David Le Yaouang : un écrivain breton est mort

Chronique publié le 12/06/16 16:04 dans Littérature par fabien Lécuyer pour fabien Lécuyer
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David Le Yaouang (photo Palemon)

Bon... David... Yoran m'a prévenu... puis Sandrine, ta femme... Ça faisait quelque temps que tu ne répondais plus au téléphone... (soupir)... Paul Rogan est donc orphelin...  ! Je voulais te parler d'un projet... Qu'on aurait fait se rencontrer nos personnages dans un prochain bouquin, tout ça... Tu devais passer à la maison depuis... Tu devais retourner à Quiberon depuis... On devait faire des signatures ensemble depuis.... Tu devais commencer la suite de « Emgann-Vents d'Ouest » depuis... Depuis...

Depuis que tu étais malade, tout cela s'était arrêté.

Je te l'avais dit, David, tu avais créé un genre : le « polar indépendantiste breton ». Où l'on gagne à la fin. Où l'on putain de gagne à la fin. Parce qu'on gagnera à la fin David ! La réunification... l'indépendance... même si la lutte doit durer mille ans....doit durer des vies !....

Te l'avais écrit David. Tu avais du talent dans le stylo ! A en mettre à genoux Guillaume Vargas ! Mais la Faucheuse et l'Ankou ont décidé d'écourter les choses. Voilà... Il restera de toi trois romans. L'Irlande pour le premier... La Bretagne pour les deux autres. L'Irlande... C'est toi qui m'avais fait découvrir Liam Ó Flaherty.... Le titre de mon roman c'est grâce à toi, David... C'est également par toi que j'avais fait la connaissance de Sam Millar, l'ancien blanket man de l'IRA passé écrivain... Pour évacuer ses cellules entières de fantômes... Bon, je l'ai prévenu ce soir... on n'aura jamais l'occasion de se voir tous les trois.

Parlé des kilomètres du mouvement breton !... du monde du polar... de l'Irlande... des films de gangster... de tes projets de scénario... de ta vie... jamais de ta maladie... à chaque fois que j'essayais, même réponse... « c'est comme ça »... comme ça... C'est comme ça.... c'est comme ça que tu es parti pour Tír na nÓg à 43 ans...

Tír na nÓg, cette île, loin... à l'ouest... Là où vont ceux qui sont tombés pour les nations celtes... Sandrine m'a écrit que tu t'étais battu jusqu'au bout... J'en suis sûr, David ! Comme je suis sûr que tu as créé une école littéraire. Pour la Bretagne !... et Roparz Hemon l'avait dit, David, un combat ça se gagne aussi par la littérature !


Vos commentaires :
Jean-eric
Vendredi 15 novembre 2024
Vraiment tu étais un chouette mec, passionné et malgré les kilomètres, amoureux comme jamais de ton Pays. Heureux de t'avoir connu David, d'avoir travaillé ensemble, avec Yoran. Fais un bon voyage, tu seras accueilli comme il se doit.

Lydia
Vendredi 15 novembre 2024
David passionné par l'écriture mais aussi par la peinture, sa famille et par son entreprise. Un Homme entier quoi!! Il a su m'apporter du soutien alors qu'il était malade quand mon frère l'etait aussi. Un Grand Homme de respect. Repose en paix David.

Martine le yaouang
Vendredi 15 novembre 2024
Tu était mon fils chéri beau fort et fier .depuis tout petit tu vivais dans les livres, que même tard le soir tu lisais sous la couette en cachette.ton imaginaire t ' emportait dans l écriture et le dessin . Tu portais haut ton amour de la Bretagne et sa culture , tu avais appris à le parler. Tu as dit adieu à la vie mais pas à nous .tu es là tous les jours dans notre vie pour toujours. Je suis si fière de toi. On t aime et on pleure

Stéphane
Vendredi 15 novembre 2024
Je ne sais pas si ce jour est un jour particulier, ton anniversaire?
Déjà des années que nos chemins se sont éloignés l’un de l’autre. Ta vie... ma vie. Ce matin ton visage m’est apparu. Pourquoi ce matin? J’interroge la toile car je me dis que ce serait sympa de nous parler de nouveau. Et je tombe sur cette photo : 1972-2016. Je ne comprends pas. Ma vue devient floue. Je me reprends mais le brouillard persiste et je finis par comprendre. Mais j’ai du mal... et j’ai mal. Je ne sais comment prendre contact avec Sandrine ou ta maman dont je viens de lire le mot. Je retrouve une photo de théâtre: nous sommes tous les deux sur scène. Un souvenir. Il ne me reste que ça.... un souvenir. Mais ta gentillesse m’aura marqué, ton sourire, ton regard aussi. Farewell, my friend. Je te lirai, promis.

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