Le groupe de fest-noz Fleuves : une invitation à se mettre en mouvement

Chronique publié le 23/02/17 20:18 dans Cultures par norbert guihéneuf pour norbert guihéneuf
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Illustration CD Fleuves photo (c) Éric Legret/Musikan

Pour le magazine «Musique Bretonne», je suis parti à la rencontre du groupe de fest-noz «Fleuves».

Depuis 2013, le groupe Fleuves écume les festoù-noz et les festivals, mais la fin d’année 2016 a élargi encore sa notoriété avec la sortie d’un premier album et une prestation remarquée au Festival Yaouank.

Rencontre avec ce groupe de fest-noz au son riche et atypique, composé d’Émilien Robic à la clarinette, Samson Dayou à la basse et Romain Dubois au piano-clavier.

Musique Bretonne : Avant Fleuves, il y avait déjà le duo Robic-Dubois, qui a gagné le concours duo libre de Gourin 2012. Comment vous êtes-vous retrouvés tous les trois pour ce nouveau projet ?

E.R., S.D., R.D. : Nous avions déjà commencé à tester des choses à trois, avant même que le duo issu du groupe ne se présente à Gourin. En fait, Samson et Romain se connaissent et travaillent ensemble depuis plus de dix ans ; Émilien et Samson jouent ensemble depuis des années, ils se connaissent depuis plus de trente ans maintenant. C’est une histoire de famille et d’amitié.

Que le duo gagne à Gourin était une jolie manière pour nous de lancer et de valider le projet Fleuves.

M.B. : Fleuves propose un son original et audacieux. Un cocktail de répertoire traditionnel et de plusieurs univers musicaux. Quelles sont vos influences ?

E.R., S.D., R.D.: Nous essayons d’avoir les oreilles ouvertes ! À partir du moment où la musique est capable de nous faire ressentir une émotion quelconque, cela devient intéressant.

Émilien est un peu le garant traditionnel du groupe, avec une très bonne connaissance des différents répertoires traditionnels bretons chantés et sonnés, même s’il n’écoute évidemment pas que ça.

Samson vient davantage du rock et du jazz/rock, avec des accointances du côté des musiques électroniques ; il fait également partie du groupe de fest noz Kentañ avec Émilien.

Pour sa part, Romain, qui vient plutôt du jazz, travaille régulièrement pour des créations en danse contemporaine, où le style peut souvent être très libre mais avec aussi des contraintes liées à la danse.

L’originalité de la musique de Fleuves ne doit à aucun moment être gratuite, mais toujours au service des danseurs, c’est l’essence du groupe.

M.B. : Une boucle est bouclée : vous avez été lancés à Yaouank 2013 et, lors de l’édition 2016, vous avez rencontré un beau succès parmi les danseurs. Que retenez-vous de cette prestation ?

E.R., S.D., R.D. : La satisfaction du travail accompli, que nous avons réussi à mener, sans se presser, sans se prendre trop la tête. Voir autant de danseurs ensemble, sur une même idée, une même impulsion, a quelque chose de réellement très puissant…

M.B. : À cette occasion, vous avez présenté en avant-première votre nouveau CD. Vous aviez des invités : Youn Kamm à la trompette jazz et Antonin Volson aux percussions. Comment s’est passée cette collaboration ?

E.R., S.D., R.D. : Très bien ! Même si nous aurions aimé avoir davantage de temps pour travailler le live à cinq.

Les percussions d’Antonin paraissaient totalement appropriées à notre musique et nous savions que s’il acceptait le projet, nous n’aurions pas été déçus, c’est un musicien de grande classe.

Quant à la trompette de Youn Kamm, c’était l’évidence dans le sens où nous connaissons bien Youn et son agilité à mêler la musique bretonne aux musiques actuelles, avec une excellente capacité à improviser, notamment de par son expérience avec Ibrahim Maalouf.

M.B. : Sur ce CD, on retrouve des morceaux divers, poétique comme ce très beau pilé menu ou très énergique sur le fisel. On sent chez vous une volonté de musique de transe…

E.R., S.D., R.D. : C’est ce qui a toujours fait l’identité du groupe : Fleuves est une invitation à se mettre en mouvement. Ce dernier peut être très lent, lancinant… ou bien rapide et nerveux, jusqu’à une transe quasi « lévitative » ! On essaie de faire entrer les danseurs dans notre bulle, sans jamais rien brusquer, mais toujours avec l’idée de les emmener le plus loin possible. Lorsqu’on s’aperçoit que plus de la moitié des danseurs dansent notre pilé menu les yeux fermés, on se dit qu’on a réussi notre pari : les pieds sur terre, la tête dans les étoiles.

M.B. : Il y a aussi un univers plus contemplatif avec des gwerzioù interprétées par Loeiza Beauvir et Youenn Lange ainsi que des mélodies. Pourquoi avoir choisi ce répertoire ?

E.R., S.D., R.D. : Les représentations en fest-noz ne nous permettent malheureusement pas de jouer des gwerzioù… en espérant que cela évolue ! Or le répertoire traditionnel breton regorge de pépites et mélodies absolument géniales que nous avions envie de retrouver sur l’album. Nous avons donc pu nous faire plaisir en invitant deux des plus belles voix que porte la nouvelle scène bretonne pour deux mélodies que nous adorons.

M.B. : Vous avez déjà bien démarré 2017 avec une sélection pour le Grand Prix du disque du Télégramme, quelle est la suite ?

E.R., S.D., R.D. : Eh bien, nous avons déjà de nombreuses dates à venir et de très beaux rendez-vous qui se profilent pour cet été, même si nous ne pouvons pas encore en dire davantage…

Nous avons déjà attaqué l’écriture d’un deuxième album. Nous avons pu ouvrir des portes cette année, les gens commencent à comprendre notre démarche et c’est vraiment satisfaisant, même s’il nous reste encore énormément de choses à proposer… En fait, nous avons désormais l’impression d’avoir posé les fondations d’un édifice qu’il nous reste à construire.

Fleuves, CD, Coop Breizh, 2016.

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Publication originale dans Musique Bretonne n° 250, le magazine de Dastum : (voir le site)


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