La moitié sud de la baie d'Audierne, entre Penhors et Penmarc'h, est une des rares zones côtières bretonnes épargnées par les résidences secondaires. On ne peut que rendre hommage à ceux qui ont su protéger cette côte, une des plus belles de Bretagne, un espace de liberté exceptionnel. Une sorte de miracle en soi devenu très important pour le Pays Bigouden qui voit son pôle pêche disparaître progressivement. Le tourisme prend de plus en plus d'importance à mesure que l'agriculture, la pêche et même l'industrie déclinent. Sauf que le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine, en pleine crise agricole menace d'interdire la plage !
Selon le quotidien Le Télégramme, le préfet préparerait un arrêté interdisant l'accès total aux zones humides adjacentes au rivage de la baie d'Audierne Cela concerne les communes de Plovan, Tréogat et Tréguennec. Les mairies concernées auraient été contactées, mais on le sait, le préfet n'est pas obligé d'en tenir compte. C 'est un peu comme un gouverneur dans les anciennes colonies.
Les paluds et les roselières où nichent des milliers d'oiseaux y compris les gravelots qui vont nicher dans les accumulations de galets et que l'on croyait disparus doivent être protégés, y compris des chiens qui ne devraient pas les parcourir sans laisses. On a relevé 97 espèces d'oiseaux dans ces zones humides d'une beauté exceptionnelle et que menace la remontée du niveau de la mer. Le Conservatoire du Littoral a fait 282 acquisitions depuis 1982. Le site de la Baie d'Audierne fait partie des 56 sites de la région Bretagne classés NATURA 2000, une directive européenne de 1995 qui demandait aux états la création de réserves naturelles protégées. La zone créée en 2007 par décret préfectorale fait 2459 Ha.
Sauf que l'arrêté prévoit aussi l'interdiction d'une vaste section de la plage du centre de la baie d'Audierne, aux sports de plage. Il s'agit du char à voile, du char à cerf-volant, du kite-surf et tout engin roulant propulsé par le vent ou une personne (fat bike par exemple). Il n'y aurait plus que les piétons autorisés ! Les chevaux seront aussi interdits.
Evidemment les commerçants du Pays Bigouden qui vivent du tourisme, les gîtes, les maisons d'hôtes, les hôtels, les restaurants, sont contre. Que l'on protège les zones humides, les galets et les paluds, les étangs... certainement. Une partie est déjà protégée grâce à la réserve biologique de Trunvel-Tréogat autour de la maison de la Baie d'Audierne et de son observatoire des oiseaux. Mais les randonneurs, les photographes et les amoureux de la nature et bien sûr les touristes doivent pourvoir sillonner les sentiers en toute liberté. Les sports de plage ne doivent pas être interdits. Ils doivent continuer à se développer sur cette longue plage de 10 kilomètres de long, un joyau dont la virginité est renouvelée à chaque marée.
On est très loin d'une saturation. En hiver il y a même personne ! Il n'y a que les surfeurs qui sont là toute l'année et uniquement à La Torche, tout au sud de la baie. Selon Natura l'Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) «Les principales pressions anthropiques s'exerçant sur le site sont d'une part la fréquentation très importante de la bande côtière, sur le domaine marin et dunaire, par de nombreuses activités de loisirs (nautisme, surf, plage, randonnée équestre,…)». C 'est bien sûr inexacte puisque seul la torche et la plage de Troenen sont des lieux hautement fréquentés en particulier par les surfeurs.
La disparition brusque des tellines il y a 4 ans, indiquerait plutôt que le danger pour la réserve se trouve ailleurs. Les activités agricoles bulbicoles, (la culture des tulipes dans le sud de la baie) s'accompagnent de traitements phytosanitaires qui selon l'INPN «peuvent porter atteinte à la biodiversité, et par les nombreux pompages effectués dans la nappe, pouvant affecter les équilibres hydrodynamiques de la dune.» (voir le site) . Certes, mais tout l'équilibre de la dune et des étangs a été bouleversé par les puissantes tempêtes de l'hiver 2013-2014 qui part endroits ont réussi a percer la dune ou le mur de galets. Ces tempêtes ont bouleversé l'eco-système, les galets, les dunes, le niveau des étangs 100 fois plus que les sports de plages ou l'agriculture.
Soit on nous laisse tranquille, soit on fait de la réserve de Truvel un parc régional bien défini avec un Parc ranger à l'américaine, un gardien quoi...des tables de pique-niques, des bennes à ordures, un parking pour laisser sa voiture à l'entrée, des sentiers bien balisés, des panneaux d'information sur la flore et la faune etc...des emplois donc, mais c'est au Conseil régional d'en décider, pas au préfet.
Ce que ne semble pas comprendre le Conservatoire du Littoral, qui est probablement derrière cette demande absurde, c'est que les parcs sont au service du public . Le conservatoire doit assurer avant tout un rôle pédagogique avant celui de gendarme. Le Conservatoire du littoral achète et boucle tout sans aucune considération pour l'industrie touristique. Les propriétaires de l'Ile Tristan en face de Douarnenez ont été expropriés en 1995 et, depuis, le conservatoire du littoral en interdit l'accès sauf muni d'une autorisation spéciale ! Il n'y a que depuis l'année dernière que des travaux de restauration de la demeure ont commencé. Sauront-ils mettre en valeur cette île chargée d'histoires et de légendes ? On en doute. Si c'est pour mettre sous cloche la baie d'Audierne comme ils ont fait avec l'Ile Tristan, les Bretons disent non.
Les fanatiques du Conservatoire du littoral ont exclu depuis longtemps les Bretons des espèces à protéger. Une espèce clairement en voie de disparition. L'industrie du tourisme ne les concerne pas du tout. Il ne semblent pas comprendre que la protection de la nature va de pair avec l'éco-tourisme et que protéger ne veut pas dire mettre en cage ou sanctuariser, mais aménager, encadrer, apprendre, montrer...
L' asso de Défense et Promotion du littoral de Treguennec (ADPPLT) a demandé à être consultée. Selon Reun Coupa, conseiller municipal de Tréguennec, et aussi Président de l'ADPPLT, qui déplore le silence du maire sur le sujet «C'est à la région de créer un parc régional, pas au préfet de réglementer». Le sénateur Michel Canevet, aussi maire de Plonéour-Lanvern a déclaré vouloir mettre son nez dans cette affaire.
"En Allemagne, la mise en place de Natura 2000 est organisée autour des Länder, qui disposent de leurs propres lois en la matière. Une liste initiale de sites est dressée par les Länder, au sein desquels une première discussion est engagée. Cette liste est ensuite transmise au niveau fédéral, assurant notamment un rôle de conseil scientifique, et où un deuxième débat a lieu entre les différents ministères. Les remarques de ces débats retournent alors aux Länder, qui prennent les décisions sur le choix des sites. Une fois désignés, le type de gestion mis en place dépend là encore des Länder, qui peuvent choisir la méthode réglementaire, contractuelle, ou mixte.