Vivre Ensemble ou Construire une République d'Europe

Reportage publié le 22/01/18 9:11 dans Europe par Philippe Argouarch pour ABP
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Denis Mc Shane et Ulrike Guérot

Quel vivre ensemble dans des nations européennes en proie aux revendications indépendantistes ? C'était le thème du premier débat de la journée du 20 janvier à Rennes lors des Assises de la citoyenneté avec Ulrike Guérot, professeur à Danube Université Krems (PhD) et politologue, Antonio Rodrigues, Galicien journaliste AFP et Denis Mc Shane, ancien ministre britannique des Affaires étrangères. Modéré par Laurent Marchand de Ouest-France.

Changer d'État-nation

Même si l'humour britannique de Mc Shane a fait rire, c'est la Dr Ulrike Guérot qui a recueilli les plus chaleureux applaudissements avec ce qui apparaît de plus en plus comme LA solution aux problèmes de l'Europe, une république d'Europe pour tous, avec les mêmes lois pour tous. Ce nouveau projet politique devra remplacer les états existants. Guérot propose de changer d'États-nations, de passer de l'Etat-nation France ou de l'État-nation Belgique ou de l'État-nation Espagne, à l'État-nation Europe. Cette République de citoyens européens répond, pour Guérot, à la fois aux populismes, aux séparatismes, aux manques de représentation politique et à l'inégalité des lois et des avantages sociaux et, on le devine, à l'inégalité de la fiscalité.

Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel ; elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. __Ernest Renan 1888 (1)

L'Europe aux cent drapeaux

Alors quel avantage pour la Bretagne ? Tout simplement, Ulrike Guérot propose que les unités de bases soient les régions et non pas nos vieux États-nations. Elle propose pas moins que l'Europe aux Cent Drapeaux (voir notre article) de Yann Fouéré. "Il faut institutionnaliser la solidarité au niveau européen. Ce qui fait la nation, c'est l'unité normative et la solidarité institutionnalisée comme l'avait dit le sociologue français Marcel Mauss" . À noter, qu'Ernest Renan avait aussi prononcé le mot "solidarité" dans son fameux discours Qu'est-ce qu'une nation. "La nation est une solidarité..." avait déclaré Renan.

(1) Qu'est ce qu'une nation ?. Discours à la Sorbonne du 20 mars 1888 p.40.

Modifié le 22 janvier à 22 heures.


Vos commentaires :
Dimanche 28 avril 2024
@ Philippe Argouarch,

«égalité devant la loi»... même si vous évoquez Rousseau, vous le dites vous même ce concept existait en Europe bien avant cela... mais à part quelques passionnés d'histoire comme vous et moi, qui vraiment le sait dans la population???

Cette égalité devant la loi (des Bretons et des Barbares germaniques) qui s'imposera ultérieurement est d'ailleurs la raison du mythe du fameux vase de Soissons, où un roi franc (Clovis) justifiait rompre avec cette égalité car tel était sa volonté... (une histoire que l'on apprend plus aux écoliers bretons tout comme les lumières que leur tradition culturelle l'égalité celtique....) mais aussi la célèbre phrase de Louis XIV (''... l'état c'est moi...'') une phrase que n'aurait jamais pu prononcer un Duc de Bretagne car on oublie aussi que la Bretagne était en écart total avec l'absolutisme de l'état français tant vanté dans nos écoles... tout comme c'était d'ailleurs également le cas du Saint Empire qui sous un empereur commun disposait d'une multitude de systèmes politiques : royaumes monarchiques, royaumes élus (le roi est élu), républiques, villes libres, etc.... (la tradition germanique d'égalité devant la loi ne s'est pas effacée de la même manière qu'en France...)

On a trop tendance à voir les siècles passés sous le seul regard du système français... système qui malheureusement a fini par l'emporter avec la Révolution et la création du nationalisme étatique (Etat-Nations)... car pour limiter la menace française l'Europe a du utiliser les mêmes armes... l'absolutisme étatique... ce qui nous a donné de beaux empires et 2 magnifiques guerres mondiales et aujourd'hui un Conseil Européen (club des états-nations) qui irrite au possible les citoyens européens.

Comme le disait dernièrement une journaliste qui faisait un reproche à la Pologne et à la Hongrie : ils considèrent que le peuple est souverain et s'autorisent à changer les lois de l'état-nation, ce qui est inacceptable en Europe...

Je pense que votre exemple de qualifier la Suisse d'Etat-Nation est discutable....
Certes la nation suisse n'existe pas historiquement, elle est composé des plusieurs d'éléments des nations germaniques/françaises et italiennes... La Suisse s'est constitution par la volonté des habitants de ce territoire qui avait en commun un environnement montagnard...
L'état en Suisse est justement en confédération, c'est à dire une union consentie... le projet suisse.

(Nous avons un exemple similaire en Bretagne, avec Lambert Comte de Nantes et franc de nationalité qui a fait le choix du projet Bretagne avec Nominoé puis Erispoé... probablement parce que cette adhésion était géographiquement une évidence mais aussi par la nature de la population nantaise qui était faiblement franque et bien plus bretonne).

L'état Suisse n'existe donc que par la volonté de ses habitants... et il n'a jamais été question d'abandonner l’identité culturelle des habitants au profit de cette union, chacun reste maître de ses choix sur son territoire...

Il s'agit donc d'une démarche pleinement démocratique...

Cette dimension démocratique, du libre consenti, est tellement important que le sacro-saint ''droit à l'usage de la violence'' réservé exclusivement à l'état dans les autres pays est resté le droit du citoyen en Suisse... et oui, les armes de l'armée sont détenus par les civils (les civils sont en suisse plus armés que les américains), chaque citoyen suisse à le droit d'acheter des armes de guerre (même s'ils ne possèdent que peu d'armes en dehors des armes de la milice) et surtout ce droit d'acheter des armes de guerre est uniquement réservé aux citoyens suisses (même un naturalisé est exclu de ce droit bien que devenu citoyen suisse).

On se rappellera l'épisode que vote démocratique contre l'implantation des minarets, simple expression démocratique... qui avait soulevé l'indignation des états-nations européens et la profération de menaces.... (l'Europe actuelle des états-nations et la suisse ayant visiblement un avis différent sur le terme démocratie). C'est un fait, en Europe actuelle quand le peuple décide, ça pose problème...

Donc, je pense que l'état suisse est suffisamment spécifique pour ne pas être intégré à la définition des états-nations...
En tout cas, nous sommes sur un exemple très différent de la majorité des états-nations tant en Europe quand Afrique ou l'état s'impose aux populations, en Suisse c'est exactement l'inverse.


Madame Guérot a évoque les Corses et les Bretons comme unis par la France, un principe à ne pas changer...
Quand les Bretons et les Corses ont-ils librement consenti à cette union???
Or Bretons et Corses sont d'accord sur une union mais au-travers de l'Europe, pas de la France...

Or justement, je pense que ce que Yann Fouéré nous propose se rapproche plus à une union consentie à la manière de la confédération helvétique, que sur un concept d'état-nation...

Si j'ai bien compris Madame Guérot, elle rêve d'un état idéal qui respecterait les identités et les peuples... or un tel état n'existe pas en tant que tel, sauf si comme en Suisse il est issu de la volonté populaire et n'existe que par la volonté populaire.

Je pense très sincèrement que nous sommes d'accord sur l'essentiel, mais vous avez raison les mots précis et la compréhension de leur définition est essentiel.

Cordialement,

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