Oui, il existe une copie du reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne

Chronique publié le 18/04/18 16:49 dans Histoire de Bretagne par Maryvonne Cadiou pour ABP
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Le fac-simile du reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne dans la crypte de la cathédrale de Nantes le 15 avril 2013.

Pour répondre à une question souvent posée dans des commentaires des articles de presse que nous avons parcourus, publiés à la suite du vol de l'original au musée Dobrée de Nantes dans la nuit du 13 au 14 avril 2018.

Puisque chacun y va de son histoire “en plus”, comme : " pourquoi le coeur des souverains était-il conservé ? " (Libération, 16 avril), ou " L'histoire mouvementée d'une pièce inestimable " (la rédaction de LCI, 14 avril), nous avions très vite décidé de faire connaître et de montrer “en plus” ce bel objet. Nous savons tous, bien sûr, que ce fac-simile n'a aucune valeur patrimoniale ni sentimentale. Nous verrons par qui, quand et pour quelle raison il a été réalisé.

Le fac-simile avait été prêté par le musée du château des ducs de Bretagne pour être exposé dans la crypte pendant quelque temps. Nous l'avons photographié le 15 avril 2013.

Il est à signaler (hors-sujet reliquaire) qu'à cette époque, pour raisons de sécurité, l'accès à la crypte ne se faisait plus par l'intérieur de la cathédrale, mais par une entrée que l'on peut qualifier de dérobée, tant elle nous fut difficile à trouver, derrière, dans le jardin, auprès d'un reste de tour médiévale.

Ce que dit le cartel

Dans ce texte sur ABP les oe - attachés dans le document : e dans l'o - ont été détachés.

Reliquaire d'or d'Anne de Bretagne

Jürgen Abeler, Wuppertal (Allemagne), 1991

Fac-simile, or guilloché, rehaussé d'émail. Nantes, musée d'histoire de Nantes

Le reliquaire se compose d'une boîte en forme de coeur constituée de deux valves en tôle d'or repoussé et guilloché réunies par une cordelière d'or qui dissimule la suture. Sur les faces extérieures se trouvent des inscriptions en relief dont les lettres sont rehaussées d'émail vert.

Sur la face du coeur on lit : " En ce petit vaisseau de fin or pur et monde / repose un plus grand coeur / Que oncques (= jamais) dame eut au monde / Anne fut le nom d'elle / En France deux fois reine / Duchesse des Bretons / Royale et souveraine / 1513 "

En dessous, deux lignes en retrait et en italique :

NB : monde signifie " pur " et ne subsiste en français actuel que par son contraire " immonde "

Le coeur porte la date de 1513 car au début du XVIe siècle on ne changeait de millésime qu'à Pâques.

La description du reliquaire continue sur 3 lignes :

Le coeur est surmonté d'une couronne d'or, composé [sic] de neuf fleurs de lys alternant avec neuf trèfles, ornés de filigranes qui dissimulent un fermoir en forme de M émaillé vert. Sept rangs de cordelières, emblème de la reine rappelant sa dévotion pour les franciscains, soulignent l'inscription en relief, rehaussées d'émail rouge : " Coeur de vertus orne dignement couronne ".

Qui l'a fabriqué ?

C'est Jürgen Abeler (1933-2010), né à [[Wuppertal]] dans la Rühr, d'un père collectionneur d'art, maître horloger, orfèvre et gemmologue : (voir le site) pour sa page en allemand sur wikipédia. Auteur de nombreux livres dont plusieurs sur le temps et sa mesure -horloges, montres -, un sur les Couronnes en 1972. (voir le site) de la presse locale allemande qui annonce sa mort (temps limité de consultation).

Un catalogue d'exposition (voir ci-dessous) nous apprend, p. 145, en légende de la deuxième photo du fac-simile du reliquaire, que Jürgen Abeler était joailler et qu'il avait réalisé cette oeuvre pour l'exposition La Bretagne au temps des ducs qui s'est tenue à l'Abbaye de Daoulas (Finistère) du 15 juin 1991 au 6 octobre 1991.

Si, comme nous le supposons, dans l'exposition au musée Dobrée qui a fait suite à celle de Daoulas, c'est le vrai reliquaire qui a été exposé (du 9 novembre 1991 au 9 février 1992), il avait été judicieux d'en faire faire une copie pour l'emporter si loin (1) et (2) puis (3).

(voir le site) du Télégramme du 27 octobre 2000 où nous apprenons que l'exposition a été montrée aussi à Guingamp “dans le cadre de la quinzaine culturelle bretonne organisée par la fédération Digor. Mêlant tableaux explicatifs et reproductions d'enluminures, elle retrace 700 ans d'histoire bretonne du IXe au XVe siècle, de Nominoë jusqu'à la duchesse Anne”. Voir la très bonne description de l'exposition dans cet article.

Le reliquaire original exposé

C'est bien l'original qui a été montré à Nantes lors de la grande exposition de l'été 2007 au château des ducs de Bretagne intitulée Anne de Bretagne, une histoire, un mythe.

(voir le site) de l'éditeur du catalogue, un remarquable ouvrage auquel nous vous renvoyons.

Il y a un chapitre Un reliquaire pour exprimer quoi ? où Alain Croix et Didier Guyvarc'h, p. 138-147, donnent en illustration plusieurs représentations du reliquaire ainsi que des reproductions de gravures, d'enluminures et racontent une partie de son histoire, y compris, en 5 lignes, p. 144, l'épisode de [[Gérard Mellier]] profanateur du reliquaire d'Anne de Bretagne en 1727 sur demande du roi Louis XV au maire de Nantes... Cette action n'est pas mentionnée sur wikipédia mais elle a fait l'objet d'un rapport par lui-même à l'époque. (En voir plus bientôt sur ABP).

P. 139, au début de l'article, la photo est celle du fac-simile, ce qui est dévoilé dans la notice 153, et p. 184, en légende de l'image, ceci : Reliquaire d'or d'Anne de Bretagne

Wuppertal (Allemagne), Jürgen Abeler, 1991. Fac-simile, or guilloché, rehaussé d'émail.

La suite de la notice, en p. 186, précise que, pendant l'exposition Anne de Bretagne, une histoire, un mythe le reliquaire original est présenté dans la salle 2 (convention Mairie de Nantes et Conseil général de Loire-Atlantique). Suit la transcription du texte des deux faces.

C'est bien l'original aussi qui a été exposé à Nantes, puis Blois, Rennes et enfin Châteaubriant en 2014 lors des commémorations officielles des 500 ans de la mort d'Anne de Bretagne.

Notes

(1) L'idée n'était pas encore de le faire voyager en voiture banalisée, accompagnée de plusieurs voitures de police, comme cela s'est fait pour les expositions de 2014 mentionnées ci-dessus.

(2) Certains Nantais se souviennent sûrement de l'immense calicot annonçant l'exposition au musée Dobrée, suspendu sur le “bâtiment Voltaire”, (du nom de la rue qui le borde), calicot qui, d'ailleurs, avait fini par être volé...

(3) Le coeur d'Anne repart en Bretagne titrait la Nouvelle République le 8 avril 2014 - article d'Olivier Brosset - quand le reliquaire est revenu de Blois à Nantes : (voir le site) avec deux photos (faire glisser) et une vidéo qui malheureusement semble avoir disparu, la mise à jour du 2 juin 2017 ayant dû lui être fatale. Mais nous avions noté ceci (dans un travail plus vaste sur Anne de Bretagne, en cours) : Une vidéo de 1’17 montre le départ de trois voitures, deux de police encadrant une voiture banalisée. Puis mini-interview d’Élisabeth Latremolière, conservatrice du château et une vue sur la caisse en bois dans la voiture escortée.

Notons que cette pièce est notée ici de 470 grammes d'or - alors que nous avons souvent lu 100 g. - mais assurée pour cinq millions d'euros.


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
-@ Naon-e-dad
Ah vous avez quitté Nantes ? Merci de ne pas vous être fâché !
La fibre bretonne de la maire de Nantes, elle vient surtout des conseillers municipaux, qui l'ont, eux, et qui ont insisté pour des plaques bilingues. Elle aurait été très mal vue de refuser et, comme je les connais, ce refus ne serait pas resté dans les coulisses.
- @ Léon-Paul
Merci de ces trouvailles, que je vais ajouter à mon bêtisier sur Anne. J'ai eu aussi un mari Charles VII, par simple oubli d'un I, mais pourquoi ne se relit-on pas plus ? La perle de ces derniers jours, déjà mise de côté et retrouvée : est dans le livre de Nicole Höchner intitulé Louis XII : Les dérèglements de l’image royale (1498-1515), éd. 2006 : «Le monument du coeur de la duchesse Anne est une impressionnante boîte en or d'un mètre et demi de hauteur, portant cette inscription gravée sur un émail vert : (etc.)
Je ne sais pas la page car quand google numérise partiellement des livres, les n° de pages sautent.
On peut quand même penser que l'erreur vient inconsciemment de l'auteure pour une mauvaise relecture de ses propres notes (1,5 m au lieu de 15 cm...) mais il ressort de cette phrase qu'elle ne l'a pas vu, ni en photo, et n'a pas cherché de description, ce qui est très gros...
- @ spered dieub
Merci de l'indication des trèfles »
bretons". J'ignorais.
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