Archives de la semaine : L'aveu de Michel Rocard divulgué par wikileaks en 2010

Dépêche publié le 4/07/16 17:33 dans Politique par La rédaction pour La rédaction
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Michel Rocard (photo Olivier Ezratty — http://picasaweb.google.fr/Olivier.Ezratty/UniversitDuMEDEF2008#5240648712106237666 ,)

À l'occasion du décès du plus clairvoyant de tous les politiciens français depuis 50 ans, il est temps de ressortir l'étonnante révélation de wikileaks. En 2010 wikileaks publiait cet aveu de Michel Rocard à l'ambassadeur américain :

Nous sommes la seule nation européenne qui soit la création militaire d'un État non homogène. C'est ce qui rend la France difficile à gouverner et explique notre difficulté à réformer, notre lenteur. __Michel Rocard

(voir notre article)

À ma connaissance, personne ne n'est penché sur les relations entre la non-homogénéité de l'hexagone et les difficultés à gouverner le pays. D'autres États non homogènes comme les Indes, les USA, etc. sont parfaitement gouvernables. Il est évident qu'on n'assiste pas à des révoltes ethniques en France même dans les émeutes des banlieues où la révolte des Bonnets rouges. Alors de quoi s'agit-il ?

Que veut dire Rocard ? Tout simplement que la République a dû limiter arbitrairement la démocratie par peur de forces centrifuges. Ce ne sont pas les forces centrifuges ou les désirs d'autonomie en eux-mêmes qui sont vraiment le problème mais des institutions qui ont été créées avec l'idée, non pas de renforcer la démocratie, mais de renforcer la République. Autrement dit, les valeurs républicaines ont été développées au dépend des valeurs démocratiques. C'est ça qui rend le pays difficile à gouverner. Le pays est difficile à gouverner car il ne s'est pas doté d'institutions vraiment démocratiques : domination de l'exécutif, limite du parlement, justice pas si indépendante comme l'a montré à nouveau l'affaire Kerviel, 49-3, article 5 de la constitution, régions artificielles et technocratiques, non-reconnaissance des minorités nationales, prédominance des fonctionnaires y compris des préfets etc., etc. Rocard est un rare politicien qui avait compris les origines du problème.


Vos commentaires :
Luigi Barsagli
Jeudi 14 novembre 2024
L'Inde est fédérale et très travaillée par les tensions ethniques. Mais une solution de pacification est la création permanente de nouveaux Etats fédérés sur des bases linguistiques. En revanche les tensions hindous/musulmans restent très vindicatives.

Les Etats-Unis sont une fédération également. Mais c'est déjà différent à la base car 99 % de la population est issue d'une colonisation récente sur quelques siècles (et souvent de moins de 150 ans). Il y a une diversité raciale (plus qu'ethnique), mais tout le monde parle anglais et l'écrasante majorité est chrétienne.


Paul Chérel
Jeudi 14 novembre 2024
Bonjour. C'est très bien vu par Michel Rocard et bien développé par la rédaction. Dommage que, lorsqu'ils sont au pouvoir, les hommes à bonnes et clairvoyantes idées ne les mettent pas en application. La faute en revient évidemment en premier aux Français eux-mêmes, à leur éducation, et à leur manque d'esprit du dialogue.
@ Luigi. Chaque pays dit «fédéral» a sa propre façon de «faire» du fédéralisme. En plus de l'Inde et des Etats-Unis (n'oublions pas l'Allemagne) il y a le Mexique, le Brésil et combien d'autres. Le fait de parler une même langue est «assez» important mais n'est absolument pas primordial (voir par exemple l'Inde). Par contre, faire tous ses efforts pour en éradiquer une est criminel aux yeux de l'humanité. C'est le cas de la France, de ses VALEURS républicaines, de son idéologie moyenâgeuse et de tous ses flonflons nationalistes, imbéciles et demeurés. Paul Chérel

Léon-Paul Creton
Jeudi 14 novembre 2024
« Que veut dire Rocard ? » !
Une première chose d’abord dans l'article, c’est qu’il part d’un postulat qui est que le projet initial de la firme 1789 _non remis en question par lui il me semble ?_ c’est-à-dire : Que le centralisme jacobin est le système devant être accepté par tous les Français, « forcés » pour ce faire !
« Donc » cette espèce de « république a dû limiter arbitrairement la démocratie » pour imposer cette volonté déshumanisée, avec tous les moyens que l’on sait !

Paul Chérel, tout à fait d’accord, il y d’innombrables manières et de critères afin d’organiser les fédéralismes. Cela va jusqu’aux extrêmes du pire et du meilleur…Il n’est pas obligatoirement le meilleur système dans la mesure où les « constitutions » qui devraient administrer les fédérations _les hommes faillissent trop en ce domaine d’administration_ n’en définissent pas bien les plus hauts niveaux de démocratie, pas plus que les limites des élus chargés de l’appliquer et de la faire appliquer !
Qu’elle ne définit pas non plus vraiment, les sanctions (et/ou ne les applique pas ou mal), ni les conséquences auxquelles ces élus s’exposent et les moyens légaux, incontournables et indiscutables qu’elle se donne pour les appliquer !

D’où l’importance de l’élaboration d’une grande, belle et nouvelle constitution, et de la valeur humaine des hommes qui s’en chargent et de la qualité du débat démocratique élargi …au peuple !

Que cela soit fait pour un état fédéral, ou pour le moins pour en doter cette pauvre France qui en a grand besoin, en remplacement de cette guenille « taillable et corvéable à merci » au gré des intérêts des « jacobinosaures » .


yves montembault
Jeudi 14 novembre 2024
le centralisme jacobin à montré ses limites mais un fédéralisme à l'américaine ne me convient pas non plus.Nous sommes un peuple qui a rayonné sur le monde et y a apporté certaines notions de culture et aussi d"émancipation (voir comment les élites des pays colonisés nous ont mis dehors ensuite!!on peut en débattre...)Par contre oui pour définir une nouvelle constitution qui prendrait en compte les spécificités de chaque région avec un socle commun sur nos valeurs universelles telles qu'elles sont définies dans la déclaration des Droits de l'HOMME et du CITOYEN.

Paul Chérel
Jeudi 14 novembre 2024
@Yves. Je n sais pas bien en quoi le fédéralisme «à l'américaine» ne vous convient pas. Est-ce le désordre du fait que chaque Etat reste à peu près le maître de ce qui se passe chez lui ? Quant aux fameuses valeurs universelles, les USA n'ont-ils pas été les premiers à les établir ? Et sont-elles mieux respectées en France qu'en Amérique, Nord et Sud ? Essayons de nous évader un peu de cette pensée nombriliste hexagonale ! Paul Chérel

per le moine
Jeudi 14 novembre 2024
J'ai eu la chance de rencontrer Michel Rocard et de diner un jour à sa droite à Ploerdut dans le Morbihan . J'y étais invité par le nouveau Maire , membre et je crois même vice Président de l'Association des élus et anciens élus de langue bretonne . Michel Rocard nous soutenait totalement en ce qui concerne nos revendications pour notre langue ( plus ancienne que la langue française ) et pour un nouveau fédéralisme à la française . Il n'avait pas eu le temps et la possibilité de réaliser tout cela

Youenn Penhador
Jeudi 14 novembre 2024
@Per Le Moine;
Je ne crois pas du tout au soutien de Michel Rocard à nos revendications linguistiques et pour un nouveau fédéralisme car J'ai eu une perception différente de Michel Rocard lors d'une manifestation de Div Yezh à Brest lors du congrès du parti socialiste français en 1997. Nous attendions à la sortie de la salle des expositions de penfeld pour diffuser des tracts aux membres du congrès (pour demander plus pour la langue bretonne et particulièrement pour l'enseignement bilingue breton français).
Le hazard a fait que la voiture où se trouvait Michel Rocard s'est arrêtée à mon niveau. Michel Rocard a baissé sa vitre et m'a dit «Nous nous faisons l'europe (sous entendu pas vous bande de rétrogrades!)» et je lui ai répondu «Mais nous aussi M Rocard».
J'ai eu le sentiment qu'il considérait cette revendication comme ringarde. Eux les français allaient de l'avant, nous les bretons nous étions décidémment indécrotablement passéiste.
Le pauvre!! il n'a pas eu le temps de faire ce qu'il pensait. Je pense surtout que c'était de la langue de bois comme se l'autorisent beaucoup d'hommes politiques français quand ils ne sont pas au pouvoir.

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