D'abord on apprend que l'os de fémur de Pierre Quéméneur soi-disant retrouvé dans un sellier de la maison de la famille Seznec à Morlaix est un os d'animal. Puis, nouvel épisode du feuilleton centenaire : des descendants qui ressortent la théorie de l'accident: la femme de Guillaume Seznec aurait tué Pierre Quéméneur, par accident, alors qu'elle repoussait ses avances, un des descendants alors enfant aurait même vu le corps allongé sur le plancher ...
Hier sur RTL dans l'émission de Jacques Pradel, Denis Seznec a démoli en une seule phrase cette théorie fumeuse. Après la mort de sa femme en 1931, Guillaume Seznec, alors au bagne à Cayenne, n'avait plus aucune raison de couvrir son épouse si elle avait été la responsable de la mort de Pierre Quemeneur. Il n'a rien déclaré sur le sujet lors de son audition pour une grâce éventuelle.
Le fait qu'on ait retrouvé en 1943 la carte d'identité de Quéméneur dans la poche d'un voyou arrêté en Normandie, un fait essentiel, est une preuve que Quéméneur a été assassiné par un gang de malfrats, rival de l'équipe Seznec-Quéméneur qui était active dans la vente de surplus de l'armée américaine laissés à Brest en 1918. (voir notre article)
L'affaire Seznec est une affaire d'État car la justice a fermé les yeux sur les possibles implications de la police lors du premier procès. Elle a refusé de revenir sur cette affaire en 2006 et de réhabiliter Guilllaume Seznec pour les mêmes raisons. Cela reviendrait à admettre une implication de la police dans la manipulation des pièces à convictions avant et lors du procès et donc au minimum de reconnaître une erreur judiciaire et au pire une collusion de la justice avec les intérêts de l'État. Celui-ci ne voudrait pas admettre que la police de l'époque, de la 3e République donc, ait pu protéger une pègre qui lui servait de sources de renseignements via des indics et peut-être même de sources de revenus illicites. «nos magistrats ne reconnaissent jamais qu'ils font une erreur», a rappelé hier Denis Seznec.
■Or, surprise:
. il n'est fait aucune mention de ce que rapporte le présent article de l'ABP, à savoir la découverte, en 1943 en Normandie, de la carte d'identité de l'homme politique finistérien Quéméneur
. par ailleurs, l'os retrouvé dans le cellier (images filmées sur site, en réel) est une vertèbre, assez grosse, et en bon état - surtout après cent ans supposés passés dans la terre acide de Bretagne- .Le spectateur s'attend donc à ce que l'on déterre dans la foulée le reste du squelette, mais non rien! Et pour finir, l'on apprend quelques instants plus tard que le légiste s'est tout simplement trompé sur la nature du nonos: il s'agit en fait, non pas d'un os humain - le procureur de Brest était revenu dare-dare sur les lieux en plein WE, face à une découverte aussi sensationnelle! - d'un os de ...bovin!
Du coup (d'autres petits détails laissent un goût d'intrigue dans la démonstration filmique), et c'est là où je veux en venir, le spectateur ne sait plus qui croire, ni que croire dans l'énigme telle que rapportée dans le documentaire de la chaîne France 2. A quoi joue le journaliste Laurent Delahousse - l'un des plus en vue dans le PAF - , d'ordinaire pourtant si convaincant et intéressant dans ces enquêtes filmées?
Cette affaire nimbée de silences, qui mêle fait divers et présence de l'Etat (avec ses bras opérationnels: justice, police, ...) fait furieusement penser, dans un genre différent, à celle, plus récente mais non élucidée, du chalutier «Bugaled Breizh». Tout est fait, ou en tout cas suffisamment est fait, semble-t-il pour que la vérité factuelle ne parvienne pas au grand jour.
Entre messieurs Delahousse et Argouarc'h, mon entendement penche vers le discours porté par le deuxième.
Etre Ao. Delahousse hag Ao. Argouarc'h, a soñj din, e vefe ar wirionez kentoc'h gant rener an ABP, m'eus aon.