Après l’interview d’Arno le Gallo, un festivalier habitué Morbihannais du Motocultor, place à Nadine le Goff-Carnec, maire de Saint-Nolff. Ce maire sans étiquette de 54 ans, dont vous trouverez un lien de datant de 2014 en fin d’article sur son parcours, adopte volontiers le kit du Métalhead chaque dimanche qui clôt le festival et participe en spectatrice à chaque conférence de presse/ bilan de Yann le Baraillec, en backstage. Elle suit et accompagne attentivement la manifestation, sur le terrain et de son bureau toute l’année à Saint-Nolff, ainsi que de celui de « Golfe du Morbihan Vannes Agglomération ». En 2016, elle a plus que « jouer le jeu » et est partie en live slamer pendant le concert de Vektor, ça a fait le tour de l’Intercom’ et pas seulement... les journaux et fanzines Metal connaissent dorénavant ce maire atypique et ouverte à tous les styles musicaux et qui a aussi de façon privée participé au crowdfunding pour aider le festival.
ABP : Pouvez-vous nous présenter Saint-Nolff en quelques mots, nous dire depuis quand vous êtes élue à la tête de la commune et si vous avez d'autres responsabilités dans le département ?
Nadine le Goff-Carnec : Saint-Nolff est une commune de 3700 habitants située en première couronne de Vannes, nichée en fond de vallée dans un environnement boisé et naturel. La qualité de vie y est préservée et l’équipe municipale s’évertue à ce que la commune soit bien dans son temps en respectant l’héritage du passé. Je suis Maire depuis déjà 3 ans, ça passe vite ! Je suis également vice-présidente « Finances » à Golfe du Morbihan Vannes Agglomération depuis 3 ans aux côtés de Pierre Le Bodo qui en est le Président.
ABP : Y a t-il un élu spécifique qui suit le Motocultor toute l'année à Saint-Nolff ?
Nous sommes deux élus en relations étroites avec le Motocultor : François DOREMUS (adjoint) et moi-même. Nous assistons à l’Ag de l’association, à la réunion de bilan après le Festival. Nous avons l’occasion d’échanger régulièrement au cours de l’année et un peu plus au fur et à mesure que l’évènement se rapproche.
ABP : Quelles relations entretenez-vous avec les organisateurs ?
Nadine le Goff-Carnec : Nos relations sont excellentes car basées sur le respect et la confiance et pour moi ces aspects-là sont essentiels. La discussion est facile et directe.
ABP : Comment la municipalité aide-t-elle concrètement l'association organisatrice ?
Nadine le Goff-Carnec : Le premier soutien est la mise à disposition du site et le prêt du matériel. En matière de logistique ce n’est pas négligeable et c’est valorisé dans le budget du festival. Ensuite par la réactivité de nos réponses aux demandes formulées, les élus sont présents aux côtés des organisateurs et attestent du sérieux de l’organisation. Egalement et depuis peu par la mise à disposition (contre loyer modéré) d’un espace de préparation pour les festivités. Enfin par un soutien auprès des institutionnels (Agglo, Département et Région) pour l’obtention de subventions.
ABP : Saint-Nolff a un long passé lié à des événements musicaux, avez-vous été surprise quand le Motocultor a proposé de s'y implanter après avoir itinéré dans l'intercommunalité ?
Nadine le Goff-Carnec : J’étais déjà élue mais pas dans la majorité quand le Motocultor a fait sa première prestation à Saint-Nolff. Certains élus avaient alors voté contre la première mise à disposition du site par peur de les voir revenir. Après mon élection, les organisateurs ont demandé à me rencontrer pour savoir si j’étais favorable à ce qu’ils s’implantent sur le site de Kerboulard. Ma réponse a été de dire que les élus attendaient de voir l’organisation de l’édition 2014 et que le sujet serait revu après selon le déroulement et la prise en compte de nos demandes (site respecté, bois protégé, transparence sur les éventuels problèmes rencontrés…). Je n’ai pas été surprise par la demande, elle était même quasi évidente.
ABP : Vous êtes présente sur le terrain à chaque édition à Saint-Nolff, pourquoi ?
Nadine le Goff-Carnec : Vous m’auriez posé la question la première année, ma réponse aurait été « pour vérifier que tout se passait bien ». Avec du recul ma réponse est que je profite de l’évènement tout en vérifiant que ça se passe bien. Même si ce n’est pas du tout le genre de musique que j’écoute, l’ambiance est particulière à travers l’humour, la convivialité et les belles rencontres.
ABP : Aviez-vous des a priori sur le public Metal avant, était-ce pour pour vous du Rock basic, voire de la pop, comment voyez-vous les choses depuis 3 ans ?
Nadine le Goff-Carnec : Je n’avais pas d’a priori sur le public. Je connaissais déjà le genre de musique car mon adolescence a été « bercée » aux rythmes de ce que j’appelais du bruit, c’est la musique qu’écoutait et qu’écoute toujours mon frère. Je ne comprenais pas ce qu’on pouvait apprécier dans cette musique ni dans les posters d’ailleurs, c’était un de nos points de désaccord. Il a fallu le groupe Scorpion pour que j’évolue sur la question au point d’être allée les voir à Bercy c’était il y a plus de 20 ans, il y avait Sepultura en ouverture, Sepultura qui est passé à Saint-Nolff dans la programmation de Motocultor! Le monde est petit.
Depuis 3 ans j’ai un autre regard et je joue le jeu de m’habiller en festivalière (en noir). Chaque année je complète ma collection de t-shirts.
ABP : Avez-vous déjà été au festival Hellfest de Clisson, parlé ou contacté des élus de Clisson ?
Nadine le Goff-Carnec : Non jamais. Je fréquente un seul autre festival, celui de Paimpol, autre style de musique, et là aussi pour le sérieux et la qualité de l’organisation.
ABP : Si non, souhaiteriez vous aller une fois à ce festival pour mesurer en tant qu'élue les retombées économiques et touristiques d'un tel événement en Europe, dorénavant ?
Nadine le Goff-Carnec : Non je n’éprouve pas le besoin d’y aller. Si je devais y aller ce serait en festivalière mais je n’en suis pas encore à ce point de mon évolution. J’ai vu des reportages qui me prouvent que c’est une autre dimension dans laquelle je ne suis pas encore entrée.
ABP : Vous avez une commission sécurité jeudi, pouvez-vous nous en dire plus sur ces aspects que le public ne comprend pas toujours ?
Nadine le Goff-Carnec : La commission de sécurité est réunie sur le site pour vérifier que toutes les infrastructures sont conformes, que les règles de sécurité sont mises en place autant pour le public que pour les bénévoles, musiciens et organisateurs. Chapiteaux, installations électriques, points repas, camping, sanitaires… tout est passé en revue jusqu’à l’accès au site pour éviter des scénarii catastrophes. Ca oblige les organisateurs à être sérieux et le Motocultor est reconnu pour cela
ABP : En tant que Maire, comment les résidents de Saint-Nolff vous parlent-ils du Motocultor le reste de l'année ?
Nadine le Goff-Carnec : Passée la surprise de cette « marée noire » (rires) qui a déferlé sur la commune la première année, les retours ont été positifs sur le respect des infrastructures, sur le site qui est rendu propre, sur le comportement courtois des festivaliers…sur la commune qui s’anime pendant 3 jours. Le festival a un impact non négligeable sur notre économie : les commerces travaillent bien sur ce week end, le distributeur automatique de billet connaît sa meilleure fréquentation de l’année (important aussi pour le conserver). La population en parle très peu sauf si un article de presse évoque un problème financier, un risque de rupture. Les trois jours se passent bien grâce à l’ouverture d’esprit de chacun. Il y a des nolféens que je retrouve sur le festival chaque année, ils sont fiers car Saint-Nolff est connue aux quatre coins de France à travers le festival. Voilà le genre de remarques que j’entends.
ABP : Quels sont pour vous les qualités et les défauts des organisateurs ?
Nadine le Goff-Carnec : Les défauts ? je n’en vois pas. Quelquefois le moral en berne et l’impression de ne pas être assez aidés car c’est une musique à part qui n’est pas aussi appréciée que les autres. A cela je réponds que les collectivités connaissent des restrictions financières qui les obligent à une très grande prudence pour faire face à tous défis qui les attendent.
Les qualités ? Courageux et volontaires sont les deux premiers mots qui me viennent. Respectueux mais ça je l’ai déjà dit. Ils sont rigoureux et « carrés ». Bons vivants aussi…
ABP : Que vous leur souhaitez-vous pour l’avenir ?
Nadine le Goff-Carnec : Beaucoup d’autres éditions et plus de sérénité à préparer les programmations. Des soutiens aussi à travers des partenariats économiques mais aussi des soutiens financiers spontanés. Le crowdfunding a très bien fonctionné, preuve que ce festival doit perdurer.
Je ne leur souhaite que du bon car ils le méritent.
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