La fermeture de lits d’hôpitaux en Bretagne

Chronique publié le 10/04/16 14:00 dans ABP par marc Patay Lejean pour marc Patay Lejean

Avec 6,3 lits pour 1 000 habitants, la France est largement en tête des pays riches. (1)

En janvier 2015, la Cour des Comptes avait épinglé «une sous-occupation importante» des lits d’hôpitaux, après avoir pointé, en 2013, une surcapacité de 18 000 lits rien qu'en chirurgie.

Le gouvernement a demandé aux hôpitaux de réaliser 3 milliards d'euros d'économies d'ici 2017. Bien qu'il ait démenti ce plan d'économies, cette mesure pourrait conduire à la suppression de 16 000 lits en chirurgie et en médecine générale, soit une réduction de 10% des capacités. Cela correspond à 728 lits supprimés en Bretagne soit 9%. Cette mesure doit permettre d'économiser 570 millions d'euros (France). L'objectif est d'avoir en 2020 deux patients sur trois en ambulatoire, contre un sur quatre actuellement.

Au Royaume-Uni, entre 60 et 80% des opérations sont déjà réalisées en ambulatoire.

Syndicats, élus, soignants, vont sans doute s'émouvoir de ce plan et le dénoncer, en établissant un lien strict en nombre de lits et qualité des soins.

Cela amène à poser une question : s'agissant de maladies graves comme le cancer, qui tue 150 000 personnes par an (2), quel est le souhait le plus important d'un malade ? La bonne tenue du dossier, la qualité de l’accueil, celle des repas ? évidemment non. Pourtant, chaque année de grands hebdomadaires nationaux établissent un classement des hôpitaux sur ces critères. Ce qui lui importe surtout, c'est survivre à cette terrible maladie ; en termes clairs, quels sont les taux de survie. Et bien, si ce taux est connu globalement, 8% pour le cancer du pancréas à 5 ans ! (3) impossible de savoir si vous avez autant de chances de survivre à l’hôpital de Quimper qu'à la Pitié-Salpetrière à Paris. Les spécialistes doivent connaître les chiffres, mais le public et les médias, non.

Outre les soins qu'ils dispensent, les hôpitaux de proximité notamment, sont une source d'emplois, d'emplois induits, de vie, surtout dans les territoires enclavés ; il est par conséquent normal, que la population y tienne comme à la prunelle de ses yeux. Elle ne peut juger qu'en fonction des informations dont elle dispose, mais elle ne dispose pas de toute l'information, alors à quand la transparence ?

Notes :

1. Article du Parisien : (voir le site)

2. Institut national du cancer : (voir le site) et Institut de veille sanitaire : (voir le site)

3. Science et Avenir, no 830 d'avril 2016


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