L’Ecosse étant la nation invitée au récent Festival Interceltique de Lorient, la politique écossaise s’est invitée également, mardi 8 août à l’Université populaire bretonne (1). Cette politique avait été abordée une première fois, le 7 août par l’indépendantiste Alex Salmond, ancien Premier ministre écossais, sur le thème de “Entre Brexit et indépendance, quelle place pour l’Écosse dans l’Europe de demain ?”.
Grande première pour un festival culturel ! En effet, comme d’ailleurs tout le secteur culturel breton, celui-ci n’affichait guère par le passé de dimension politique : interdit de politique ou qui s’interdit encore toute politique ? Alors qu’il n’y a rien de plus politique que la culture ! Peut-on penser la culture bretonne hors des ses enjeux politiques bretons et la politique bretonne hors de ses déterminants culturels bretons ? On ne peut pas abstraire la culture des rapports de pouvoir. Or le pouvoir politique en Bretagne est français. A la différence de l’Ecosse et maintenant de la Corse, il n’y a pas en Bretagne un seul député appartenant à un parti politique breton. Si tous ceux et celles qui défilent breton, qui dansent breton, qui chantent breton ou qui festivent breton votaient breton au lieu de voter français… Et combien de ceux qui parlent ou apprennent le breton votent-ils breton ? L’Ecosse, elle, a élu en 1945 son premier député nationaliste à Westminster, puis 14 députés en 1967. En 2016, 56 des 59 députés écossais étaient nationalistes, membres du Scottish Nationalist Party (SNP).
Fortement européen, le SNP voit le Brexit comme une opportunité pour obtenir l’indépendance de l’Ecosse. Même s’il doit s’accompagner d’un certain de nombre de renoncements (à la citoyenneté européenne, au marché commun interne à l’UE, à la libre circulation des marchandises et des personnes) et de perte d’emplois et de revenus, les atouts du Brexit pour l’Ecosse sont importants : “ a stronger Scotland” qui se libère de la tutelle britannique et instaure une nouvelle démocratie, une gestion directe de ses ressources, le développement des énergies renouvelables marines et éoliennes. Mais elle peut aussi rester dans l’UE ou si cela lui est refusé par les grands pays “démocratiques” comme l’Espagne et la France, rejoindre l’EFTA (European Free Trade Association) ou l’EEA (European Economic Area) pour bénéficier du marché européen.
Alors qu’ils disposent déjà d’une dévolution importante, les Ecossais envisagent donc sereinement, sans violence et de manière très démocratique de se séparer des Anglais. Pourquoi les Bretons n’envisagent-ils pas également de se séparer des Français, sereinement, sans violence et de manière démocratique ?
(1) Ecosse: vers l’indépendance ? Le contexte politique écossais. Le Brexit et ses conséquences - Pierre Delignière
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