La semaine passée, le Conseil municipal de Lorient a, entre autres choses, voté ses aides financières annuelles aux associations œuvrant dans différents domaines.
Vu la situation financière et économique, une baisse de 5% est à noter mais, surprise, le Conseil a voté une diminution de 35% de son aide annuelle à Emglev Bro an Oriant, l'Entente culturelle bretonne qui fédère des dizaines d'associations travaillant dans le domaine de la langue et de la culture bretonnes. Décision prise en plein milieu des Deizioù organisés par Emglev qui propose une centaine d'évènements culturels de janvier à mars.
35%, c'est 10000 € en moins pour la fédération lorientaise...... Depuis 1992, année de la signature d'une convention entre la Ville et Emglev, représentés par Jean-Yves Le Drian et moi-même alors président d'Emglev, c'est la première baisse importante et unilatérale de l'aide de la Ville à Emglev.
C'est pour le moins curieux à plusieurs titres : il me semble que la Ville est liée par une convention tri-annuelle avec Emglev et ne peut théoriquement pas en sortir à moins de remettre en cause la dite convention ; la Ville souhaiterait qu'Emglev dont l'aire d'action recouvre grosso modo l'ensemble des communes du pays de Lorient soit financé par l'agglomération ce qui me semblerait une bonne chose mais encore faudrait-il que les élus de Lorient convainquent leurs collègues car la culture n'est pas une attribution de l'agglo. C'est pour le moins un drôle de procédé que de couper les vivres à Emglev tout en suggérant un financement de l'agglo.... Par ailleurs, il se trouve que la gestion d'Emglev est saine et on le lui reprocherait presque de ne pas avoir de déficit .....
A ma connaissance, aucun élu n'a protesté publiquement lors de la réunion du conseil ; silence radio à l'UDB lorientaise qui dispose pourtant de plusieurs élus dont un adjoint au maire, Yann Syz. C'est assez stupéfiant.
Ça ne fait que confirmer l'évolution de la mairie depuis plusieurs années au sujet de la langue et de la culture bretonnes ; son intérêt pour ce domaine est en complète régression et on peut déceler un certain mépris pour notre culture chez certains adjoints au maire trop contents de maintenir dans une sorte de marginalité ce qui devrait être un atout pour Lorient, sa dimension culturelle et linguistique bretonne et celtique. L'adjointe à la culture, Mme Williamson, n'y voit que folklore et est bien ennuyée d'avoir le Festival interceltique comme évènement phare lorientais. Quant au maire, Norbert Métairie, lui qui m'avait totalement soutenu en 1992 pour la mise en place d'un plan municipal pour la promotion de la langue et de la culture bretonnes, quasiment plus un mot de sa part sur le sujet.
Une fois de plus, cette histoire prouve que le travail de base doit se faire au niveau de la commune sans attendre des décisions à Paris. La Ville de Lorient pourrait faire beaucoup plus et redevenir un exemple en la matière ; elle ne le fait pas par choix politique et avec l'appui d'élus d'un mouvement politique breton qui auraient dû monter au créneau et dénoncer la position de la mairie sur le sujet. Il faut dire aussi que la frilosité pour le moins de la plupart des associations bretonnes qui font mine de ne pas comprendre la dimension politique du dossier Langue et Culture bretonnes laisse le champ libre à ceux des élus qui souhaitent n'y voir que folklore ou, pire, communautarisme.
■La majorité des élus bretons du pays de Lorient sont jacobins (et du jacobin bas de gamme, qui n'a aucun résultat dans aucun domaine) ne veulent pas de langue bretonne, ne font pas grand effort pour le festival Interceltique (infrastructures, mise en valeur) avec à mon avis une influence délétère également sur la programmation et l'orientation de ce festival (devenu un fourre-tout entre la francophonie québecoise et l'alter-mondialisme).
Un passage de l'article me parait particulièrement important pour la Bretagne en général car cela ne concerne pas que Lorient : «Par ailleurs, il se trouve que la gestion d'Emglev est saine et on le lui reprocherait presque de ne pas avoir de déficit .....»
Les bretons cherchent à être en permanence des bons élèves, dans un pays qui les dirige bien souvent avec grand mépris, et qui est tout sauf un bon élève. La Région Bretagne a elle même peu d'endettement...
Sans parler des déficits français (politique extérieure, grands projets parisiens, millefeuilles indigestes...), imaginez deux secondes une fusion avec la Région des Pays-de-la-Loire, région où l'endettement par têtes est deux fois plus élevé. Les bretons devraient financer l'endettement des Pays-de-la-Loire et les grands projets de cette Région !!
Les bretons ont-ils vocation à financer leur propre destruction ?
Tiern e pep Amzer