Le film Bécassine financé avec de l'argent public

Investigation publié le 30/05/18 21:33 dans Cultures par Philippe Argouarch pour ABP
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Et si la région Bretagne finançait un autre Bécassine ? Scénario proposé : Becassine reçoit un ordinateur pour Noel et part à la découverte du monde . Après moult aventures en ligne et avec la machine elle devient une experte en informatique et lance une start-up. (photo montage Liliane Blanadet)

L'industrie française du cinéma est globalement déficitaire. Une étude conduite en 2005 avait montré que seulement 12% des films produits par la France étaient rentables et aucun des films à petit budget ne l'était. La grande majorité des films français produits sont des navets a rapporté BFMBusiness. La Cour des Comptes a aussi dénoncé ce gaspillage. ABP avait d'ailleurs dénoncé un de ces films nullissimes, le navet anti breton Crawl (voir notre article) ou un autre intitulé Un Français, dans lequel des symboles bretons étaient malicieusement associés à un bar facho (voir notre article).

La mise est sauvée par quelques films de niveau international mais qui, eux, n'auraient pas eu besoin de subventions pour réussir. Alors quoi ? Pourquoi faire des films s'ils ne sont pas rentables ? Tout simplement parce que les généreuses subventions accordées par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) rentabilisent un film au point qu'un film français est souvent payé et a gagné de l'argent avant même qu'il ne sorte en salle. En fait un film comme Bécassine pourrait rester dans un placard de l'Institut français de l'audiovisuel et le réalisateur Bruno Podalydès et le producteur de Why not productions seraient satisfaits. L'État un peu moins. Pourquoi ?

Pour que le film soit financé, il suffit de produire un scénario qui plaise aux grands prêtres de la culture française, qui, nous le savons par expérience, sont très proches du pouvoir. Faites un scénario pour un film légèrement anti-sémite ou anti-arabe, bien sûr il sera refusé. Mais présentez un scénario ridiculisant l'identité bretonne c'est tout bon. Vous voulez combien cher monsieur ? La Commission du Centre National du Cinéma accorde toutes sortes d'aides dont certaines remboursables, comme l'aide aux recettes, qui ne sont presque jamais remboursées (en moyenne 12% apprend-on) car la plupart de ces petits films minables subventionnés ne font pas recette. Au meilleur, ils servent à peupler les heures tardives de certaines chaînes de télévision.

Sur le site du CNC, on apprend que le film Bécassine a été agréé et donc subventionné, le montant total des subventions n'y est pas dévoilé mais on découvre qu'en plus Why not Productions, le producteur, a aussi obtenu une subvention régionale... mais de quelle région ? La Bretagne ? Non, la Normandie. La colonne C+ , pour Canal + est aussi cochée, donc une diffusion TV est prévue, d'ailleurs France3 Cinéma et Orange Cinéma sont partenaires et ont donc participé au financement.

On comprend mieux pourquoi le film Bécassine est subventionné avec de l'argent public quand on apprend que les membres de la dite commission sont nommés pas le Ministre de la culture et le Président de la commission par le Premier ministre en personne. Pour que l'État y attache autant d'importance, paie 81 salaires sur les deniers publics (si les 54 suppléants, deux pour chaque poste, sont aussi salariés), à une époque où ce même État parle de réduction des dépenses publiques, on ne peut que conclure que cette bureaucratie est légèrement de type soviétique et se rattache au ministère fantôme de la propagande (ce ministère fantôme comprend aussi les aides à la presse).

Certains verront dans le CNC une aide à la création, d'autres verront une agence de propagande, favorisant des films prônant entre autres les valeurs dites "républicaines" comme l'assimilation (des immigrés mais aussi des minorités historiques en ridiculisant ou folklorisant leurs identités propres). Le cinéma français subventionné produit des films au service d'une idéologie républicaine (difficilement exportable, ça va sans dire), que nous tous ici en Bretagne appelons le jacobinisme. Le fait que le cinéma français soit un des rares à faire du doublage au lieu du sous-titrage comme on fait dans les autres pays pour les films étrangers en dit long sur le surprémacisme culturel ambiant.

La Commission comprend, outre le président et le président suppléant, 27 membres titulaires et 54 suppléants. Ils sont nommés pour une période de trois ans, renouvelable deux fois, par arrêté du ministre chargé de la Culture.

Le président et le président suppléant sont nommés par décret du Premier ministre pour la même période. Le président est choisi parmi les membres du Conseil d’Etat. Seuls les membres titulaires et suppléants, et les membres à titre consultatif peuvent siéger en commission de classification.__source CNC

Notes:

(voir le site) pour voir les noms des membres de la commission (aucun Breton ou Bretonne n'y figure bien sûr !)


Vos commentaires :
Samedi 4 mai 2024
Petits rappels:
Vrai nom de Bécassine: Annaïck Labornez ( prononcez «la bornée» ! )
« Bécasse: Figuré et familier: Femme peu intelligente » (Larousse usuel )
« Bécassine: Familier: Jeune fille niaise » ( Le Robert )
TOUT EST DIT .
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