Congrès de la FUEN à Leeuwarden

Communiqué de presse publié le 9/07/18 16:22 dans Europe par Patrick Malrieu pour Patrick Malrieu
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Jean-Pierre Levesque représentant la Bretagne en débat avec Tatjana Ždanoka membre de la minorité russophone de Lettonie et Loránt Vincze président de la FUEN
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Le président de la FUEN Loránt Vincze (photo FUEN)
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Fernand de Varennes, le commissaire de l'ONU aux minorités nationales. (Photo FUEN)
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Hall des langues de Leeuwarden: une boîte pour chacune des 6720 langues vivantes de par le monde. Le thème du congrès était la diversité linguistique.

La FUEN a tenu son congrès 2018, les 20, 21,22 ,23 et 24 juin derniers à Leeuwarden aux PAYS-BAS. L'Institut culturel de Bretagne a souhaité être présent à cette assemblée où plus de 30 nationalités étaient représentées, notamment pour avoir des informations sur la suite de la procédure de l'Initiative Citoyenne Européenne dite MINORITY SAFEPACK INITIATIVE lancée depuis plus d'un an et qui a été un grand succès.

Un million trois cent vingt mille citoyens européens ont signé les formulaires de soutien à la procédure.

Aux dires du Président de la FUEN, Monsieur Loránt Vincze, la vérification des signatures par les Etats Membres de l'Union est toujours en cours.

Reste désormais à présenter à la Commission Européenne un projet de loi en faveur des minorités européennes. Mais les représentants de la FUEN et le Comité de citoyens qui ont présenté l'Initiative souhaitent d'abord recueillir le sentiment de ladite Commission Européenne sur l'avenir de l'ICE. En effet, les premiers contacts avec certains membres laissent à penser que celle-ci, malgré le succès populaire, n'est pas favorable à présenter un projet de loi. Dans la procédure il est prévu que la Commission Européenne peut refuser de soutenir l'Initiative en justifiant sa position.

La prudence voudrait, dans ce cas, que l'on attende les prochaines élections européennes et la nouvelle Commission pour déposer les résultats validés de l'Initiative afin de demander une projet de loi. Il convient donc d'attendre les résultats des premiers contacts avec la Commission. Visiblement il va falloir encore patienter un peu pour obtenir une loi.

Mais les Congrès de la FUEN, de par la qualité des intervenants invités et la diversité de ses participants, réservent toujours de belles surprises.

La première a été la rencontre avec Monsieur le Professeur Fernand de Varennes, rapporteur de l'ONU pour les minorités, qui n'a pas manqué de confirmer qu'il n'était pas hostile à être consulté par les Bretonnes et les Bretons sur des discriminations rencontrées notamment en matière de langues et à faire part de son point de vue sur les problèmes présentés, ce qui peut être politiquement très intéressant. Il souhaite également apporter ses conseils en matière de procédure devant l' ONU. Malgré l'importance de ses fonctions et de son rôle à l'ONU le professeur de Varennes reste très accessible et disponible pour nous aider.

La deuxième information importante révélée lors du congrès est d'ordre juridique et dans ce domaine, historique. Elle nous vient de Monsieur Pàl Csaky membre du Parlement Européen qui a participé à la rédaction d'une Résolution sur la protection et la non-discrimination des minorités dans les Etats Membres de l'Union Européenne, votée le 7 février dernier par tous les groupes politiques dudit Parlement (à sa grande surprise). Par cette Résolution n° P8_TA(2018)0032 paragraphe 4, le Parlement Européen déclare qu'il estime qu'il appartient à l'Union Européenne de protéger les droits de minorités et d'agir en faveur,...

Et, paragraphe 1 de sa résolution, le Parlement déplore le fait que des personnes appartenant à des minorités continuent de rencontrer des difficultés à faire respecter leurs droits fondamentaux et sont victimes de discours et de crimes de haine

Ce vote est historique puisque c'est la première fois que l'Union Européenne estime que les droits des minorités ne doivent pas être laissés à l'unique discrétion des Etats membres qui, dans le cadre de leurs domaines réservés, avaient jusqu'ici le droit de vie ou de mort sur leurs propres minorités nationales. Enfin on peut évoquer une Résolution du Parlement Européen pour rappeler que la protection des minorités nationales est l'affaire de tous en Europe.

Pour la Bretagne, cette nouvelle résolution du Parlement européen concerne au minimum :

  • - Les droits des Bretons à la réunification administrative des 5 départements bretons afin d'assurer une concordance territoriale entre histoire, culture, volonté populaire maintes fois vérifiée par les sondages et gestion administrative… Une question qui n'est pas « dépassée » quoi que puisse en dire le Président français.

  • - Les droits culturels :

    • linguistiques bien sûr, dans un pays où un ñ est hors la loi, où on peut passer une épreuve de math au bac en basque mais pas en breton, où un lycée connu pour être un des premiers lycées de France (Diwan) se voit mis en difficulté par suppression de ses emplois aidés, etc…

    • enseignement de l'histoire de Bretagne

    • médias de service public dédiés à la Bretagne (réunifiée)

    • La non-discrimination en raison de l'appartenance des Bretons à une minorité nationale, même sous couvert d'humour ( ?)… Un humour d'autant plus déplacé quand, au quotidien, les droits élémentaires culturels et administratifs sont bafoués.

      Aux Bretons de savoir faire appliquer leurs Droits !

      A l'Etat de savoir s'il peut prétendre être un état démocratique ! Et quelle est sa crédibilité quand il refuse de s'appliquer à lui-même ce qu'il exige des autres pays …

Enfin le Congrès de Leeuwarden a été l'occasion de découvrir une partie de la culture des Frisons, et des efforts fait pour promouvoir la langue régionale. On ne peut que louer l'intelligence de la société frisonne qui, dans son intégralité, travaille à la promotion et la protection de son trésor.

Dans ce pays la diversité est accueillie comme une richesse à partager par tous. Cette vision optimiste doit nous inspirer car elle autorise toutes les audaces en faveur de nos langues.


Vos commentaires :
Yann Kerne
Vendredi 22 novembre 2024
Ce serait intéressant de savoir quels membres de la commission européenne ne sont pas favorables à une loi comme il est dit en début d'article. Ne serait-ce pas les représentants de la France entre autres??
Si j'ai bien compris malgré l'ICE et dans ce cas un vote massif pour le respect des droits des minorités nationales, la commission peut s'opposer. C'est clair; la commission ce sont des membres non élus désignés par les états; donc les états peuvent s'opposer à toute avancée dans ce domaine. Comme les lois sont proposés par la commission on voit que tout est bloqué. Par contre je ne sais pas comment se prennent les décisions au niveau de la commission (28 membres)

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