Parrainés par Renaud SECHAN, dit RENAUD… pas encore RENARD, nous sommes en 1988 et c’est l’année de sortie de leur « Première bordée », avec, pour fêter cela : « Du rhum, des femmes et d'la bière nom de dieu ! ».
Décembre 2017 : C’est le mois de parution de ce présent et 9ème album studio qui nous donne, après cinq ans de parenthèse discographique suivant la publication, en décembre 2012, de l’album « Kingdom Tavern »… « Quelques nouvelles du front », de ces sept mercenaires engagés pour le compte d’un légendaire SOLDAT LOUIS équipage musical breton et marin, assurément pérenne !
1988-2018 : c’est, avant tout, 30 ans de scène et de tournées pour ce groupe lorientais portant à travers la Bretagne, l’hexagone, l’Europe et le monde, une musique armoricaine musclée, teintée de rock, de pop, de cajun, de folk et de celtique maritime qui fait danser et chanter les foules d’un public très fidèle... mais pas que !
En effet, que ces rythmes, souvent « pêchus », ne vous masquent pas des textes, au fil du temps, toujours plus élaborés, créatifs, voire sensibles, griffés des talentueuses et pittoresques plumes de Serge DANET et Gary WICKNAM.
Est-il utile, en quelques mots, de rappeler, mais c’est, aussi, le but de cette chronique, pour de plus jeunes ou de « nouveaux arrivants » au pays de la musique celtique, qui sont Serge DANET et Gary WICKNAM ?
Serge DANET, c’est le « patron », coiffé de son inséparable bonnet (le bonnet de tabarlouis, sans doute ! )… Il est le co-fondateur de SOLDAT LOUIS, nom qui est, aussi son pseudonyme de scène.
Pour l'anecdote, le nom de « soldat » est venu lors d’une soirée où tous s'étaient attribués des grades militaires, le plus haut gradé… payant, bien évidemment, la tournée !
Second co-fondateur du groupe, Gary WICKNAM, prénom et nom devenus, au sein de SOLDAT LOUIS, l’appellation artistique de Renaud DETRESSAN qui a connu, en solo et sous ce dernier patronyme, la gloire au début des années 1980 avec, notamment, sa chanson « On est comme on est ».
Pour les 55-60 ans, souvenez-vous ?
« Tu sais on est comme on est,
On est jamais que ce qu'on est,
Je sais que tu sais ce que c'est,
Tu sais bien que j'attendrai ».
Ah ! ces paroles vous disent quelque chose ? Remémorez-vous, à présent, la mélodie grâce à cette archive vidéo de l’Institut National de l’Audiovisuel, enregistrée, en public, le 23 Janvier 1982 (voir le site) .
En tant que guitariste, Serge DANET accompagnait, alors, Renaud DETRESSAN, par ailleurs, petit fils de l’auteur compositeur interprète breton Théodore BOTREL (1886-1925), notamment, créateur de « Fleur de blé noir » et de « La Paimpolaise » dont la falaise n’a jamais existé que pour la rime et, très vraisemblablement, pour la malicieuse évocation, par l’auteur, d’un établissement de mauvaise vie de la rue du port, lieu assidûment fréquenté par les marins et qui portait pour enseigne le nom d’une telle pente raide et rocheuse bordant une côte.
Mais revenons à SOLDAT LOUIS, de fait, né de cette rencontre entre Renaud DETRESSAN et Serge DANET, ainsi qu’à ce dernier opus que nous avons vif plaisir à vous présenter.
Si nous retrouvons, au cœur de ce présent album « Quelques nouvelles du front », le « noyau dur » des musiciens de SOLDAT LOUIS qui figurent sous la rubrique « l’équipage » du site officiel (voir le site) , incarné, par Serge DANET, voix, chœurs, guitares électrique et acoustiques banjo, banjolélé, Gary WICKMAM, au chant, Jean-Paul BARRIERE, aux claviers et Anthony MASSELIN, à la cornemuse, des musiciens de substitution ou de complément figurent au générique de cet opus, dont pas des moindres. Citons, parmi eux, Ronan LE BARS à l’Uilleann Pipes, Robert LE GALL, aux violon et mandoline, Michel AYME, aux guitares acoustique et électrique, des virtuoses qui travaillent aux côtés des plus grands noms de la musique celtique ou autre.
Vous retrouvez les noms de tous les musiciens participants à ces 12 titres inédits ainsi qu’au bonus « live » de la 13ème plage, mentionnés sur l’intérieur gauche de la jaquette à l’aspect visuel métallique nous paraissant obtenu par un judicieux et esthétique gros plan photographique sur une surface anti-dérapente aux aspérités rigoureusement alignées en biais alterné. Cet habillage est réussi et apporte consistance et matière à ce qui ne pourrait être que l’apparence d’un traditionnel assemblage carton-plastique qui renferme, classiquement, tout CD. En façade de la jaquette, la représentation, en relief, du logotype « SOLDAT LOUIS » apporte, encore, volume à cette conception visuelle signée de Laurent LE GUILLOUX (voir le site) .
Pour les textes, dont nous signalions, plus haut, l’intérêt, toujours croissant, ils sont, tous, consignés dans le livret interne, illustré de photos noir et blanc et couleur que l’on peut créditer à l’habile photographe professionnel, Eric LEGRET (voir le site) .
Côté programme, alors que SOLDAT LOUIS aurait pu, pour cet anniversaire, se contenter, survolant sa longue et brillante épopée, de publier un simple album de reprises, eu égard au peu de temps libre résultant d’une abondante et prenante tournée échelonnée sur 4 ans. Mais la même générosité qui transpire, déjà, très largement, sur scène, a conduit le groupe, en trouvant, çà et là, quelques moments pendant quelques poses entre concerts, pour produire ces nouveaux titres.
20 chansons ont été, initialement, enregistrées, 12 ont été, in fine, sélectionnées.
Dans ce contexte où la disponibilité s’avérait denrée rare, cherchant, malgré tout, à peaufiner l’élaboration de ce nouvel opus, pas moins de deux ans et demi d’écriture et d’enregistrement ont été nécessaires à sa conception.
Les séances ont été, au fil des jours, réalisées en Belgique, au studio ICP (rythmique basse et batterie), à Priziac, Lorient, Guidel (Morbihan) et en région parisienne.
Un seul titre a été testé sur scène, avant la sortie de l’album. « Tout le monde à bord ». En effet, ce morceau a été, de surcroît, interprété en ouverture de concert.
Au cours de ces 51 minutes, on retrouve, parfaitement, la marque, le son, les thèmes fondamentaux de SOLDAT LOUIS.
L’univers maritime, bien entendu, avec, dès le premier titre, « Billevesées et balivernes », évoquant la dramatique époque de la traite négrière avec une équivoque, trompeuse et apparente légèreté musicale corroborant le sens des deux termes du titre traduisant irréalité supposée et légèreté. Soulignons la vélocité de prononciation de Serge qui, sur un tempo syncopé, parvient à chanter des consonances assez voisines contenues dans la phrase : « Tout ça n’est que billevesées et balivernes ». Essayez, donc ! Musicalement, nous pouvons noter un très agréable pont de guitare « à la Hank MARVIN ».
Dans le registre maritime, toujours, mais côté escale, cette fois, les chastes oreilles de l’auditeur n’échapperont pas, en 3ème titre, aux aspects plus lubriques de « C’est l’bordel », avec, malgré tout, un joli jeu de banjo et des propos, certes virils, mais, si je puis dire en ces circonstances, bien troussés qui dépeignent, là aussi, certaines ancestrales réalités portuaires.
Côté mer, encore, citons, précédemment évoqué, « Tout l’monde à bord », en plage 5, se référant à l’univers des « saigneurs » des mers, des pirates.
En position 6 du programme, voici « Mercenaires », abordant avec une certaine crudité les fâcheuses conséquences de contacts charnels qui vous transmettent certaines « maladies d’amour » qui n’ont rien à voir avec celle chantée par Michel SARDOU.
En introduction un joli jeu de guitare électrique distordu précède les nostalgiques et fort réalistes propos du texte, avant que, se fondant avec la guitare, puis en solo final, l’Uilleann Pipe de Ronan le Bars souligne de ses pleurs cette portuaire et glauque évocation.
Puis en piste 7, voici la mer vue par le plaisancier avec « Du vent ». Une bien sarcastique chanson, allant crescendo dans la déclinante appréciation des charmes d’Eole par des marins qui, de fait, n’en sont pas et qui donneraient raison à cette citation attribuée à Claude LELOUCH : « Avec un bateau, il y a deux moments de bonheur : le jour où on l'achète et le jour où on le revend ».
Quand le marin pose son sac…Ne passez pas à côté de « S’envoleront », un climat poétique, rythmé par le banjolélé avec de nostalgiques et sensibles mots soulignés, à mi parcours de la chanson, d’un fil d’Uilleann Pipes.
« La cime des grands arbres, rejoignant les étoiles
Seront flèches de cathédrale, solides mâts de grand voiles
l’or, l’argent, le marbre n’auront chance au grand bal
D’éblouir du moindre charme ce quai banni d’escale… »
En piste 9, vous apprécierez, sans aucun doute, comme nous, « L’eau des bayous », durant laquelle nous avons le plaisir de retrouver, en duo, les voix de Serge et de Gary avec, dans une ambiance « on the road », un texte très pictural posé sur la toile d’une mélodie cajun.
Et puis, au sein de cet opus, il y a la sombre chanson « Boom la bombe », semble-t-il, la préféré de Serge qui, dans Ouest-France, précise :
« On l'a écrite après avoir plaisanté sur le nombre de bombes qui pouvaient circuler autour de Lorient, notre ville d'origine. Puis, on a élargi le sujet avec ce qu'il se passe dans le monde aujourd'hui ».
« Quelques nouvelles du front » qui est, au delà du titre de l’album est, également l'une des chansons de l'album qui brocarde l’oisiveté des soldats qui, quand il n’y a pas de guerre, attendent, peinards le défilé du 14 juillet. Mais ne vaut-il pas mieux qu’il en soit, ainsi ?
Au fil du programme de l’album, les cornemuses d’Anthony MASSELIN et Nicolas MAX, les caisses claires de Yann CUMUNEL et de Josselin DUBOIS viennent, régulièrement, se mélanger aux saveurs maritimes et intensifier les couleurs bretonnes, celtiques.
Dans cette optique, même si la guitare électrique s’invite, venant flirter avec les instruments traditionnels, l’ambiance « bagad » est, parfaitement, garantie dans « Bel air », l’unique et solennel instrumental de l’opus, composé par SOLDAT LOUIS.
Bon anniversaire, SOLDAT LOUIS !
Vous êtes, toujours, là et bien là et si votre parcours a connu des hauts, même des très hauts, avec notamment, deux disques d’or et quelques vents contraires, aventure contée avec lucidité, mais sans regret ni amertume, dans « Trente ans déjà », laissez-nous lever notre chope à la réussite de ce dernier opus. Nous le ferons, naturellement, en chantant avec vous cette version 2 de « Du rhum des femmes » comme l’entonne votre public qui « dialogue » avec vous, au travers de cette version, par rapport à l’original, plus scandée, plus punk, enregistrée lors de l’un de vos généreux concerts.
Amis visiteurs, nous vous conseillons cet album, presque paradoxal, où les histoires sombres, glauques, nostalgiques, se marient à des mélodies, finalement, assez festives !
Ca doit être ça, le talent d’un équipage qui sait vous embarquer, à la fois, dans les vagues de la fête, mais, aussi, dans les abysses des réflexions plus existentielles, sous-jacentes.
SOLDAT LOUIS, ne rompez pas les rangs, vous manqueriez beaucoup, par votre style spécifique, à la scène maritimo-rock-celtique actuelle !
Gérard SIMON
Illustration sonore de la page : SOLDAT LOUIS - Album : «Quelques nouvelles du front» : «Tout l'monde à bord» Extrait de 01:08.
Pour écouter d'autres extraits sonores : (voir le site)
Les titres du CD «Quelques nouvelles du front» de SOLDAT LOUIS :
01 - Billevesées et Balivernes - 04:05
02 - Et boom la bombe - 04:02
03 - C'est l'bordel - 02:38
04 - Quelques nouvelles du front - 04:17
05 - Tout l'monde à bord - 03:47
06 - Mercenaires - 04:05
07 - Du vent - 04:18
08 - S'envoleront - 03:25
09 - L'eau des Bayous - 03:47
10 - Siècles barbares - 04:40
11 - Trente ans déjà - 04:02
12 - Bel-air - 03:17
13 - Du rhum, des femmes V2 (Live) - 04:42.
Total : 51:05
CD «Quelques nouvelles du front»- SOLDAT LOUIS
Parution : 8 décembre 2017
Distirbué par COOP BREIZH - (voir le site)
Réf : 4016159
Le site Internet du groupe : (voir le site)
© Culture et Celtie
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