«Dans le 10e arrondissement de Paris, derrière la lourde porte du 147 rue La Fayette, se trouve un crime impuni, protégé par la raison d’Etat. Le 9 janvier 2013, trois femmes kurdes ont été tuées au premier étage de l’immeuble, dans un petit appartement. Elles ont été exécutées de plusieurs balles dans la tête. Sakine Cansiz était une des fondatrices de la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK?) et avait créé la branche des femmes de l’organisation ; Fidan Dogan était en charge du lobbying du mouvement en France et Leyla Söylemez était une jeune militante.» (Actes Sud)
«Triple assassinat au 147, rue La Fayette» est paru le 3 janvier 2017 aux éditions Solin/Actes Sud. Laure Marchand, ancienne correspondante en Turquie du Figaro et du Nouvel Observateur, co-auteure avec Guillaume Perrier de La Turquie et le Fantôme arménien (Actes Sud, 2013, prix de l’Express), était installée à l’époque à Istanbul et a commencé «tout naturellement», en tant que journaliste, un travail qui va la plonger durant plusieurs années au cœur d’un drame poignant mais aussi d’un crime d’Etat, dans lequel Ankara et Paris font preuve d’une discrétion réciproque :
«pendant plusieurs mois, j’ai enquêté dans plusieurs pays et j’ai eu accès à des sources turques et françaises inédites qui m’ont permis d’établir des liens entre le suspect numéro 1 et le MIT, les services secrets turcs»(Laure Marchand).
«Trois militantes kurdes exécutées en plein Paris, un assassin présumé qui meurt quelques jours avant l’ouverture de son procès en France et une piste qui remonte jusqu’aux services secrets turcs. Enquête sur un crime hors norme». (L’Obs).
«A défaut d’atteindre une vérité judiciaire, le livre illustre le monde obscur des crimes politiques et le manque de transparence en Turquie, où les coupables sont vite trouvés mais les motifs et les commanditaires éventuels ne sont que rarement identifiés» (Ch. Lamfalussy, La Libre Belgique).
«De la France à la Turquie, en passant par la Belgique et l’Allemagne, Laure Marchand a remonté chaque indice à sa source, interrogé d’éventuelles protagonistes et découvert que l’affaire était jonchée de zones d’ombre, de manipulations et autres coups tordus» (Gaïdz Minassian, Le Monde).
A de nombreuses reprises nous avons évoqué ce triple crime que nous ne voulons pas qu’il reste impuni. Le décès programmé du présumé coupable (atteint d’un mal incurable) a mis fin à l’action publique, mais cette extinction n’interdit pas la poursuite en justice des éventuels complices et des commanditaires. Le dépôt de plainte avec constitution de partie civile visant notamment à démasquer les commanditaires avait été déposé par les avocats des familles.
Depuis cette plainte, les avocats des familles ont fait parvenir de nouveaux documents en langue turque au parquet antiterroriste qui a décidé, mercredi dernier, d’ouvrir une nouvelle enquête. Cette enquête est confiée à la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire pour les crimes d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroristes criminelle.
André Métayer
■