Elle est poète, philosophe et n'hésite pas à dire qu'elle fait de la politique. Son peuple Innu est maltraité, retranché dans des réserves depuis cinq cents ans, dans un territoire aussi grand que la France, aux ressources minières convoitées.
Une femme indienne a dix fois plus de chance d'être agressée qu'une femme blanche à Montréal ou à Québec. Or ce sont ces femmes qui se sont réveillées et qui ont réveillé les différents peuples indiens du Canada avec le mouvement «Idle no more».
Elles ont étonné le gouvernement par leur détermination et leur volonté de faire reconnaître les droits culturels des nations indiennes.
Natasha Kanape Fontaine, en résidence à Douarnenez invitée par l'association Rhizomes, écrit, lit, proteste, et rit beaucoup.
Les élèves de seconde du lycée Diwan de Carhaix, l'écoutent, attentifs, étonnés par ce petit bout de femme déterminé, blessé dans son histoire et dans le destin de sa famille. Elle écrit en français, la langue du colonisateur, et veut que les jeunes lui traduisent en breton son poème. Au tableau, elle traduit dans sa langue qui est écrite depuis cinquante ans le poème et, en kan ha diskan, ils lisent les trois langues.
Dans les forêts subarctiques, Natasha dit : «je me ferai belle pour le poème de ma grand-mère». Le peuple des étoiles, c'est celui des Innus. Natasha le sait, elle qui n'a pas voulu d'une classe disposée de façon classique et a préféré le cercle du soleil («pishum») et la demi-lune.
Voici le résultat de leur travail trilingue :
Da hanternoz e red ar stered
Nete tshiustin vit shahiut
Au nord les étoiles courent
Gourruzelloù an hanternoz a ziwall
Petatan nte teu
Les aurores boréales veillent
Adroit din anv an hentoù dour-mañ
Minual minat nutam ne skipuat
Redonnez-moi le nom ce ces chemins d'eau
Gant ma evfen dour ar menezioù
Tshatshi meniannipi nte etakuat naute utshuat
Que je boive l'eau des montagnes
Tshetsgi utshenmilek minat nte utun
0uzh pok e muzelloù
Au baiser de sa bouche.
■