des gens qui se donnent pourtant pour la Bretagne, ou alors se prendre en main et bouger ses fesses pour des actions à grande échelle, avec une véritable ambition, permettant de développer tous les outils nécessaires, en ne dépendant plus d'éventuelles subventions. Mais les Bretons y croient-ils encore ?
Je vous invite à lire l'un de nos articles sur la question ; Voir le site
Je ne sais pas si on peut justement vous donner raison...
Car comme je l'évoquais, cela fait des années que l'on nous vente les ''milliers'' d'enfants apprenant le breton... en évitant de parler en %... car des ''milliers'' cela fait mieux que 3% (dont 2% sont considérés comme d'un niveau qui mériterait mieux)... surtout quand on rapporte cela aux 60% du pays de Galles et de la Corse sans même évoquer la Catalogne et les autres ''minorités linguistiques'' (pour reprendre un terme discutable) d'Europe ou le chiffre de 80 à 100% est bien souvent atteint...
Surtout quand on vient nous dire que ce ''résultat'' est à lier au fait de ''voter'' pour le candidat ''socialiste''.... (un parti ô combien jacobin).
Personne n'a dit que Léna Louarn ne faisait rien.... et tout ne repose pas sur ces épaules à elle seule... mais on ne peut cacher qu'il y a un problème majeur au sein du Mouvement Breton sur fond de copinage (au mieux) voir de fantasme (au pire) politique...
Vous dites une obole de 5€/mois, en soit pourquoi pas, le chiffre est faible moins qu'un paquet de cigarettes... cela mérite une réflexion sur l'opérationnel...
Mais je vous rappelle que la société bretonne (qui a été administrativement insérée de force à la société française) est la PLUS taxée en Impôt du MONDE.... que cet argent quitte la Bretagne pour la France/Paris... et que cet argent ne revient que par un «bon vouloir» qui échappe totalement aux citoyens bretons...
Et que malgré cette situation peu démocratique, les parents sont largement mis à contribution dans le financement des écoles pour des montants financiers qui dépassent de loin les 5€ évoqués... un effort qui est malheureusement masqué par les mots ''associatif/bénévolat'' mais qui revient pratiquement à PAYER 2 FOIS la scolarisation de son enfant (1 première fois par ses impôts et une 2ème fois par sont engagement et ses dons...) .... et je ne parle même pas des enseignants et non enseignants... (faible salaire pour les uns et situation précaire pour les autres...)
Un fait inacceptable d'un point de vu sociétale qui est peu évoqué par nos élus jacobins et les militants qui votent pour eux... ce qui est une injustice criante pour les familles, une violation des droits de l'enfant et un frein majeur pour scolariser les enfants en breton...
D'ailleurs ce frein est tellement dimensionnant que pour des écoles comme Diwan, la première raison de scolariser son enfant en breton devient aujourd'hui moins la langue/culture bretonne que la sensibilité des parents au fait associatif... Les raisons pour scolariser à Div-Yezh seraient elles aussi certaines intéressantes à étudier...
Cette injustice mise à part, faire croire que les ~600 000 scolaires de Bretagne seront financé de cette manière est hérésie qui atteindra rapidement sa limite (si elle n'est déjà pas atteinte...)
Je dirai aussi que les 120 millions que vous évoquez (le coût d'un avion Rafale) c'est autant d'argent d'économisé pour l'état français... (ça coûte cher les ''hauts fonctionnaires'' et le ''Grand Paris''... sûr que cela fera des heureux ailleurs qu'en Bretagne...)
Donc des idées oui... mais pas uniquement provenant d'une minorité visible oligarchisée et jacobino-sympatique...
Il me semble que nous avons besoin c'est d'un vrai projet de société à l'exemple de ce que l'on voit partout ailleurs en Europe... or actuellement, le Mouvement Breton par ces critères sélectifs sur le plan politique/idéologique ne propose rien aux citoyens bretons qui soit un ciment pour l'avenir...
(l'exemple du non-enseignement de l'histoire aux enfants l'illustrant parfaitement... car dans cette absence d’enseignement on peut y voir toute la problématique bretonne actuelle... qu'il faudra un jour au l'autre résoudre...).
=> Et pour répondre à votre question : Est-ce que les Bretons y croit encore?
Personnellement je dirai OUI, mais que c'est difficile de rester positif face à la réalité du Mouvement Breton actuel alors même que le potentiel est énorme dès que l'on y regarde de près...