Les tondues : 20 000 femmes silencieuses mises à l'honneur

Chronique publié le 31/08/17 0:39 dans Festivals par Fanny Chauffin pour Kerne Multimédia
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Les Tondues, les Rias, 1er septembre 2017

Ressusciter ces femmes qui n'ont pas écrit leur vie, qui n'ont pas parlé d'elles... Alors, comment parler de cette mémoire collective, de ces hommes et de ces femmes qui riaient de les voir tondre, de ces destins difficiles, pour elles, leurs enfants ? Comment faire le lien avec les chevelures de ces femmes que l'on cache, que l'on coupe, avec le corps des femmes tout simplement, objet de convoitise mais aussi territoire à conquérir, à soumettre, juste après la victoire du vote des femmes, les grèves de la faim des suffragettes, les droits élémentaires de la moitié des êtres humains sur cette planète ?

La mise en scène est sobre, les tableaux différents, les acteurs incarnent des rôles étonnants (le petit fils qui revient sur les traces de sa grand-mère tondue, la vieille dame qui retrouve à Quimperlé les traces de Lili, sa meilleure amie, tondue, et la jeune fille qui elle aussi découvre un secret de famille...).

La compagnie "les Arts Oseurs" vient du centre de la France, c'est leur deuxième partenariat avec les Rias. Le premier parlait des Français des banlieues, dans "Carnet de Famille". Avec les Tondues, la metteure en scène, Périne Faivre, a écrit un très beau texte. Pour elle le théâtre de rue, en ces temps hypersécuritaires est devenu un "vrai sport de combat".

Un très bel hommage à la vie, à ces femmes, et un appel à la vigilance, à l'avenir de nos choix et de nos engagements...


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Vendredi 3 mai 2024
Il suffit de lire la collection de Henri Amouroux (40 millions de pétainistes), pour se rendre compte de la Haine farouche avec laquelle on assasina impunément, hommes, femmes, enfants, sans jugement, sans prêtre, sans rien... Il a fallut que les langues se délient lors de la sortie de son premier ouvrage, avec une indication finale : envoyer-moi vos témoignages. Le résultat fut la réception de milliers de témoignages qu'il dut patiemment ausculter. En effet, une enquête s'imposait avant de publier ce qui pouvait être de la délation ou une simple vengeance mesquine. Des mois plus tard, on remis quelque-peu les choses en ordre. On fusilla les assasins, on condamna, on ferma les yeux, le temps passa. Ce couple de châtelains, innocentes victimes de je ne sais quel fou prétendu libérateur de la France, fut jeté au fond du puits de leur propriété avec leurs enfants. Ils furent exhumés des mois plus tard. Si mes souvenirs sont bons, leur chien subit également le même sort. (les Allemands avaient réquisionné leur propriété, leur laissant un espace de vie. Cela suffit pour faire d'eux des collabos. Ce qui n'était évidemment pas le cas.)
C'est un déchainement de violence sans précédent, chacun rivalisant d'ingéniosité pour endosser un épouvantable costume de juge-bourreau (dans un but évident, s'auréoler de gloire en exterminant les ennemis de la France).

Les sentences que subirent ces femmes était doublement cruelles. Car elles étaient marquées à vie. Au pire déménager pour ne plus subir les honteuses vexations quotidiennes. Ce châtiment est déjà cité dans de vieux textes médiévaux. Lors d'un départ aux croisades, le roi Richard d'Angleterre fit publier les sanctions qui frapperaient les voleurs. « Celui qui sera convaincu de vol sera tondu comme un champion, on lui versera sur la tête de la poix bouillante et on y adaptera des plumes pour qu'on le reconnaisse.» Il est vrai que l'on évoque peu la poix (goudron) lors de ces crimes commis lors de la libération, mais le fait est avéré (pour avoir connu personnellement une femme ayant connu ce triste sort, et entendu des témoignages). Il existe de mêmes châtiments dans la Loi du Talion (Code Hammourabi).

Conclusion : ou plutôt une question; Comment des hommes dits civilisés, ont put, voilà à peine 72 années, employer des châtiments datant d'une autre époque révolue. La violence barbare est-elle inscrite à vie dans les gênes dits humains. Une autre question qui me taraude l'esprit : cela serait-il encore possible de nos jours ? Car on peut parler pendant des heures, des jours, des mois, de la guerre, si nous n'en tirons pas les conclusions qui s'imposent. Comment un seul homme peut-il entraîner tout un peuple dans la guerre (ou une armée) ? (sans référence au petit caporal). Et comment le peut-il encore ?

C'est peut-être la grande question que l'on devrait se poser pour ne plus revoir de telles horreurs. Je citerais pour terminer une réflexion d'Anatole France : « On croit mourrir pour sa Patrie ; on meurt pour des industriels.» La guerre économique dans laquelle nous naviguons actuellement ne nous inciterait-elle pas à exiger impérativement plus de démocratie (contrôle du peuple) afin de freiner certaines ardeurs guerrières ?

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