La République En Marche a répondu, en réussissant un raz-de-marée électoral lors des dernières législatives, à un besoin de dégagisme légitime chez tous les citoyens de l’Hexagone. La stérile et franchouillarde opposition gauche droite ayant démontré, depuis la sortie des trente glorieuses, son incapacité à réformer un pays qui a décroché ces dernières années dans de nombreux domaines, comme l’indiquent les classements de l’OCDE entre autres. Un pays qui traite moins bien ses anciens, ses personnes autistes, ses prisonniers et donne moins d’accès aux personnes handicapées que la plupart des pays européens voisins, tout en voyant la qualité de ses systèmes d’enseignement et de santé s’effriter et sa dette s’alourdir.
Emmanuel Macron prétendait avec raison qu’il fallait changer de paradigme et on allait voir ce qu’on allait voir ! Dans la foulée de son élection, certains ont donc cru, avec l’arrivée de nombreux novices à l’assemblée, à l’avènement d’une nouvelle manière de faire de la politique. D’autres ont deviné des signes encourageants lors de la formation du gouvernement, il y a maintenant plus d’un an : plus de femmes, moins d’apparatchiks, des techniciens qu’on imaginait moins dogmatiques. Et surtout l’arrivée du représentant respecté d’une écologie supposée moderne, Nicolas Hulot, qui s’annonçait intransigeant sur le sujet.
Après plus d’un an de gouvernance, force est de constater que le bilan est plus que mitigé, un étrange glissement semblant s’être produit. En effet, les troupes du Président Macron, cornaquées avec poigne par seulement quelques affidés, réalisent un mixage qui fait tache, cumulant les outrances d’un libéralisme décomplexé avec les pratiques d’un étatisme rétrograde. Et dans ce méli-mélo douteux et brouillon, personne ne peut y trouver son compte.
Ainsi nous avons le pire de ce que la droite française rêvait de faire, sans jamais avoir osé franchir le pas : une baisse des APL accompagnée d’une quasi suppression de l’ISF. L’institution d’un système de sélection à l’entrée des études supérieures qui laisse peu de chances à l’ascenseur social de se remettre à fonctionner, couplée à un piétinement d’un plan Borloo pour les banlieues qui semblait pourtant cibler les véritables problématiques des quartiers. On en passe et des meilleures, comme la circulaire Collomb sur l’immigration, qui rend Hortefeux furieux de ne pas y avoir pensé autrefois.
D’un autre côté, nous avons un retour à l’État ancestral, dans la lignée de ce que ferait une vieille garde socialiste sortie des placards : refus d’ouverture institutionnelle en Corse, où le président s’est rendu, excusez du peu, avec un Jean-Pierre Chevènement au taquet, validation de l’ubuesque découpage régional des recalés Hollande et Valls, retour à une forme de conscription, dont même Jacques Chirac ne voulait plus. Sans oublier des départements qui, pour faire plaisir à une poignée de radicaux de gauche et de préfets, ont vu leur date de péremption repoussée. N’oublions pas non plus les nouveaux impôts et la pression fiscale qui augmente comme rarement auparavant sur les classes moyennes.
Ce gouvernement et ces députés LREM, pourtant verts en termes de pratique, auraient pu se rattraper dans le domaine de l’écologie, qu’on imaginait, pourquoi pas, ni de droite ni de gauche. Mais là c’est un terrifiant fiasco qui est proposé : le glyphosate a encore de belles années devant lui, les centrales nucléaires vieillissantes peuvent continuer de vrombir en douce et les pesticides tueurs d’abeilles repartent pour un round. On dit même que la loi littoral aurait du plomb dans l’aile. Monsieur Hulot serait-il définitivement en vacances ?
N’en jetez plus ! Tout cela pourrait ressembler à une vaste plaisanterie, mais non, nous sommes bien dans le monde du jeune et fougueux président Macron. Là où on fait des conneries de droite, et en même temps des conneries de gauche. Tout en donnant l’absolution aux pollueurs en tous genres.
Combien de temps cela peut-il durer ?
Frank Darcel, président de Breizh Europa
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