Christian Guyonvarc'h lance son entreprise

Interview publié le 17/03/17 16:58 dans Economie par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Christian Guyonvarc'h

Depuis plusieurs années, Christian Guyonvarc'h s'éloigne progressivement de son engagement politique en tant que militant breton de gauche. Après avoir été porte-parole de l'Union Démocratique Bretonne, secrétaire général de Peuples et Régions Solidaires, adjoint de Jean-Yves Le Drian à la mairie de Lorient, puis Conseiller régional vice-président au budget, il rallie Christian Troadec pour les élections régionales de 2015. Élu au Conseil municipal de Guipavas et à la Communauté de communes de Brest Métropole en avril 2014, il en démissionne en novembre 2016.

Hier, Christian Guyonvarc'h a lancé le site web de son entreprise d'éditions Biographies de Bretagne (voir le site) La société propose des services d'écriture. Elle construira à partir d'interviews enregistrées, et imprimera des biographies pour des particuliers ou pour des entreprises, en français ou en breton.

[ABP] Quelles sont les raisons de ton désengagement politique progressif, du Conseil régional, puis du bureau de l'UDB, puis de la mairie de Brest ?

J'ai effectué deux mandats pleins au Conseil régional, de 2004 à 2015. Quand je suis devenu vice-président du Conseil régional en 2004, j'ai décidé de moi-même de démissionner de mon mandat d'adjoint au maire à Lorient pour ne pas cumuler les postes. En 2014 les circonstances ont fait que je suis devenu adjoint au maire, chargé des finances et du budget, à Guipavas (où j'étais établi depuis 2006) dans une équipe «divers gauche» (sans étiquette) et, par voie de conséquence, vice-président de Brest métropole où j'ai eu la responsabilité de l'urbanisme commercial et réglementaire. Pour moi, il était logique que je ne me représente pas aux élections régionales en décembre 2015.

A Guipavas, la nouvelle équipe municipale «divers gauche» de Guipavas, le groupe Guipavas Solidaire, a commencé son mandat avec beaucoup d'enthousiasme. Hélas elle a subi la dérive autocratique du maire qui a considéré que les engagements éthiques qui liaient les membres du groupe ne valaient pas pour lui-même. Bien que privé de la confiance de 21 des 24 autres membres de la majorité municipale, le maire a néanmoins décidé de se maintenir coûte que coûte à son poste, créant par là-même une situation de blocage, ce qui a entraîné des élections anticipées. Les membres de Guipavas Solidaire, pour la plupart novices en politique, et leurs proches ont été écoeurés par cette situation et ont choisi solidairement de ne pas présenter de liste. Néanmoins Guipavas Solidaire se maintient comme association citoyenne et prendra des initiatives en direction des habitants.

[ABP] Cela veut-il dire que tu as clos ta période d'élu et que tu te lances dans des activités professionnelles, où bien sûr la Bretagne et les Bretons occupent une place de choix, mais aussi où tu devras investir une grande partie de ton temps ?

Je ne suis plus élu, c'est un fait. Je l'ai été pendant vingt ans. Au cours de mes mandats locaux et régionaux j'ai connu des expériences très enrichissantes au plan humain. Aujourd'hui je m'investis d'une autre façon pour la Bretagne et le peuple breton, en voulant mettre en lumière et participer à la transmission de la mémoire des humbles, de ceux qui construisent le pays jour après jour sans pour autant faire parler d'eux dans les mass-media.

[ABP] Tu as fait des études d'histoire, comment en es-tu arrivé à lancer une entreprise qui s'enracine dans l'anthropologie et la littérature ?

C'est un projet que j'avais pour 2020, à l'issue de mes mandats locaux. L'idée me trottait dans la tête depuis un moment. Les circonstances politiques à Guipavas ont précipité la concrétisation. Écrire la biographie de gens du peuple est une façon de concilier ma formation initiale d'historien, en effet, et ma passion pour l'écriture. J'ai coordonné ou participé à la rédaction de plusieurs ouvrages historiques ou politiques et j'ai commis plus de 300 articles, principalement dans la presse bretonne.

[ABP] Les Bretons ont-ils des biographies plus atypiques que disons le Français lambda ? Cela vient-il de ce goût du voyage ancré dans l'histoire et la maritimité omniprésente ? Ou du besoin de s'expatrier, par nécessité ou par envie d'explorer d'autres cultures ?

Je ne sais pas si l'on peut dire que la «matière anthropologique» est plus dense en Bretagne que dans d'autres territoires. Mais il est certain que la curiosité qu'ont beaucoup de Bretons pour les rencontres interculturelles, pour la confrontation intellectuelle et affective entre l'ici et l'ailleurs, tout cela donne un matériau formidable qu'il ne faut pas laisser se perdre. Raconter, à travers des parcours de vie, comment deux à trois générations de Bretons ont transformé la Bretagne depuis les années 1950, c'est aussi une façon de préparer la Bretagne de demain.


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