Livre sérieux et documenté, ce nouvel ouvrage permet de mieux comprendre les migrations en Bretagne et ailleurs, alors qu'on a tendance à croire qu'elles sont récentes...
Le groupe de recherche Ermine (du CRBC Rennes) organise régulièrement des séminaires où sont invités des universitaires de nombreux pays (Colombie ce vendredi, Irlande, Catalogne, Québec, Yacoutie, Corse, Sardaigne, ...) qui permettent au groupe de mieux comprendre des phénomènes sociétaux, toujours à propos de minorités nationales.
Plusieurs publications ont vu le jour, comme en 2013 : «De la domination à la reconnaissance : Antilles, Afrique et Bretagne» en 2013, «Bretons, Indiens, Kabyles : des minorités nationales» en 2009, quatre en tout, portant toutes sur des questions touchant aux peuples minorisés.
Dans cet ouvrage, l'étude de l'émigration bretonne et des migrations vers la Bretagne est abordée, mais, comme le dit Ronan le Coadic en préface, elle constitue encore «un vaste chantier, encore largement inachevé».
Six communications sont regroupées sous le titre «Migrations, diasporas ? » où le terme de diaspora est interrogé, les migrants dans la mondialisation par Yvon le Bot, l'Irlande terre d'émigration au XVIIe siècle par Éamon O Ciosain, ainsi que les Gallois de Patagonie par Fernando Raùl Coronato.
Onze autres textes abordent l'émigration bretonne dans les sociétés préindustrielles (1450-1850), l'émigration dans les Côtes d'Armor de la Révolution à nos jours, «Feiz ha Breizh» et les phénomènes migratoires, les Bretons du Havre. Thierry Compain aborde aussi la manière dont il a traité l'émigration vers Paris dans son film «Nous n'étions pas des Bécassine».
Enfin, les six derniers textes parlent des migrant.e.s en Bretagne, des Juifs du Moyen Age à Vichy, de l'identité juive à Rennes, le rejet des gens du voyage en France, des représentations chinoises de Brest, et Aude Etrillard aborde la question des migrants britanniques en Bretagne intérieure.
En ce qui concerne les migrants aujourd'hui en Bretagne, il est difficile en absence d'étude sérieuse de tirer des conclusions, mais on peut lire en fin d'ouvrage :
«Enfin, face à la défiance de l'administration française envers les demandeurs d'asile, on constate aujourd'hui qu'une mobilisation associative se produit, au nom de la tradition d'accueil bretonne ; pourtant il n'est pas démontré que les étrangers soient mieux accueillis en Bretagne qu'ailleurs. Et les migrants bretons, eux, comment ont-ils été accueillis ? »
Plutôt bien aux États-Unis, dans le Languedoc, moins bien à Jersey, à Paris où «une image réductrice de la femme bretonne est figée en stéréotype ethnique régional».
Ronan le Coadic conclut en disant qu'il existe quatre types identitaires chez les Bretons de Paris : «le paysan de Paris, le bipolaire déchiré, l'urbain résigné et l'urbain convaincu».
Bretagne, Migrations et Identité
sous la direction d'Aurélie Épron et Ronan le Coadic
Presses Universitaires de Rennes, 2e trimestre 2017
26 euros
■