La culture de Bretagne, complètement à l’Ouest

Chronique publié le 22/06/18 0:14 dans Cultures par Yves-François Le Coadic pour Yves-François Le Coadic
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Affiche du parti alsacien Unser Land

On note depuis quelque temps un effacement de l’usage du mot Bretagne (1) au profit du mot Ouest ou de l’expression Grand Ouest.

Inspirée par des considérations politiques liées à la nouvelle décentralisation, cette pratique est malheureusement commune aujourd’hui dans les établissements culturels en Bretagne. Dans un contexte politique récurrent de revendication de la réunification et de l’autonomie de la Bretagne, la bataille idéologique se joue aussi sur le terrain culturel. Et nos braves “cultureux”, fonctionnaires français d’abord, s’avèrent de redoutables et zélés propagandistes de l’idéologie “ouestienne”.

Premier exemple. Depuis 9 ans, le Festival du film de l’OUEST qui a lieu à Betton près de Rennes part à la conquête du territoire pour révéler la grande richesse des « cinémas de Bretagne ». Etonnant mais inquiétant ce double usage qui prête à confusion mais qui impose en premier le mot OUEST.

Deuxième exemple. Une centaine de vases ossuaires avaient été découverts à Vannes en 2015. « C’est la plus grande découverte dans tout le GRAND OUEST en termes de nécropole antique que nous exposons aujourd’hui », se réjouit la conservatrice du musée d’Histoire et d’Archéologie de Vannes et directrice musées-patrimoine au sein de la ville. Heureusement que le quotidien français “Le Parisien” a titré son article (d’où est tiré cet extrait du 10 juin 2018): “Bretagne : une nécropole antique exposée”. Confirmant ainsi que Vannes est bien en Bretagne.

Pour des établissements culturels de Bretagne et pour leurs responsables, ce n'est pas une attitude très courageuse que de se plier au diktat de la culture administrative française et de fouler au pied la réalité historique. Cette soumission au pouvoir politique n'est pas sans rappeler de sinistres précédents.

Le précédent alsacien est là pour nous rappeler les dégâts des déculturations. La culture d’Alsace est, elle, complètement à l’Est. Si, en Bretagne administrative, l’usage du mot Bretagne perdure au niveau de la collectivité territoriale Région, l’Alsace et sa collectivité n’ont pas eu cette chance: elles ont disparu dans la région administrative grotesque “Grand Est”. Avec les conséquences récentes suivantes:

L'une ubuesque: on ne parle plus d’Alsace et on en cache même le nom quand il a le malheur d’apparaître sur des véhicules officiels. Ainsi, lors de la venue de la ministre Murielle Pénicaud au lycée Emile Mathis de Schiltigheim, les professeurs ont reçu l'ordre de cacher deux camions (utilisés par le Bac Pro Conduite et Services) pour que la ministre ne puisse pas les voir. Tout simplement parce que ces camions bâchés portaient la mention «Région Alsace»....

L'autre plus liberticide: on ne peut pas brocarder le sigle “Grand Est” comme vient de le faire le parti alsacien UNSERLAND dans une récente affiche qui comparait la région Grand Est à un boulet pour les Alsaciens. Par voie d'huissier, la région grotesque demande à Unser Land de ne plus utiliser le logo du Grand-Est !

Alors une nouvelle culture Grand Ouest ? Grotesque.

(voir le site)

(voir le site)


Vos commentaires :
Jacques
Jeudi 21 novembre 2024
En fait, cela s'explique simplement :
Les Bretons ayant un problème à assumer leur identité face aux Français, il convient d'être ''politiquement correct'', ''propre sur soit'', ....

Pour une découverte archéologique en Bretagne, le Breton évoquera le ''Grand Ouest'' là ou le Français évoquera ''La Bretagne''...

Tout comme, le Breton (même le militant) vote ''Parti socialiste français'' (aujourd'hui par défaut ''Macron'')... mais il ne votera pas pour un parti politique breton... où alors de gauche bien identifié!

De même les partis politiques bretons sont TOUS de ''gauche'' ou largement ''ambigüe'' pour être compris comme de ''gauche' car c'est ''politiquement correct'' (le camp du bien) pour ne pas être considéré comme ''fermé sur soit''...

On ne peut faire une série de vidéo sur la Bretagne qu'après avoir craché sur les nationalistes bretons et tout débat qui s'éloigne de la version communisto-bretonne est combattu tant nous avons la trouille d'apparaître comme ayant basculé du ''sombre de la force''...

De même, les écoles Diwan et bilingue n'enseignent pas l'histoire de la Bretagne aux enfants (même si ce n'est pas interdit) et personnes dans le milieu militant ne trouve à y redire... mais on va saluer unanimement les Catalans qui ont fait l'inverse!!!

On va adopter l'écriture inclusive (idée provenant des milieux gauchistes américains) mais on n'enseignera pas la longue tradition dans notre culture de l'égalité entre les femmes et les hommes...

Le milieu culturel vit sur une autre planète que le milieu politique qui lui vit sur une autre planète que les citoyens...!

etc... etc...

A se demander, qui met vraiment les chaînes aux pieds de la Bretagne!
Oui, le Grand-Ouest est bien notre avenir...!
On ne va quand même pas être Breton(*)?!

(*) comprendre : d'une identité qui n'est pas politiquement correcte à nos yeux de citoyens ''modernes'' et ''ouvert sur le monde''!


Luigi Barsagli
Jeudi 21 novembre 2024
On peut noter quand même le peu d'empressement de l'Etat à créer une Région Grand-Ouest. Ce n'est certainement pas à cause de la force de la contestation bretonne...les alsaciens eux ont direct voté FN et Unser Land aux dernières élections ce que les bretons n'auraient pas faits.

Il faut chercher le peu d'empressement des autorités dans le fait que la Bretagne, c'est plus que 2 départements et qu'il reste des bretons en Loire-Atlantique.


Fañch
Jeudi 21 novembre 2024
Pourquoi s'attacher à des «sujet dépassé» selon Macron, la Bretagne (ou l'Alsace) ce sont de vieilles histoires, il faut une «décentralisation de projet» (terme d'Enarque fourre tout)

il faut laisser la place au Grantouest et Grandest ... (loin de la diversité des humains, des plantes, des animaux, il y a l'uniformité jacobine, la contre-culture)


Dominig YVON
Jeudi 21 novembre 2024
N'oublions pas que l'administration frañcaise a une force : la patience . Le projet de noyer les identités de l'hexagone date de 2 siècles;
Quand les Bretons refusent l'écotaxe, dans tous les gouvernements suivant,on trouve toujours un ministre aux services de la haute administration, pour ressortir le projet.....
Il ya 20 ans quand Fr3 Bretagne est devenu france 3 ouest , ce n'était pas anodin. D'où la réaction de Jean-Yves Cozan : « Nous ne voulons pas devenir des Ouestons ou des ouestitis »
Ce n'est pas un complot, c'est juste une méthode : imposé le concept par les mots pour le rendre plus tard réalisable (commentaire de hollande après la réforme territoriale : «on s'est fait l'Alsace»
Tous les partis jacobins y compris les socialistes , qui ont vendu l'inverse aux Bretons , pensent et fonctionnent comme cela... par répétition en attendant son heure....
Tout élu , en mal d'avenir , tout administratif en mal d'avancement, culturel ou autre....se doit pour être écouté et visible, d'utitliser le bon vocable sous peine de disparition, pour parler non politiquement correct.....
La parade faire de même en s'affirmant Breton à chaque fois que cela est possible et en tout lieu...
Reprendre les propos comme le fait justement Yves - François, à chaque fois que l'emploi du mot ouest ou gand ouest est inapproprié.....Avec la même patience et détermination.....
Mais n'attendons pas grand chose des administratifs cultureux hexagonaux, payé par paris et à son unique service , avec nos impôts tout de même... Pensez à leur carrière que diable....Les courageux en leur seing ne sont pas légion et doivent, à l'inverse, être félicité de leur courage d'être juste ....
Petit commentaire sur l'Alsace : leur disparition, purement administrative, semble en passe de réveiller les Alsaciens (y compris leur élus) chez qui nous trouverons des alliés , plus tard.....

Luigi Barsagli
Jeudi 21 novembre 2024
@ Dominig Yvon, l'administration française aurait très bien pu créer des Zones Ouest, Est, Sud etc il y a un siècle déjà.

Je ne sais pas si l'aspect dilution et disparition des minorités territoriales soit la seule et unique motivation des régions successives en revanche il est certain que la dernière «réforme territoriale» avait clairement cet objectif dans le contexte du référendum écossais et du vote indépendantiste des catalans.
Les Régions crées en 1956 avaient sans doute également pour but à terme la disparition des départements tandis que celle du sinistre gouvernement d'Hollande c'était au contraire la survie des départements et la haine des identités locales pluriséculaires.


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