Élections du Parlement de Bretagne : retour à Surzur, retour vers le futur

Chronique publié le 1/12/16 9:13 dans Elections par Didier Lefebvre pour Didier Lefebvre

Il s’est passé quelque chose, dimanche à Surzur. Le Menhir Black, super restaurant, on ne pouvait pas le rater. Il est 15 heures. Impossible de se garer dans le parking, des voitures tout le long de la route sur 100 m. On sent qu’il va se passer quelque chose.

Deux heures du matin, nous ne sommes pas les derniers à partir, on aimerait rester, mais dans quelques heures, le travail nous attend. Oui, il s’est passé quelque chose. Juste le temps d’avaler une dernière crêpe caramel après le monumental kig ha farz, mais surtout après des heures de communion entre militants bretons. Des vrais. Qui en veulent. Tous savaient qu’ils vivaient un grand jour. On sentait tout le monde concentré, mais toutefois joyeux et fêtard. La date du 27 novembre 2016 pouvait paraître anodine, mais non.

Surzur, 27 novembre 2016, premières élections du Parlement de Bretagne.

À peine 500 électeurs ? D’aucuns se gausseront d’un si petit nombre. Nous partîmes 500… Mais, que dis-je, le prompt renfort viendra en nombre plus grand. Ne vous en déplaise, Monsieur Corneille, les Bretons ne seront pas trois mille arrivants au port. Ils seront bien plus. Bon, Corneille, il s’en fiche, maintenant. Sa Normandie est réunifiée, sans que les Normands le demandassent bien fort, d’ailleurs, et il n’avait aucune velléité de reconstituer l’[[Échiquier de Normandie]] et je ne saurais dire ici si légalement il existe encore, comme c’est le cas du Parlement de Bretagne, dont le réveil nous réunit ici.

La re-naissance du Parlement

Revenons au début. Au début, il n’y avait rien. Si, un Parlement, mais en sommeil depuis 1788. Dans le rôle du prince charmant, pour le réveiller, Yann-Vleiz Ar C’hunff, et ses dames Odile et Antoinette. D’une assiduité constante, toutes les tâches nombreuses de secrétariat, elles les ont assurées ! Jusqu’à la dernière minute. Discrètes, assidues, les grandes sont aussi des taiseuses.

Et notre Yann-Vleiz ? Il joue son rôle d’hôte avec admiration. Accueillant tous les électeurs, discutant avec l’une, évoquant des souvenirs avec un autre.

Près de cinq ans qu’ils y travaillent, à ce réveil du Parlement. L’association naquit après la manifestation Deomp de’i (Allons-y) de mars 2012 à Kemper : (voir le site) .

Presque cinq ans de boulot, de chausse-trapes à éviter. Du temps, de l’énergie. Des réunions publiques durant six mois (voir notre article). Treize, il y en eut 13 au total. Et le bébé arrive. Le Parlement de Bretagne (voir le site) renaît (tiens, comme Renée, l’héritière du duché, spoliée par son beau-frère François, enfant gâté de Louise de Savoie, laquelle manigança pour en faire un roi bien pleutre et pitoyable, d’ailleurs, mais surtout voleur de duché).

Une journée dense

Tout l’après-midi les gens vont, viennent, votent, boivent (avec modération), rigolent, chantent, dansent. Oui, on est bien en Bretagne (pas loin de là, il y avait des élections dont on a parlé plus dans la presse ; gageons que les bureaux furent plus tristes).

Au plus fort, on a dénombré jusqu'à 120 personnes. Certains sont venus du Léon, d’autres du Vignoble nantais, il en est certains venus de Mayenne, et d’autres de Paris. Tout exprès. Quel plaisir de rencontrer Marine Jaouen et Yann-Varc’h Naoufel Furon de Ambasad Vreizh (voir le site)

Lequel Yann-Varc’h était candidat, d’ailleurs, pour la diaspora.

Tous les électeurs ne pouvaient pas venir. Un vote par courrier postal avait été autorisé. Ceux-là qui l’ont fait ont oeuvré pour la bonne cause, mais ils ont raté, hélas pour eux, cette splendide journée.

Dix-huit heures, fin du vote, début des opérations de dépouillement. La concentration l’emporte peu à peu sur l’euphorie. La bonne humeur ne quittera néanmoins jamais les convives du Menhir Black (voir plus loin). On organise les tables, on pointe les listes électorales, on valide les votes par correspondance. Et on commence le dépouillement. Il fut long, ce dépouillement, citer les noms rayés, les pas rayés, vérifier. Dans les règles de l’art, avec quatre scrutateurs à chaque table. Et les électeurs qui vérifient la validité des opérations. Il faut compter, recompter, vérifier.

À la fin, Yann-Vleiz prend la parole. Tout ému, mais aussi impressionné par la réussite de cette opération, mais surtout par son engouement, et par l’avenir qui s’annonce pour le Parlement. Oui, il a réussi, mais le travail ne fait que commencer pour ce Parlement. Les contraintes techniques ont empêché ABP de filmer cette prise de parole, en voici quelques mots. Ils méritent d’être médités.

«Nous sommes une alternative à la violence», «ce que l’on veut pour la Bretagne, on le veut pour la terre entière, pour toutes les nations. Le temps des États tortionnaires, mafieux, pollueurs est fini».

Un peu d’Histoire

Très remonté qu’il est, Yann-Vleiz Ar C’hunff, mais très lucide, «On est dans le droit, le respect et la dignité». Bien entendu, un rappel historique s’impose, et un rapide résumé en est fait. Le seul Traité qui vaille en droit international est celui signé par le roi Louis XII lors de son mariage avec Anne, en sus de la lettre «contenant les choses particulières des personnes de nous & notre cousine Anne de Bretagne & des enfants qui viendront de nous deux selon les Lettres & Contrats sur ce faits & passés» (bref celle qu’on appelle le contrat de mariage qui confie les clés du duché au deuxième enfant du couple, soit Renée. Et que sa canaille de beau-frère, François plus connu sous le nom de François Ier, lui chipa). Cette seconde lettre, entre la France et la Bretagne, qui est donc un Traité toujours valide, concerne «le Gouvernement, Administration, droits, libertés, prééminences, Offices & officiers du Pays de Bretagne, tant en fait de l’Église, de la Justice, Noblesse, que généralités du Pays de Bretagne». Nous remercions les sites très documentés (voir le site) et (voir le site) .

Vers le futur

Ensuite, Yann-Vleiz nous parle de l’avenir : «Nos institutions sont prêtes à démarrer, nous avons le Parlement, nous allons créer la Cour des Comptes, on aura la Cour de Justice». «Aujourd’hui, ils tuent l’Alsace, demain, ils voudront tuer la Bretagne. Le Parlement est un retour à notre dignité».

Comment tout cela va-t-il s’organiser ?

La journée d’installation du Parlement aura lieu le 17 décembre, chez Jo Baron à Lanrodec (22). Jo Baron est cet agriculteur injustement accusé de complicité dans la destruction d’un portique. Après trois ans de combat, il vient d’être relaxé. (voir le site) .

Ha ! Ha ! Le condamner à 500.000 euros en première instance, qu’ils voulaient. Et vous savez pourquoi cette somme : «pour reconstruire le portique». Là, ils nous prennent pour des…

Quel beau symbole donc que de faire cette installation chez lui. Les modalités précises ? Yann-Vleiz garde le secret. Mais cette journée sera forte en symboles et en émotions. Un prochain communiqué de KAD donnera toutefois plus de précisions. À lire sur ABP, car la presse française ne s’est guère faite l'écho des résultats.

Et les résultats

Nous ne nous attarderons pas sur les résultats, ils ont été annoncés (voir notre article). Trente trois élus, quelques recalés du suffrage universel. Ceux-là seront des suppléants. L’analyse des professions de foi (toutes les informations sont aussi disponibles sur le site du Parlement de Bretagne : (voir le site) ) montre une forte richesse dans les parcours des candidats, que ce soit au niveau politique, culturel. Ils ont un lien en commun. Tous. L’Amour de la Bretagne, et surtout le désir d’oeuvrer pour elle. De créer les outils juridiques pour que Bretagne vive. Les lecteurs sont invités à découvrir leurs représentants pour trois ans sur le site mentionné ci-dessus. Toute la richesse de la Bretagne, de ses Hommes et ses Femmes sont réunis ici. Mesdames et Messieurs les Parlementaires, la tâche qui vous incombe est immense. Elle est belle. Nous comptons sur vous.

Le Menhir Black, la bonne adresse de Surzur

Un article sur le Menhir Black (voir le site) . Pour les cinéphiles, comprendre le clin d’oeil vers un film américain de la fin du siècle dernier. Pour les autres comme moi, juste apprécier le faux menhir peint en noir à l’entrée, et sa jeune pousse pour laquelle le patron est très vigilant. «Il faut juste veiller à ce qu’il soit bien arrosé» nous explique Thierry Le Goff, son sympathique patron.

Thierry Le Goff, et sa femme ont réalisé leur rêve d’enfant, avoir une crêperie. «Mon rêve d'enfant était d'avoir une crêperie, et maintenant j'ai plus que cela ! J'accueille mes clients avec amour, j'aime qu'ils se sentent bien chez moi». Je confirme, on y est bien. Les produits sont de proximité, et l’accueil vraiment chaleureux.

Comment l’idée est-elle venue d’organiser ce vote au Menhir Black ? L’histoire est simple. Tout commence avec un bonnet. Rouge. Écoutons Thierry Le Goff : «Je suis allé à une réunion de Bonnets rouges à Plouay où Jean-Loup Le Cuff présentait le projet de KAD. C'est là que je l'ai connu. J'étais d'accord avec ce projet, je l'ai suivi sur facebook, et je lui ai écrit : tu m'inscris, je suis électeur, et j'ai proposé mon restaurant pour le vote !»

L’accueil a donc été organisé au Menhir Black, qui nous a proposé de splendides crêpes au caramel, mais auparavant, il avait fait appel à Miam Glou Zick pour ...

Le Kig ha Farz selon Miam Glou Zick

Nous avions déjà rencontré Danielle et Daniel, alias Miam Glouzik : (voir notre article). Son kig ha farz ne nous était pas inconnu. Mais mangé ainsi, dans une telle ambiance, c’est autre chose. Nous parlions de Daniel (le Monsieur, mari de Danielle, la Madame).

Précisons un peu les choses. Elle, elle porte le chapeau. Sa fierté. Mais comment alors reconnaître le monsieur de la madame ? Daniel et Danielle ont trouvé la réponse. Lui portera la jupe. J’ai bien dit «jupe», je n’ai pas dit «kilt tartan». Trop classique. Et c’est donc en jupe plissée aux couleurs de notre drapeau, le Gwenn ha Du que Daniel a sonné, sonné, sonné, avec une pêche rare.

À la veuze, à la fin du dépouillement, digne des soirées électorales les plus folles, il lança le Bro Gozh, repris en choeur, le Kan Bale Nevenoe de Glenmor sur une proposition de Michel Chauvin, le Son ar Chistr, le Bonsoir Maître de maison, des Sonerien Du des années 80, et les électeurs dansaient des An Dro...


Vos commentaires :
Odile
Mardi 2 juillet 2024
Très beau et fidèle témoignage Dider !
et je suis fière d'être la 44ème ;) à Liker ... ça ne s'invente pas, ...
je te remercie, comme tous ceux qui se sont plongés dans cette si belle Aventure !
on sait qu'on aura encore des critiques, mais là, on va survoler tous les médisants !
au moins, on l'a fait !
Maintenant : hop, on y va dans le concret !
l'Avenir est plein d'Espoir !

Fañch Ar Vilin
Mardi 2 juillet 2024
Setu ur pennad-skrid eus ar c'hentañ troc'h evit deskrivañ un devezh dreistordinal !

Didier LEFEBVRE
Mardi 2 juillet 2024
à Fañch ar Vilin : je vous laisse le soin de proposer en français le commentaire (mais vous en remercie)

Fañch Ar Vilin
Mardi 2 juillet 2024
Ca correspond à peu près à : «Voici un excellent article qui décrit une journée extraordinaire» .

Eric Simon
Mardi 2 juillet 2024
Merci pour cet article : j'ai voté par correspondance et suis heureux d'avoir participé à ce moment historique.
Je suis heureux de lire que la journée a été belle à Surzur !
Surtout j'en profite pour dire un grand bravo à Yann-Vleiz et tous ceux qui ont contribué à ce succès. A suivre !...

A galon


thierry le goff
Mardi 2 juillet 2024
cette journée fut magnifique ,je suis fier d y avoir participé , d y avoir voté ............................des rencontres superbe ,l union fait la force et ensemble construisons l avenir de notre pays kénavo

Yann Varc'h Furon
Mardi 2 juillet 2024
Mersi bras Dider pour cet article, un résumé clair pour cette journée historique et festive, à marquer d'une pierre blanche!
Y participer physiquement était important, ne serait-ce que pour retrouver les siens, ceux qui vous ressemblent, ceux qui pensent comme vous et qui dépensent sans compter leur temps pour aider Breizh à s'extirper de la main-mise des D'A-Côtés.
Mersi bras à toute l'équipe de KAD qui aura plancher près de 5 ans pour que ce projet devienne réalité. Maintenant, au boulot Mesdames et Messieurs les parlementaires ainsi que les électeurs. Démocratie participative oblige!

Xosé eus Galiza
Mardi 2 juillet 2024
Dael Breizh da Viken¡¡¡¡

Apertas dende Galiza polo rexurdimento da vosa Terra¡¡

Galizek eo ha broadelour. Breizh ivez e galon din me.


Didier LEFEBVRE
Mardi 2 juillet 2024
@ Xosé
Merci de votre message venant de Galice. Cela fait plaisir. Certains de nos lecteurs ne comprenant ni le galicien, ni le breton, pouvez-vous envoyer la version française ?

Xose eus Galiza
Mardi 2 juillet 2024
Le Parlement de Bretagne pour toujours¡
Je suis nationaliste galicien et Breizh aussi reste dans mon coeur.

Je vous souhaite le plus vite redressement politique et social vers la Renaissance totale de la Patrie bretonne¡¡¡

Bloavezh mat¡¡¡¡


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