Alors qu'il était simple candidat à la présidence de la république, Emmanuel Macron était venu au mois de Janvier à Ploeven dans le Finistère, dans la circonscription de Richard Ferrand, visiter un éleveur breton. ABP était présent à sa conférence de presse tenue sur place où il annonçait son plan pour sortir l'agriculture de la crise. Ce document et les engagements du candidat devenu président semblent suffisamment importants pour en faire une référence pour ce quinquenat.
Pour stabiliser les prix et éviter que les producteurs produisent à perte Macron a déclaré :
1) Vouloir développer les organisations professionnelles pour garantir les prix et les volumes avec des contrats de filières
2) Vouloir une politique européenne adaptée. Négocier dans la PAC2021 des prix des mécanismes contra-cycliques de corrections qui pallient à l'effondrement rapide des cours
3) Vouloir accompagner la montée en game de la qualité comme le passage au bio avec une mise en place d'un «programme d'investissement d'avenir agricole» avec deux priorités : la modernisation des exploitations et le développement des circuits courts
4) Vouloir valoriser les expérimentations environnementales conduites par les agriculteurs avec un fonds de 200 millions d'euros.
1) Vouloir harmoniser les règlements pour qu'ils soient appliqués de la même façon dans tous les pays européens avec les mêmes types de contrôle. Ca devra attendre les négociations de la PAC 2021
2) Vouloir revenir sur les surtranspositions (le zèle en France qui fait que les agriculteurs français ont plus de normes que dans les autres pays européens)
3) Vouloir introduire le «droit à l'erreur». Il n' y a aura plus de méchants inspecteurs ? Macron propose des contrôles de type «accompagnements» pour remplacer les contrôles dits de «sanctions»
Macron propose :
Un fonds d'investissement pour les jeunes agriculteurs qui s'installent via la banque publique d'investissements, avec un remboursement du capital in fine, je jeune n'aura à rembourser chaque mois que les intérêts sur le prêt.
--modifié le 11/07/2017
■Mais concrètement que veulent les paysans bretons?
Le porc : ils produisent plus de 66% du porc hexagonal, mais ne participent ni ne demandent rien pour gérer la filière... plus étonnant, ils refusent de valoriser leur production sous un label breton et se cache derrière un label français... (pour ne pas donner confiance, il n'y a pas mieux comme démarche => Car si affirmer une production bretonne indispose nos paysans pourquoi le consommateur devrait acheter breton...? Au final, ne vaut-il pas mieux acheter chez ceux qui sont fier de ce qu'ils produisent même s'ils ne sont pas bretons?).
Le lait : idem, ils communiquent de partout avec leur vache tricolore. Néanmoins sur ce secteur et sous l'impulsion des distributeurs, des marques valorisants la production bretonne (B5) sont apparues (la marque leclerc, agrilait et dernièrement laitik).
Ministère et Bruxelles : la quasi totalité des régions européennes disposent d'un Ministère de l'Agriculture responsable de cette activité économique sur son territoire et disposant de la capacité de dialogue avec Bruxelles. La Bretagne, l'une des principales régions agricoles d'Europe, ne dispose d'aucune gouvernance agricole (elle est gérée de l'extérieur à Paris)... De cette gouvernance de proximité nos agriculteurs ne demandent rien, pourtant il ne viendrait pas à l'idée d'aucun de leurs confères européens de se passer de cette gouvernance au profit d'une gouvernance extérieure.
Bio et intensif : Alors que partout en Europe il apparait que le bio est une activité économique comme une autre et que bio et intensif sont complémentaires et non d'oppositions, en Bretagne le bio qui correspond à l'image valorisée de la Bretagne est combattu dans une guerre fratricide d'arrière garde.
Syndicat : les événements des Bonnets Rouges ont tristement démontré que nos syndicats paysans (comme employés) étaient profondément noyautés par les syndicats jacobins et parisiens. Et que derrière quelques opérations grandes gueules à grand renfort de Gwen ha Du, nos acteurs bretons étaient en fait de bons petits soldats bien obéissants, plus en capacité de penser copinage jacobin que de penser modèle agricole breton réel.
Du fait, ce n'est un secret pour personne que nos paysans apparaissent depuis longtemps comme hors sols, tant vis à vis de la population qui les entoure que du pays sur lequel ils travaillent. Un système qui au final profite relativement bien à un certain nombre mais qui condamne impitoyablement ceux qui se sont laissés bernés ou qui ne dispose pas de la capacité individuelle à rester dans le moule.
Le but n'est pas d'annoncer des vérités, mais de mettre en avant que nos agriculteurs bretons semblent bien à l'écart du monde dans lequel vivent leurs confrères européens... Et que même si cela fait de la peine aux citoyens bretons qui voudraient être liés à leurs paysans, la réalité d'un schisme apparaît clairement sans pour autant y discerner que ce fait profite à l'un des partis en présence. Le sentiment dominant s'apparente à celui d'un gâchis structurellement établis dans lequel chacun s'enfonce en conscience...
Alors, Macron ou pas... si les paysans bretons ne vivent que dans l'espoir d'un monde idéalisé garanti par l'état (peu importe lequel) où réfléchir serait définitivement aboli, la divinité du personnage ne sera que d'une aide relative pour changer le cours des choses...