Edwy Plenel et Jupiter : perdre ou non son humanité ?

Chronique publié le 26/08/17 18:04 dans Politique par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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Douarnenez, chapiteau des débats, 2017

C'est Edwy Plenel qui ouvre le débat «Agir ! Hospitalité et solidarité. La solidarité, plus que jamais un délit ? », et présente ses invités : SOS Méditerranée, Roya Citoyenne, Felix Tiouka, Michel Agier. Ils sont là pour parler de la difficulté qu'a la France de «gérer» les arrivées de migrants sur son territoire. Revenant d'un rassemblement d'Attac international, le rédacteur en chef de Mediapart brandit leur tract qui explique qu'il n'existe pas une crise des migrants, il existe une crise de l'humanitude, que cette façon de faire des Européens se retournera contre eux, que Jupiter doit descendre des nuées pour prendre des décisions compatibles avec un pays républicain...

Pendant une semaine le festival a parlé des frontières, des murs qui se construisent partout dans le monde, des scandales de la frontière mexicaine où les Indiens sont maltraités, prolétarisés, humiliés...

Expositions, bulles sonores (en partenariat avec France Culture), caravanes de Rhizomes (en lien avec Bretagne Culture Diversité), des plateaux très fournis de musiciens, d'artistes, de cinéastes, de plasticiens... ont permis d'aborder le thème choisi cette année : «les frontières».

Pour son 40e anniversaire, fort de ses équipes de bénévoles, le festival se porte bien, et les luttes ne faiblissent pas, qu'elles soient sociales, écologiques, sexuelles, ... Les sourds ont aussi toute leur place, chaque débat étant signé. La culture se produit aussi ici avec les vidéastes de Ty zeff, le quotidien «Kézako» (en ligne sur le site du festival), les nombreux films coproduits ou réalisés par des artistes douarnenistes. La création contre la barbarie, l'information contre l'ignorance : le festival porte toutes ces valeurs, à charge pour chaque participant de diffuser, parler, échanger et agir... à son retour de Douarnenez.


Vos commentaires :
Yann pevar
Jeudi 26 décembre 2024
Et voila ce que régis debray en disait dans son livre éloge des frontières

Qu’est-ce que vous reprochez au «sans-frontiérisme»?
Il est sympathique, mais pèche par orgueil. La frontière, c’est la modestie : je ne suis pas partout chez moi. J’accepte qu’il y ait de l’autre et pour faire bon accueil à un étranger, il faut avoir une porte à ouvrir et un seuil où se tenir, sinon ce n’est plus un hôte mais un intrus. Un monde sans frontières serait un monde où personne ne pourrait échapper aux exécuteurs de fatwas ou aux kidnappeurs de la CIA. Vous n’auriez plus d’endroit où vous réfugier. Les frontières existent même sur Internet. Les blogs et les sites contestataires jouent des législations d’une nation contre une autre pour mettre à profit les contradictions entre pays. La méconnaissance des frontières relève d’un narcissisme dangereux, qui débouche sur son contraire : les défenses paranoïaques. Une frontière invite à un partage du monde et décourage son annexion par un seul.


Paul Chérel
Jeudi 26 décembre 2024
Je rejoins Jean IV sur son commentaire même si la référence à Régis Debray ne figure guère dans mes incitations à la lecture. Paul Chérel

Naon-e-dad
Jeudi 26 décembre 2024
Il est fort intéressant d'entendre le directeur de Mediapart évoquer le grain de sable capable de freiner la machine, lui qui fait partie de la «machine médiatique».

Il est fort intéressant d'entendre M. Plenel évoquer le qualificatif de «justes» à propos de deux de ses connaissances ou repères. Au nom de quoi et sur quels critères décerne-t-il de tels brevets, on ne le sait pas, en tout cas pas dans ce morceau de video.

M. Plenel, ancien journaliste au «Monde», avant de fonder le site «Mediapart», dans les deux cas avec une plume incisive, est certes un personnage qui a su prendre sa place dans le système médiatique francophone. Je serais très prudent en revanche dès lors qu'il s'invite en grand guru, en Bretagne ou ailleurs.

Diwall d'an dud hag a blij dezho c'hoari ar mestr er gêr. A chacun son maître, le mien n'est pas plus Jupiter que M. Plenel.


Lucien Le Mahre
Jeudi 26 décembre 2024
En plus de la morale politico-humanitaire que notre orateur est venu répandre à sa manière sur nos rivages atlantiques, jugés sans doute fort dépourvus en la matière ou en tout cas plus dépourvus encore que nos politiques aux affaires et aux manettes, probablement insensibles à ses appels, j'ai relevé la phrase suivante :

«Un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre».

Belle formule chevaleresque comme on les aime.
Quoique finalement je l'avoue, je n'ai pas tout compris.

De quel peuple oppresseur veut-il parler ? Et de quel peuple opprimé ?
Ah, c'est vrai : nous autres hexagonaux sommes facilement généralistes et universels. Il n'y a pas d'exemple ou il y en a partout !

Mais quand même, excusez-moi d'insister, un peu vétillard je reconnais : on est vraiment sûr que les deux peuples en question ne sont pas libres ?
Je veux dire dans les mêmes proportions ?

Car au bout du compte, d'après les laborieux calculs qui me plissent le front, si pour l'oppresseur il s'agit sans nul doute d'une forme d'aliénation morale, pour l'opprimé cela se gâte carrément puisqu'il s'agit d'aliénation totale, physique et morale.

Du coup on aimerait bien malgré tout un exemple précis. Juste pour illustrer ...
Ou alors on en invente, au hasard, simplement pour voir.

Tenez : la Bretagne opprime la France ! Pas de hauts cris : un cas de figure je vous répète !
Eh bien, la France serait bel et bien dans les chaînes, mais la Bretagne aurait tort de se réjouir stupidement, car elle serait rongée jusqu'à la moelle par le drame de sa nouvelle condition : l'aliénation et la servitude morales !

Effrayant ...


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