En cette époque où les émissions de CO2 sont criblées à la loupe, et avec raison, il apparaît lorsque l’on regarde le schéma des transports de l’agglomération rennaise qu’un certain nombre de choix faits sont tout à fait discutables.
En effet, alors que le métro comportera bientôt deux lignes, aucun de ces deux axes ne dessert des quartiers situés hors de la rocade, et encore moins des communes limitrophes, et ce bien que toute la Métropole finance le coûteux investissement. Ce qui amène de nombreux habitants de cette Métropole à prendre leur voiture tous les jours pour rejoindre les parkings relai, afin d’avoir ensuite l’insigne honneur de pouvoir prendre le métro rennais. Ce qui explique l’encombrement chronique de la rocade rennaise et des pénétrantes tous les matins et soirs de la semaine, une source pharaonique de CO2. Et la deuxième ligne, obéissant au même schéma intra-rocade, ne devrait pas y changer grand-chose.
Un aéroport non desservi
La deuxième ligne va donc être mise en service, et on remarquera que son trajet est par ailleurs pour le moins étonnant. Ainsi, alors que le projet d’aéroport de NDDL est abandonné et que le premier ministre a évoqué une modernisation de l’aéroport de Rennes, la deuxième ligne s’arrête à la Courrouze, intra muros donc, à seulement quelques encablures dudit aéroport. Comment expliquer aux futures générations de Rennais, qui ne seront pas au fait de l’interminable débat qui a précédé l’abandon de NDDL, que l’aéroport de Rennes n’est pas desservi par un Transport en Commun en Site Propre ?
Cependant, en dehors du fait que cette deuxième ligne a également la particularité de croiser deux fois la première avant de la suivre en parallèle sur près de trois kilomètres, tout en laissant non irrigués des quartiers rennais qui auraient pu bénéficier d’un tracé plus cohérent (parc d’activité Oberthur, quartier Saint-Hélier), c’est au nord de Rennes qu’une autre anomalie criante apparaît.
Quid de Cap Malo ?
En effet, depuis 2006, on a vu se construire une vaste zone commerciale sur les communes de Mélesse et de la Mézière, le fameux Cap Malo. Cette zone commerciale couvre maintenant, en y joignant les entrepôts de la Route Du Meuble, près de 80 hectares. Elle comprend des grandes surfaces commerciales, un complexe de cinémas, un hôtel, des restaurants, un bowling, un golf. C’est dire combien on peut la considérer comme attractive. Pourtant, l’accès principal de cette zone reste là aussi la route et son flux de voitures. On croirait un projet né avant le premier choc pétrolier… A tel point que, si rien n’est fait, cette zone commerciale et de loisirs finira par s’appeler Cap Carbone !
Il devient urgent de penser à une desserte en Transports en Commun en Site Propre de Cap Malo, mais aussi de palier aux carences en TCSP de nombreux points névralgiques au sein de la Métropole dans cette direction. Pourquoi pas ne pas mettre à l’étude une ligne de tram-train qui relierait les abords de la station de métro Villejean Université à Cap Malo, en desservant au passage (enfin !) le quartier Beauregard/Préfecture, le centre hospitalier privé de Saint-Grégoire, Montgermont et La Chapelle-des-Fougeretz, irriguant ainsi la Route du Meuble. Ce projet pouvant être adossé à la création de sociétés de livraison des commandes par véhicules électriques. Tout le monde y gagnerait.
Les TCSP métropolitains, enjeu des prochaines municipales
La desserte en TCSP de la première couronne de la métropole rennaise, ainsi que la maîtrise des dégagements de CO2 dans les échanges Rennes/reste de la Métropole sera de toute évidence un des enjeux des prochaines municipales et métropolitaines. C’est une question de logique, et de santé publique !
Frank Darcel, président de Breizh Europa
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