La proposition de loi sur les fakenews touchera tout le monde et tous les supports

Chronique publié le 10/04/18 9:51 dans Media et Internet par Philippe Argouarch pour ABP
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Une loi liberticide ?

Le Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (SPIIL) demande l'exclusion de la presse en ligne en ce qui concerne le projet de loi (voir le site) permettant de suspendre des informations avérées fausses publiées en période électorale. Le SPIIL fait justement remarquer que les webmedia ne doivent pas être mis au même niveau que les réseaux sociaux où n'importe qui peut publier n'importe quoi sous n'importe quel nom et résidant dans n'importe quel pays. Le SPILL pense que la presse papier ou en ligne est au-dessus de cette cacophonie et "Il en va de la liberté de la presse !"

Par contre ABP ne peut qu'approuver l'exigence de transparence en amont, c'est-à-dire que les lecteurs doivent savoir qui publie quoi. La loi propose d’imposer "aux plateformes des obligations de transparence renforcées en vue de permettre, d’une part, aux autorités publiques de détecter d’éventuelles campagnes de déstabilisation des institutions par la diffusion de fausses informations et, d’autre part, aux internautes de connaître notamment l’annonceur des contenus sponsorisés ". Facebook, sur la sellette en ce moment devant le Sénat et le Congrès des Etats-Unis, a finalement accepté cette exigence de transparence en ce qui concerne les contenus politiques en période électorale et même en rendant obligatoire la mention de l'auteur de tout contenu sponsorisé.

Dans une récente et rare interview accordée à la télévision américaine (voir le site) , Marc Zuckerberg, le CEO de Facebook, admet que les Russes sont intervenus via Facebook pour influencer les résultats de l'élection présidentielle. Il affirme aussi clairement qu'ils ont tenté de le faire lors des élections présidentielles françaises de 2017 mais que, selon lui, Facebook aurait cette fois-ci, pu neutraliser les pages et les comptes en question. Plus intéressant, en ce qui concerne la manipulation des mouvements politiques, Zuckerberg révèle que les tactiques employées par les agitateurs ne sont pas uniquement des ffakenews mais aussi la création de conflits afin de "diviser" un camp politique. L'agent perturbateur créé une page favorable à une option politique et créé dans la foulée une autre page de l'autre bord politique toute aussi hystérique et extrémiste que la première afin de diviser et effrayer les gens ! A méditer.

A notre petite échelle de webmedia breton, ABP a toujours exigé la transparence et a interdit aux contributeurs et rédacteurs les pseudos dès nos débuts en 2003. Nous avons aussi fait remarquer qu'il existe des webmedia et des blogs en Bretagne et ailleurs, dont personne ne connaît le nom du propriétaire et qui, comme 7seizh, signent 'rédaction' 90% des articles qui ne sont pas des communiqués (voir notre article). Mais pas que. Des quotidiens comme Ouest-France publient régulièrement des articles non-signés sur des sujets sensibles. C'est ce manque de professionnalisme, cette opacité, qui font que le gouvernement a fini par proposer une loi qui met tout le monde dans le même sac.

Mais qui peut prédire si cette loi ne sera pas détournée de ses buts initiaux ?

On ne peut aussi que s'inquiéter d'une loi donnant compétence exclusive au tribunal de grande instance de Paris.

Philippe Argouarch


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Lundi 29 avril 2024
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