Patrick Mahé, conseiller municipal de Vannes pour l’identité bretonne et délégué à l’internationalisation de l’image de la Ville, vient de publier «100 jours avec Elvis», livre-album aux éditions du Cherche-Midi. Il préface également Johnny Le Guerrier de Gilles L'Hote, seule nouveauté sur Johnny Hallyday avant le peloton des rééditions de toutes sortes, paru chez Robert Laffont. Appelé par CNEWS pour commenter les obsèques de Johnny Hallyday pendant quatre heures, en direct des Champs Elysées jusqu’à la Madeleine alors que Philippe Manoeuvre en faisait de même sur BFM, l’ex-directeur de Paris Match et Télé 7 jours, recordman mondial des « Unes » sur l’idole des jeunes, a démontré une fois de plus avec charisme sa passion pour le rock’n’roll. Rappelé une deuxième fois chez Pascal Praud sur CNEWS pour «l’heure des Praud» le lundi matin, Patrick Mahé, par ses anecdotes croustillantes, a prouvé s’il était besoin que son ex-statut de directeur de Paris Match, était (au moins) aussi stratégique que celui de diriger la DGSE, dite, «la Piscine». Alors, who’s next ?
ABP : Votre chanson préférée de Elvis ?
Patrick Mahé : Sur les 765 chansons interprétées par Elvis Presley, on distingue plusieurs catégories : Gospel, Rythm'n'blues, Hillbilly style, balades, musique country et Rock'n'Roll... On ne peut donc placer «Une» chanson en tête, tant son oeuvre est diverse. C'est la raison pour laquelle, quels que soient les classements des «Billboards» et autres «Top 100», il s'est classé premier partout. «That's allright (Mama)» la chanson rénovée à son rythme, le 5 juillet 1954, signe la «révolution» du Rock'n'Roll. Sans elle, Elvis ne serait peut-être resté qu'un apprenti chanteur accompagné de musiciens de studios, qui valaient mieux que ça, notamment le guitariste Scotty Moore. Sinon, «An American Trilogy», unissant l'hymne du Sud (Dixieland) à celui du Nord, reste un «must» du genre ; pour les Celtes, «Amazing Grace»... Il a su ressusciter ce cantique du XVIIIe siècle en hommage à son aïeul, Andrew Presley, victime du nettoyage ethnique conduit par l'Anglais, après la dernière bataille des clans à Culloden, en 1746.
Fidèle Elvis à ses racines ancestrales (Aberdeen). On peut rêver : s'il avait été Breton, il aurait pu interpréter le «Bro Gozh» et là... Disque de diamant ou de platine assuré pour l'hymne breton ! Enfin, tous les ados ont frémi aux premières amours sur «Love Me Tender».
ABP : Son legs musical est-il plus important que celui des Beatles ou Michael Jackson ?
Patrick Mahé : Il n'est que de comparer le tableau des certifications de l'Industrie du disque : 197 disques au Top, soit 54 disques d'or (500.000 ventes), 27 de platine (1 million), 7 de multi platine (2 millions), un disque de diamant (10 millions), pour mesurer cet héritage. Par comparaison, Les Beatles (à 4) totalisent 122 trophées. Michaël Jackson, Frank Sinatra, Les Rolling Stones et Madonna sont derrière... 40 ans après la disparition d'Elvis. La performance est d'autant plus notable qu'au début (années 1950-60) celui de la vague du Rock'n'Roll, les foyers étaient peu équipés en tourne-disques.
ABP : Avez-vous visité Graceland, sa demeure musée à Memphis ?
Patrick Mahé : Oui, bien sûr. Le site vient d'être ultra-modernisé avec hôtel 4****, musée des voitures, musée aux tenues de scène et aux trophées. Et, naturellement, le jardin cimetière dit «Jardin des méditations». C'est le deuxième monument le plus visité aux États-Unis après La Maison Blanche.
ABP : Votre film préféré avec Elvis acteur ?
Patrick Mahé : Sur 31 films, dont malheureusement trop de «bluettes» commerciales orchestrées par son manager, le vrai-faux «Colonel» Parker, j'en retiens trois : «Love Me Tender» (1956), «Flaming Star» (1960) et «Charro» (1969), sorte de western à la Sergio Leone qui serait allé comme un gant à Clint Eastwood. Le comble, pour ces sordides affaires commerciales, Parker lui a fait rater le rôle du chef des «Jets» dans «West Side Story» (il aurait joué aux côtés de Natalie Wood !). En accord avec la maison de disques «RCA», Parker se contentait de faire d'Elvis un «singing actor» et non un acteur tout court, ce dont il rêvait (à la James Dean). Il préférait l'engager sur des «nanars» façon «GI Blues», suivis du traditionnel disque 33 Tours, plutôt que sur West Side Story.
ABP : L'avez-vous vu en concert ?
Patrick Mahé : Non, à six mois près. Mon premier séjour à Las Vegas remonte à 1978. Elvis est parti au «Hillbilly Heaven» (le paradis des chanteurs) comme l'expriment si bien Dolly Parton, Loretta Lynn et Tammy Wynette, en... 1977 ! Six mois plus tôt, donc...
ABP : Et eu l'occasion de le côtoyer et dans quelles circonstances ?
Patrick Mahé : Non, mais les dizaines et dizaines de «Look Alike» (sosies) ont même un syndicat... Avis aux amateurs de fantômes (écossais ?)
ABP : Serait-il possible aujourd'hui et avec qui de faire un enregistrement dit «Million dollar quartet» ? (j'expliquerai ce que fut cet enregistrement)
Patrick Mahé : Le «Rat Pack» (Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr, Peter Lawford) l'a fait aux États-Unis, mais ceci était programmé. Beaucoup de stars, depuis, de Paul Mc Cartney à Bruce Springsteen, ont produit des disques avec leurs «guests» (invités). Mais là encore, c'était programmé par les managers et producteurs. Pour le «Million dollar Quartet» c'est à Sam Phillips, propriétaire des disques «Sun» (qui révéla Elvis) que l'on doit cet objet fétiche venu d'ailleurs. Jerry Lee Lewis, Carl Perkins et Johnny Cash enregistraient de leur côté. Elvis a débarqué à moto. Il s'est posé au piano et hop, c'est parti dans les gags, les fous-rires... et les vocalises. Sam Philips a eu l'intelligence d'ouvrir les micros.
Peut-être, cela aurait-il été possible, en France, lors de la tournée des «Vieilles canailles» (Johnny, Eddy Mitchell, Jacques Dutronc)...
ABP : Quel lien y a t-il entre Elvis Presley et Johnny Hallyday ?
Patrick Mahé : Sans Elvis, pas de Johnny. Sans Elvis, pas de Beatles (dixit John Lennon). Enfant, Johnny a été subjugué par Elvis au cinéma (rôles dans Love Me Tender et Loving You). Enfant de la balle, grandi dans les bagages de tournées de ses cousins à travers l'Europe, il a décrété : «Je veux être Elvis». Il rêvait aussi d'être James Dean (La Fureur de Vivre) et même Marlon Brando L'Équipée sauvage). Le look, la coupe de cheveux, les jeans, les blousons de cuir, le culte des Harley-Davidson, la fameuse «Rock'n'Roll Attitude» en découlent naturellement...
ABP : Le blues rock'n'roll du Delta pourrait -il de nouveau resurgir au travers d'un chanteur icône en 2018 ?
Patrick Mahé : Le répertoire est tel et les interprètes si nombreux que chaque terroir du Vieux Sud continue de produire ses icônes et de reproduire leurs prophètes !
ABP : Quelle question voudriez-vous lui poser là où il repose aujourd'hui ?
Patrick Mahé : Une petite place pour Johnny H. au «Hillbilly Heaven» ? Amazing Grace !
Pour rappel, lors d’un repas à Carhaix lors du concert de JH aux Vieilles Charrues, Patrick Mahé avait proposé à Johnny Hallyday de mettre des cornemuses sur scène pour y jouer «Mull of Kintyre», Bagad de Carhaix aidant. L’idole était pour, c’est Jean-Claude Camus, producteur de l’époque qui s’y était opposé, d’un point de vue purement technique, pas artistique ou «identitaire».
Patrick Mahé est en dédicace aujourd’hui à Lorient au «Vent des Mots» de 15 h à 18 h, pour dédicacer «Culture Whisky, Culture Rhum» ou encore ses ouvrages sur «Elvis», et le «Morbihan». Et demain chez «Cheminant» à Vannes, aux mêmes heures. Le 19 au soir, au «Scott» de Saint-Nazaire, soirée culture whisky pour une conférence, avec dégustation.
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