Mes six raisons pour dire OUI à Notre-Dame des Landes

Chronique publié le 27/05/16 18:11 dans Economie par Philippe Argouarch pour ABP
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Notre-dame-des-Landes

Jusqu'à maintenant j'avais refusé de prendre parti dans ce débat, lisant les arguments des uns et des autres, puis, au fil des années et de mon expérience, mon avis qui était plutôt "non" au départ, dans le contexte général de l'endettement énorme qui repose sur les épaules de chaque citoyen, j'ai évolué vers le "oui". Voici mes six raisons dont certaines sont tout à fait personnelles.

Décentraliser

1) Ma première raison est politique. Je suis pour la décentralisation et tout ce qui ôte du pouvoir à la région parisienne, je suis pour. C 'est une question de principe. Si l'aéroport était construit au Mans ou à Orléans ou même à Chateauroux sur l'ancienne base aérienne de l'US Air Force, je serais pour, pour les mêmes raisons. Décentraliser. Évidemment j'aurais préféré un aéroport intercontinental près de Lorient ou de Vannes, mais là c'est trop tard et aucune volonté politique de nos élus n'existe pour changer la donne.

Ceux qui pensent que le modèle français hypercentralisé est éternel se trompent. Dans les autres pays, c'est l'inverse qui se passe. La tendance mondiale est vers le pourvoir local, régional et subsidiarisé. La baie de San-Francisco a trois aéroports intercontinentaux : SFO, Oakland international et San-José. Los-Angeles et San-Diego sont aussi des aéroports intercontinentaux. 5 aéroports intercontinentaux pour une population qui fait la moitié de la population française.

Rapprocher

2) Il me faut 3 heures minimum pour me rendre de Pouldreuzic à Nantes-Atlantique mais si j'arrive sur la rocade à 17 heures ou un jour de départ en vacances, il faut ajouter 30 à 40 minutes supplémentaires, de quoi louper votre avion. La rocade de Nantes est une roulette inutile. Il ne me faudra que 2 h 30 en voiture pour aller à Notre-Dame des Landes et ce temps se réduira quand la section Pontchâteau Notre-Dame-des-Landes sera mise à 4 voies.

Intercontinentaliser

3) Il n'est pas certain que NDDL devienne vraiment intercontinental, j'en conviens mais le référendum du 26 juin porte sur un aéroport tel qu'il a été défini dans le cahier des charges, c'est à dire avec deux pistes dont une de 60 mètres de large. Il faut des pistes de 60 mètres de large pour faire atterrir les gros porteurs intercontinentaux. Nantes-Atlantique n' a que des pistes de 45m. NDDL sera le seul aéroport en Bretagne avec une piste intercontinentale.

Le jeu en vaut la chandelle, car il y a des dizaines de milliers de Bretons vivant aux quatre coins du monde qui reviennent en Bretagne régulièrement. Ils doivent pouvoir atterrir près de chez eux et non passer par Paris. Mes enfants vivent aux USA, ils doivent pouvoir éviter d'atterrir à Paris, quand il veulent venir me voir. Même chose pour moi quand je vais les voir et je suis pas le seul. Un pays comme la Bretagne, dont les habitants essaiment régulièrement à travers le monde, sans aéroport international intercontinental est absurde. L'Irlande en a trois. Rappelons finalement qu'on attend un million d'habitants supplémentaire dans le bassin Rennes-Nantes-Vannes dans les 30 prochaines années et que cet aéroport va re-dynamiser Châteaubriant, Redon, Guémené-Penfao et même Ancenis. Rien n'empêche aussi de donner par la suite un statut intercontinental à Brest. Les Chinois de Synutra qui s'implantent à Carhaix finiront par l'exiger et leur pouvoir est autrement plus conséquent que l'UDB ou le Parti Breton.

Il faut en finir avec le monopole parisien sur les aéroports intercontinentaux. D'ailleurs l' Union des Aéroports Français (UAF) souligne dans un communiqué «les conséquences dramatiques pour nos territoires d’une stratégie qui vise in fine à concentrer tous les vols intercontinentaux sur le hub d’Air France à Roissy" . Ils ajoutent "Les aéroports régionaux doivent pouvoir répondre à la forte demande de leurs clients pour l’ouverture de lignes directes en long courrier. Les Régions ont besoin de ces lignes directes pour accompagner leur développement économique, le rôle des aéroports régionaux étant d’accompagner ce développement en particulier à l’international" (voir le site)

Connecter

4) Louis Le Duff (la Brioche Dorée) l'avait dit : si NDDL n'est pas construit, je déménage mes bureaux sur le périphérique. Ses cadres et ses franchisés, dispersés dans 80 pays, doivent pouvoir atterrir à tout moment près de Rennes pour se rendre à des réunions importantes. Time is money. Le cas de Le Duff n'est pas unique, c'est le cas de nombreuses entreprises bretonnes qui se mondialisent pour survivre. La dimension européenne est aussi très importante pour les entreprises bretonnes intéressées par Glasgow, Munich ou Kiev. Les cadres et les commerciaux veulent pouvoir décoller à 8 heures du matin et revenir le soir ce qui est impossible en passant par Roissy.

Sans même compter avec la montée de nouvelles startup bretonnes et leurs potentiels internationaux. Cela finira par arriver, nous aurons un jour un fleuron dans le style de blablacar. Un aéroport intercontinental est essentiel pour l'économie de la Bretagne et tout particulièrement pour le tourisme, en passe de devenir notre industrie numéro Une. Les ingénieurs chinois en vacances, doivent pouvoir débarquer directement à NDDL et dépenser leur argent chez nous. Oui, on leur fera des crêpes au porc sucré-salé et même de la soupe aux nouilles et aux crevettes, faut bien s'adapter non ? - le tout accompagné de biniou sur une déco de danses bretonnes.

Reboiser

5) Il n'y a pas de terres agricoles à sauver. D'abord des centaines d'hectares non utilisés mais acquis par l'aéroport seront loués à des agriculteurs qui pourront les exploiter. Ensuite, des milliers de fermes bretonnes sont à vendre. Elles font faillite car elles produisent à perte. Des agriculteurs, producteurs de lait ou de porcs, se suicident. Beaucoup se transforment en gîtes ruraux. L 'agriculture bretonne n'est plus compétitive, la faute à la fiscalité et la sur-réglementation françaises couplées avec le dumping social des Allemands et le travail au noir en Espagne. L'État n'a anticipé ni la fin des quota de Bruxelles, ni la mondialisation, encore moins l'effondrement des cours des marchés agricoles en 2015. À la longue, même le pâté Hénaff sera fabriqué dans des pays plus compétitifs. On n'y peut rien. À part quelques niches comme le bio, les circuits courts, ou la fabrication de poudre de lait pour la Chine, on va massivement vers une industrie du tourisme, qui, elle, n'est pas délocalisable. Sauf, bien sûr, si la Bretagne devenait indépendante et pouvait gérer ses propres affaires et se mettre au niveau d'une compétition mondiale sans pitié. Qui y croit ? Cela devra aller encore bien plus mal avant que les Bretons comprennent qu'ils ont pris un train France qui les mène à leur perte.

Investir dans le futur

6) Le coût de l'aéroport est relativement bas. Surtout si on le compare aux lignes TGV que nous payons. Les lignes Le-Mans-Brest-Quimper s'élèvent à des milliards d'euros. Le coût de NDDL varie de 560 millions à un milliard selon qu'on y inclut ou pas, les voies de communications (voies ferrées et 4 voies) à construire pour raccorder le tout. Un aéroport, c'est quelques hectares de béton et des parkings, rien à voir avec ce qu'implique des centaines de kilomètres de ligne TGV ou le coût exorbitant de la grande ceinture du métro qui va être construite autour de Paris pour un coût de 25 milliards et dont personne ne parle.

Un groupe OUI à NDDL a été créé sur facebook (voir le site)

Modifié le 28/05/2016. Ajouté Châteauroux au paragraphe un pour répondre à ceux qui pensent que je suis pour le Grand-Ouest

Modifié le 29/05/2016. Ajouté l'exemple de la baie de San-Francisco avec trois aéroports intercontinentaux. Ajouté la citation de l'UAF.

Modifié le 30/05/2016 . Ajouté au paragraphe 3 : Il y a aura bien deux pistes à NDDL dont une de 60 m de large (intercontinentale).

Modifié le 04/06/2016 . Ajouté le lien vers le groupe facebooK


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
bonjour

voici quelques réflexions contre le transfert de cet aéroport.

1) Si le transfert se fait que vas faire AIRBUS ?

rester à Nantes ? si oui qui paiera les frais d'entretien de la piste ? les pompiers ? la tour de contrôle et des contrôleurs? la facture peu être très très salée.

Si AIBUS part. Pour où ? dans le meilleur des cas St-Nazaire (merci pour les salariés) . Toulouse ? là-aussi merci pour les salariés. Stuttgart ? et là , il n'y a plus de salariés

2) Où habitent les salariés qui travaillent à Chateau-Bougon ? Si le plus grand nombre habite le Sud-loire ( ce qui serait logique ) cela va saturer un peu plus le pont de Cheviré

qui vient de passer à 70 K/h avec des feux pour en réguler l'accès...

3) Cela va donner du travail ...

certainement , mais à qui ? Vinci comme toutes les grosses entreprises fait travailler des polonais et des roumains sous payés..

4) que faire de Chateau-Bougon si le transfert se fait ( même si AIRBUS reste )

je pense que c'est là qu'est le coeur du problème, quelques hectares de terre ou l'on pourra faire pousser de beaux immeubles , pas très loin du centre d'une grande ville,

les promoteurs doivent en rêver la nuit , et les politiques aussi, en générale lorsqu'il y a de gros contrats à la clé .......

5) l'aérogare actuelle est saturée

admettons.. pour l'agrandir Il y a du périphérique jusqu'au parking P0 environ 800 mètres de friche. les parkings P0 P1 etc...sont au niveau du sol, il serait très facile de creuser

pour augmenter le nombre de place

Pour moi , ce n'est pas la saturation qui pousse au transfert
bien cordialement

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