La réforme du collège et des programmes, prévue pour la rentrée 2016, illustre la volonté permanente de l’État français d’imposer une histoire unique et falsifiée, quitte à se priver des bonnes pratiques pédagogiques.
Ainsi les programmes d’histoire et de géographie gardent leur caractère annuel et leur lourdeur encyclopédique. L’objectif non avoué est politique : faire des bons élèves de bons Français ; pour les autres, on s’en fiche.
Il y a bien quelques libertés données aux enseignants de choisir ici ou là un thème plutôt qu’un autre. Mais évidemment pas de thème intitulé « histoire régionale », qui permettrait aux jeunes Bretons de réaliser qu’ils n’étaient pas Français avant 1532, sans pour autant renier leur identité française d’aujourd’hui. Ce qui leur permettrait en passant de comprendre plus facilement la complexité du monde contemporain, et les enjeux de la construction européenne. Excusez du peu.
Une dimension régionale proposée parmi les 8 thèmes des fameux «enseignements pratiques interdisciplinaires» (EPI) aurait pourtant aisément rapproché les disciplines entre elles. C’était pourtant l’un des objectifs de cette réforme. Un thème « identité régionale » aurait pu ainsi recouper la géographie, le développement durable, la littérature, les arts de Bretagne ... Il n’aurait pas exclu par les autres identités, il aurait été au contraire un liant, d’une richesse apaisante. Pour s’ouvrir au monde, pour tolérer les autres, un jeune doit connaître la diversité de ses racines. Pour respecter les espaces dans lesquels il vit, l’homme doit les aimer. Mais pour aimer, il faut connaître … Et c’est là que le bât blesse car, en France, à part la vulgate officielle (la construction de l’autorité royale, la monarchie absolue au programme de 5ème, la fameuse Révolution française, classe de 4ème ...) point d’histoire ou de géographie régionales. Un arbre a beau avoir un beau tronc, de belles branches, sans racines, il crève …. On aurait pu ancrer les enseignements dans l’environnement proche, et ainsi corriger cet autre tort du système français. Tant pis.
A ce stade, on n’ose parler de l’enseignement du breton ….
Ainsi l’Éducation nationale est associée, quoi qu’en disent ses affidés, aux puissances de la sphère marchande pour « déterritorialiser »les citoyens, Bretons ou pas. Créer des individus hors-sol, sans Histoire, coupés de leur communauté, et sans réflexion. Voilà le résultat.
Enseigner l’histoire bretonne, d’une façon ou d’une autre, devient aujourd’hui un enjeu vital pour la Bretagne. Cela doit être une de nos causes prioritaires, capable de rassembler les Bretons de bonne volonté : élus, intellectuels, artistes, professeurs et cadres de l’enseignement, dans les diverses organisations politiques, culturelles, professionnelles … Chaque enseignant de Bretagne doit s’emparer de la matière bretonne et ainsi nos enfants ne seront plus orphelins de leur Histoire et, de leur territoire. C’est ainsi que l’on devient un citoyen responsable dans le monde du XXIe siècle.
Vincent Fraval
Membre du Bureau, Breizh Europa
■D'autant que si la Bretagne fut annexée par la couronne de France en 1532, sa population demeura «Nation réputée étrangère» jusqu'à son absorption par la République en 1789.
Il doit y avoir une «boulette» dans cette phrase!
Il faut savoir si l'on parle de Citoyenneté ou de Nationalité..?
Les Bretons sont aujourd'hui de citoyenneté française mais reste de nationalité bretonne (à ne pas confondre avec la définition Républicaine de la nationalité qui n'est rien d'autres d'un amalgame idéologique avec la notion de citoyenneté...)
Donc si l'on souhaite évoquer des Bretons devenus Français, on ne peut parler que de «citoyenneté»...
Et là, ce n'est pas du tout 1532 mais 1789....!
1532 c'est la perte de l'indépendance, mais la Bretagne a conservé sont ETAT (c'est à dire ses lois, sa fiscalité, un gouvernement, un parlement et une haute cours de justice)!
Avant 1789, un français n'aurait jamais osé dire qu'un Breton était Français, cela n'avait aucun sens....!
Nous étions de «nationalité» Bretonne, de «citoyenneté» Bretonne mais «sujet» du Roi de France!
Jean-Jacques Monnier dans ses DVD sur l' «Histoire de Bretagne» fait référence à ce point, en rappelant que si les Français vivaient sous une Monarchie Totalitaire, cette même Monarchie était en Bretagne proche de la Monarchie Britannique car le Roi de France devait respecter les lois de la Bretagne.... Du fait et selon JJ-Monnier, sous Louis XVI, les Bretons avaient globalement une meilleur appréciation du Roi de France que celle qu'en avait les Français....!
Après 1789 et la tristement célèbre nuit du 4 août, les Français abolissent unilatéralement l'Etat Breton...
En fait, il est impossible d'abolir l'Etat Breton sans un vote des Etats de Bretagne et du Parlement, donc l'Etat Breton n'est pas aboli mais il lui est interdit d'exercer....! (L'Etat Breton est toujours légal, sauf que les Bretons n'ignorent....!)
Les Républicains créent la «NATION Française», amalgame idéologique avec la citoyenneté... et ce n'est qu'à partir de ce moment là, que les Français commencent à qualifier les Bretons de «Français» en suivant le concept idéologique de la «NATION FRANCAISE» qui serait un modèle universel....! (Peu de temps après, ce sont les Algériens que les Français qualifieront également de «Français»...!)
Sinon, très bel article!
Croire que les langues et traditions d'un peuple peuvent se maintenir sans institutions politiques minimum pour les défendre, relève d'un rapport au réel pour le moins original, mais que je ne partage pas.
page 351
Le dictionnaire de la langue française de Littré définit la loi : une « prescription émanant de l'autorité souveraine ».
page 352
...A la fin du XIVe siècle se fait entendre un autre témoignage qui amplifie le précédent. C'est un mémoire sur « les Noblesses et Gouvernement » de la Bretagne (4). Il fut délibéré en Parlement des prélats et barons avec les membres du Conseil Ducal, et porté au Roi par une ambassade d'éminentes gens, dont la liste se termine par Guillaume de Saint-André, secrétaire du Duc et connu par son poème biographique à la gloire de Jean IV. On est tenté de lui attribué cette sorte de manifeste, notamment le passage qui intéresse spécialement notre étude actuelle :
« Le Pays de Bretagne est gouverné par coutumes et lois sans avoir égard à coutumes et lois d'autres pays.
Et toutes les fois qu'il en est débat et que bon semble aux princes, prélats, barons et commun dudit Pays, ou que chose leur est nécessaire, tant de subside que d'autre au profit dudit Pays, on le fait. Et pour l'absence d'un ou deux, l'on ne tarde pas, du moment que la maire et plus saine partie se y assent et qu'il est advisé par le Prince et son Conseil »
commentaire : La Bretagne a toujours été un état souverain, et elle l'est toujours aujourd'hui, en droit, car il n'y a jamais eu d'union à la France en 1532 (mais une annexion de territoire par menaces d'usage de la force, dixit De Guesle : «... se peut calomnier de force et de dol.» chargé de la censure du livre de Bertrand d'Argentré sur l'Histoire de la Bretagne en 1583, 1ère édition)
seul le traité de Nantes, janvier 1499 (13 clauses), régit les relations juridiques internationales entre la Bretagne et la France en 2016. Chacun peut exiger de le faire appliquer devant tout tribunal par conflit de loi et de juridiction.
Le Danemark est-il un royaume germanophe? Vue que l'Allemand était la langue de l'administration, de l'armée et du Roi, jusqu'au milieu du 19ème siècle.
L'Angleterre un pays francophone, car étant le français étant la langue de la noblesse jusqu'à l'arrivée des guerres napoléoniennes...!
Et le Royaume d'Espagne est saurait être en rien espagnol, avec son bourbon de son roi...!
Et à nouveau la pauvre Angleterre qui en plus d'être française serait également allemande avec sa Reine Saxe-Cobourg-Gotha!
Le pire étant certainement la Suède, devenue incapable de produire un roi au point d'aller chercher un Marechal de France...!
Bizarre, cette manière qu'on certains bretons de reprocher sévèrement à la Bretagne ce qu'ils considèrent avec plus de modération quand il s'agit d'autres pays... Comme si la Bretagne devait correspondre à un idéal théorique ou ne rien être!
«Honi soit qui mal y pense», comme on dit en Français chez les Anglais!
C'est que, la Bretagne s'étant fondue dans la France depuis la Révolution, le bel élan émancipateur qui bouscula parfois cruellement le pays eut été en effet fraternel s'il n'avait été doublé du nationalisme disons «francien», bientôt plus centralisé encore à Paris qu'auparavant à Versailles.
Il intégra en outre très tôt ses intérêts personnels aux généreux idéaux du Siècle des Lumières, sans cesse prônés mais moins souvent respectés par le cours des évènements, agrandissant mine de rien l'étendue de son domaine territorial et confondant les deux approches en un «national-universalisme» dont le prestige fut grand, mais dont la contradiction n'apparait pas encore à tous.
C'est pourquoi l'intervention, plus haut, de Juhel Richard, citant une étude du CNRS de 1962, constitue non seulement un sacré caillou dans le soulier du roman historique en usage, mais une véritable «bombe politique et démocratique» si du moins cette information, pour le moment connue d'un petit nombre, révélait tout à coup à 5 millions de Bretons et pourquoi pas à la France et à l'Europe entières que «la Bretagne est légalement indépendante» ?
Le courant indépendantiste balbutiant se trouverait alors légitimé, quoique pas obligatoirement plébiscité,
écartons les craintes les plus pavloviennes. Voyez les pays comparables, du Québec au Pays basque, de l'Ecosse à la Catalogne.
Néanmoins, quelles que soient nos préférences pour l'avenir politique de la Bretagne, la relation ancillaire - de valet à maître - que nous entretenons collectivement vis-à-vis de l'Etat Jacobin Français avec ses relais bretons, ne tarderait pas à en prendre du plomb dans l'aile et nous aborderions alors les problèmes de fond, abandonnés pour le moment sur une voie de garage, avec un esprit décomplexé dans un cadre juridique nouveau : le périmètre territorial, le Parlement, l'autonomie financière et fiscale, l'officialité des langues, l'enseignement de l'Histoire...
Cela nous amènerait au minimum à élire des délégués prenant en compte les intérêts du peuple breton au lieu de parlementaires se concevant - sauf exception - comme des interfaces des Pouvoirs Centraux.
On n'exagère pas : ils l'avouent d'ailleurs eux-mêmes sans malice : «Je dois tout à mon Parti !», avec les aveuglements des derniers caïds de l'Algérie française qui, devant tout à la colonisation, la croyaient éternelle.
Ma carrière, mes réseaux, mes cumuls éventuels et tout le reste...
Bénie soit ma bienfaitrice Hiérarchie de Tutelle !
Qu'au moins leurs remplaçants soient amenés à déclarer à l'inverse : «Je dois tout à mes électeurs». Ce serait déjà le signe d'un retournement des mentalités d'une portée considérable.
Tout à fait d'accord !
On la fait commencer quand, et où ?
Jean-Claude Even
"«L'éducation obligatoire est par nature coercitive et supprime la liberté. Imposer un enseignement spécifique est une décision dictatoriale.»"
JC Even
Du coup, voici, comment l'amateur que je suis envisage les choses, sans prétention aucune à part exprimer mon point de vue sur le sujet.
Partant du constat a posteriori que nous sommes des «Bretons Armoricains» - c'est l'appellation que je préfère - jugeant qu'elle nous caractérise au mieux, car si elle doit se comprendre comme «Bretons d'Armorique» (Bretons établis en Armorique), elle consacre également dans les termes la réunion de nos deux composantes principales, d'ailleurs culturellement apparentées on le sait : Bretons et Armoricains, celto-romains dans les deux cas.
Alors on commence quand ?
Je dirais bien sûr à la préhistoire, c'est la base, les fondations, avec le substrat de la civilisation des formidables constructeurs mégalithiens qui établirent leur Mecque à Carnac ou à Stonehenge et dont les gènes doivent subsister abondamment dans nos populations.
Et où donc ?
Eh bien, sans hésiter : des deux côtés de la Manche, au Nord dans le domaine des Bretons anciens qui embrassait la grande Île jusqu'à la Clyde et d'autre part dans les Gaules belgique et celtique au Sud. Tous ces territoires subirent une colonisation romaine plusieurs fois séculaire, mais en gros moins insistante en Bretagne que dans les Gaules qui nous concernent.
Evidemment, les Celtes, cela s'explique, depuis leurs origines du côté de l'Ukraine jusqu'à leur expansion entre l'Atlantique et l'Anatolie. C'est aussi une culture d'une grande originalité, d'essence aussi spiritualiste que Rome était matérialiste, et qu'il reste fondamental pour nous de comprendre en profondeur.
Néanmoins l'histoire du Pays, de l'Etat de Bretagne que nous revendiquons ne se comprend véritablement - de par son nom déjà - que par l'arrivée de Bretons «transmarins» en Gaule et notoirement en Armorique, au cours des trois migrations principales des 4è, 5è et 6è siècles.
Très tôt les forces britto-armoricaines combattirent conjointement les invasions barbares pour défendre sinon la romanité du moins une certaine idée de la civilisation, mais les Francs germaniques finirent par s'imposer en Gaule du Nord, où, ayant bientôt opté pour la bonne religion, ils purent se tailler leur nouveau royaume de Francie, puis de France, lequel excluait la Bretagne.
Même si les émigrations bretonnes touchèrent toute la côte continentale de la Manche, de Ouessant au Pas-de-Calais, en passant par ce qui fut plus tard la Normandie, seuls les Bretons de la péninsule armoricaine constituèrent d'abord de petits royaumes (enjambant parfois la Manche), avant de fonder au 9ème siècle un Etat nommé Bretagne comme la grande île des origines, mais regroupant une population mixte de gallo-romains et de britto-romains plus ou moins romanisés (les premiers étant logiquement plus nombreux que les seconds) qui finirent par former un peuple breton à double culture qui se reconnait encore comme tel 15 siècles plus tard.
«... mais les Francs germaniques finirent par s'imposer en Gaule du Nord, où, ayant bientôt opté pour la bonne religion, ils purent se tailler leur nouveau royaume de Francie, puis de France, lequel excluait la Bretagne.»
* bonne religion ? : aux yeux d'opportunistes peu soucieux de religion, probablement, mais religion imposée sous peine de mort par décrets de Valentinien III !
* ... excluait la Bretagne ? : quid de Nantes, Rennes, Vannes, jusqu'à quand ? !
JC Even
C'était ironique et j'aurais sans doute du mettre des guillemets. La «bonne religion» c'était bien entendu le catholicisme romain qu'il n'était pas évident d'imposer aux 10 000 guerriers vainqueurs arrivant avec leurs chariots et tout leur peuple mais on se rappelle plus tard du baptême de Clovis entraînant la conversion des siens.
La mauvaise religion pour prospérer en Gaule à l'époque et de mémoire devait être par exemple l'arianisme, choisi je crois par les Wisigoths.
Bien entendu, la frontière orientale de la Bretagne a varié, mais il est difficile de brosser un tableau précis quand on survole un millénaire et qu'on est préoccupé par l'idée d'ensemble. On peut parler du «périmètre historique» de la Bretagne à partir du Traité d'Angers de 851 annexant les pays de Rennes, de Nantes et de Retz, mais bien entendu il y eut des fluctuations pendant les deux ou trois siècles suivants.
Cependant, à côté de la géométrie variable de la France au cours des temps qui suivront, la Bretagne reste quand même d'une belle cohérence.
Le sujet est éminemment complexe, puisqu'il est un principe de base constant que c'est l'histoire vue du coté du vainqueur qui est enseignée.
* question citoyenneté / nationalité : la Bretagne médiévale constituait-elle elle même un état-nation avant sa réunification à la France par des princes de Bretagne ?
* question religion du bas-empire : catholiques et ariens étaient chrétiens, même avec des options différentes. Le paganisme national romain était auparavant la religion de l'empire, et n'était pas pire que le christianisme dévoyé qui lui a suivi. On peut même dire que pour une grande part, le christianisme a contribué à l'effondrement de l'empire. Sans oublier que le christianisme lui-même n'a fait que reprendre beaucoup de thèmes païens préalables. En ce sens, les Orthodoxes sont plus proches des thèmes christiques d'origine que le catholicisme. Sans oublier que l'empire n'était pas dans le principe opposé aux religions 'provinciales', dans la mesure où celles-ci ne remettaient pas en cause le principe divin de la Personne de l'empereur. Il est à noter que le premier empereur chrétien à faire exécuter d'autres chrétiens fut notre fameux Maxen Wledig national, vis à vis de Priscillien et de ses amis. Ca relativise l'admiration que certains nationalistes bretons ont pour Maxime !
* Pour la territorialité de la Bretagne, qui est le résultat d'une évolution géopolitique sur sept siècles, il serait préférable de montrer les cartes des époques qu'on évoque, avant de présenter celle de la Bretagne, avec Nantes, postérieure à l'épisode plantagenêt d'Anjou, afin, précisément, de ne pas faire de l'histoire à la française, alors qu'on prétend s'en défendre.
Cordialement
JC Even
A mon humble avis, beaucoup des questions posées doivent trouver une réponse sur la manière dont les autres peuples et les autres nations abordent ces sujets. Nous oublions souvent que les Bretons sont loin d'être les seuls à habiter cette planète.
Personnellement, je considère que l'appellation «Breton-Armoricain» n'est pas bonne. Déjà, parce que l'Armorique est un concept essentiellement romain, or les peuples sur ce territoire existaient avant la venue de l'Empire Romain.
L'appellation «Breton-Continental» me semble bien plus appropriée...!
Car cela rappelle qu'en Europe, aujourd'hui comme par le passé, il existe des Bretons non-continentaux..!
Si demain les historiens en arrivent à conclure qu'avant l'Empire Romain, les habitants des territoires le long de la Manche et jusqu'à l’estuaire de la Loire peuvent être qualifié de Bretons pour diverses raisons... Celà évitera un nouveau débat sur l'Armorique.
Armorique est un joli mot en soit, mais ce n'est pas une raison pour plier l'histoire à l'utilisation de ce mot.
Les nations existaient avant l'Empire romain même si on préfère utiliser le mot «peuple»...!
A l'inverse, être Romain était avant tout une citoyenneté... sauf pour les Romains de Rome eux-même!
L'histoire de Bretagne, c'est l'histoire avant tout du peuple breton dans sa globalité : l'histoire de ceux que l'on nomme aujourd'hui «Bretons» sur le continent, «Gallois» et «Cornouaillais» dans l'île de Bretagne où le terme «Britton» est loin d'avoir disparu les Anglais allant même à l'utiliser... On pourrait logiquement ajouter les Pictes...!
Un peuple peut-être déjà présent sur le continent avant l'Empire Romain (l'avenir le dira), un peuple qui intervient militairement sur le continent à la fin de l'Empire, qui reste présent sur le continent et sur l'Ile de Bretagne, qui s'oppose à l'Empire Franc, qui noue une nouvelle relation avec l’Angleterre suite à l’invasion du 11ème siècle, une relation forte des 2 cotés de la Manche mais aussi sur le continent avec le Royaume de France, un peuple présent dans les grands événements de la mise en place de l'Europe moderne puis qui s'en trouve coupé progressivement par la perte d'indépendance puis par la perte de son Etat lors de la Révolution française pour n'être plus qu'un fantôme à l'aube du 21ème siècle au nom d'une idéologie.
L'histoire de Bretagne est d'une grande richesse, la difficulté est plus de parler de tout, mais le plus simple étant de ne parler de rien comme c'est le cas aujourd’hui à l'école...!
PS : pour le débat sur l'Etat-Nation.... La nation fait l'Etat et non l'inverse... C'est le principe premier de la démocratie : le Gvt du peuple, par le peuple et pour le peuple!
Il nous faut oublier le concept français qui est une catastrophe dont les implications ne sont que sources de guerres un peu partout dans le monde dès qu'on en arrive à penser qu'un Etat est légitime pour dominer un ou des peuples!
C'est ainsi qu'il a été récemment proposé de ne plus enseigner l'Histoire à l'école ! C'est comme casser le thermomètre pour ne pas reconnaître qu'il y a la fièvre.
En matière d'impérialisme, l'Histoire de Bretagne nous donne des références, comme la harangue de Galgacos, en 83, dans les Monts Grampians :
> parlant des Romains : «Ils font un désert, et ils appellent çà la paix !
(cf Tacite. Vie d'Agricola)
formule que l'on peut aisément comparer aux propos de Hoche à l'Assemblée après avoir fait zigouiller tout le monde ou presque : »la paix règne en Vendée"
JC Even
Je suis bien d'accord avec Jacques que la question bretonne est à inclure dans un ensemble actuel et je ne me suis personnellement jamais gêné pour évoquer les autres peuples ou nations comparables.
Si d'autre part j'apprécie le terme de «Breton Armoricain» (sans fétichisme rassurez-vous !) par souci de précision, ce n'est pas moi qui l'ai inventé,on le sait, c'est une appellation ancienne. Mais toute appellation est évidemment discutable, étant par nature une étiquette posée sur une réalité perçue de façon variable, y compris celle de «Bretons continentaux» qui, malgré sa part de vérité elle aussi, tient pour nulle dans les termes la présence des autochtones gallo-romains, les plus nombreux dans le mélange.
Ceux-là même qui deviendront Bretons à leur tour par mixité et intégration ou assimilation dans les petits états bretons des débuts, puis pour la partie Est, en étant rattachés au premier royaume breton «historique» du 9è siècle.
Dans ce cas ce fut donc l'Etat qui en fit des Bretons, comme ce fut la Révolution qui fit de nous des Français...
Il faut se rappeler qu'au moment de l'arrivée des Bretons «sur le continent», l'inter-compréhension était possible entre Bretons et Gaulois, tous deux plus ou moins romanisés, les deux langues celtiques britonniques étant d'un proche cousinage, largement comme actuellement les langues latines entre elles. Quant au latin, c'était un peu l'anglais de l'époque pour les lettrés, même si dans les centres et le long des grandes voies de communication de notre péninsule, on parlait également comme ailleurs un bas-latin sans doute assez peu orthodoxe.
Sans parler de commerçants ou des soldats, les «Bretons de peuplement» étant arrivés à la fin de l'Empire Romain et dans les deux siècles qui ont suivi, il y a peu de chances de les trouver massivement du temps des Gaulois, plusieurs siècles auparavant.
Certes les nations existaient au temps des gaulois : Vénètes, Osismes, Namnètes etc... généralement gérées par une assemblée, un Sénat. Mais Armorique est étymologiquement un terme celtique encore très reconnaissable, même s'il a fallu, c'est exact, attendre les Romains pour l'écrire.
Par contre je n'accepte pas que l'on surimpose «en 2016», au point de les confondre, la notion gauloise d'Armorique avec la Bretagne actuelle : le périmètre et la population ne sont pas ou plus comparables. C'est pourtant le parti-pris un peu curieux que l'on peut reprocher à l'étude par ailleurs très enrichissante de StatBreiz : «Le nouveau défi armoricain» (Locarn Editions).
En ce qui concerne les religions, j'ajouterai, pour aller vite, aux arguments de JC Even que les Bretons insulaires, peu sensibles au christianisme façon romaine importé par le colonisateur, s'enflammèrent bientôt pour le christianisme version orientale, syrienne et égyptienne : le «monachisme», plus exaltant car plus proche, par ses exigences extrêmes, de leurs idéaux héroïques traditionnels, encore rattachés à la mythologie celtique.
C'est ainsi que la troisième grande migration bretonne est connue, on le sait, sous le nom de «migration des moines», puisque ceux-ci, dont les abbés étaient issus des grandes familles nobiliaires d'outre Manche, menaient leurs gens vers la «Cité de Dieu» idéale qu'ils pensaient pouvoir établir dans leurs colonies d'Armorique, la Létavia de l'époque...
Bref, on n'en finirait plus...
Bien cordialement à vous deux.
Justement, si Bretons (Britons) et Gaulois étaient des peuples particulièrement proches, il semble que nos cousins insulaires semblent vouloir remettre en cause la «gauloisité» des peuples de la dite «Armorique»... (de l'Embouchure de la Loire à la baie de Somme.
D'ailleurs et sauf erreur, il m'a semblé lire un jour que Jules César évoquait des «Brittani» dans l'actuelle Haute-Normadie/Picardie, quand son armée est arrivée face à la Manche. (Mr JC Even pourra peut-être le confirmer voir l'expliquer)
Fleuriot nous évoque que la langue bretonne (et non gauloise) était toujours parlé en Picardie jusqu'au 8-9ème siècle...! Comme le long de la Loire d'ailleurs... (Certes du fait de l'implantation de Britto-romains a partir du 4ème siècle et la présence des légions romaines bretonnes, mais on peut aussi se poser la question sur le choix des territoires pour ces implantations par des civils).
(La présence de la langue bretonne en Gaule, hors des frontières de la Bretagne continentale, est un point que nombre de nos débatteurs acharnés sur la frontière linguistique bretonne du 19ème siècle se font un devoir de mettre de coté...! Or, celà mérite réflexion...!)
Que l'Armorique fut Brittonique où Gauloise, ce sont à nos ancêtres de répondre à cette question. Et pour les écouter, c'est aux chercheurs et aux historiens de faire leur travail!
Sauf que cela pose immédiatement des problèmes face à la vision géopolitique telle que nous l'avons depuis ce fameux 19ème siècle.
Si les «Armoricains» (de l'embouchure de la Loire à la somme) étaient des Bretons et non des Gaulois, ont ne peu plus parler d' «invasion» et d' «Immigration», thème cher à différentes idéologies de nos jours, si promptes à rappeler la migration des Bretons en oubliant bien volontiers la migration des Francs (valorisée sous le terme de conquêtes)....!
Or la migration d'un peuple sur son territoire n'est pas à proprement une migration, surtout quand elle se fait dans un cadre légal, ce qui est bien éloignée de la migration franque...!
Dès lors difficile de parler comme on le fait de nos jours d' «invasion» bretonne sur les prétendus territoires francs de Rennes et Nantes, et du Cotentin, si pour les Bretons du 8-9 ème siècle y voyaient une légitimité face à l'occupation de ces terres par les Francs d'outre-rhin et si des populations brittophones existaient toujours en territoire contrôlé par les Francs!
Difficile de parler d'une France qui serait le miroir «moderne» d'une «Gaule historique»... si cher à la République pour justifier une Bretagne française!
Or aujourd’hui, on nous présente une France issu des Francs qui serait légitime des gaulois, alors que la Bretagne continentale issue des Bretons ne serait pas légitime vis à vis de ces mêmes Bretons! Un paradoxe incroyable qu'un Anglais n'oserait jamais défendre sur l'île de Bretagne, même s'il en a la tentation!
C'est ce que j'appelle «plier l'histoire» à nos idéologies...!
Astérix avait peut-être raison quand il évoquait son «cousin» vivant sur l'île de Bretagne et Gosciny faux en qualifiant son héro de «Gaulois»...!
Le problème des Bretons continentaux d'aujourd'hui vivant sous le régime de la République Française, c'est qu'ils regardent leur histoire avec les yeux des Francs/Français et se refusent sous prétexte de «communautariste» d'étudier et de regarder leur propre histoire avec leurs propres yeux!
(Je parle de cette tendance au sens générale...)
Pour celà, il suffit d'ouvrir la plus part des livres d'histoire de Bretagne pour comprendre ce que je veux dire, surtout ceux destinés à la vulgarisation : «Une histoire de Bretagne des Mégalithes à Plogoff, Armoricaine Gauloise, Gallo-Romaine, amputée de son histoire insulaire, sauf pour une rapide évocation d'une migration à l'ouest de la péninsule d'un peuple qui de manière ingrate s'en prendra plus tard aux Francs pour leur voler leurs territoires et se croire à tord indépendant, puis opprimant d'une certaine manière les bretons de l' Est qui ne serait pas vraiment breton mais presque Français tout comme leurs ducs...»
Or c'est bien ainsi, que nombre de Bretons perçoivent leur histoire...!
Pour terminer, je dirai que connaître son histoire où s'y intéresser est devenue aujourd'hui pratiquement une tare, un signe de communautarisme, de repli sur soit, d'esprit fermé aux autres et au monde!
Combien de fois ne voit-on pas fleurir des gens exprimant presque fièrement leur méconnaissance de l'histoire comme une preuve de leur ouverture sur le monde!
Il est à craindre que la diabolisation de la connaissance de l'histoire, hier pour les Bretons, aujourd'hui pour les Français, soit l'un des futur cheval de bataille de la République au nom de «l'ouverture sur le monde» mais surtout pour maintenir un système à bout de souffle
A galon vat deoc'h,
Merci de me faire confiance.
Il ne faut pas se méprendre sur ce terme de Brittani trouvé chez César. Lorsque celui-ci s'est approché de la Manche (Mori-Iktios), lors des guerres de Belgique, il s'est rendu compte que les Belges recevaient des renforts de la part de Germains et de Bretons. C'est la raison pour laquelle, en matière de stratégie militaire, il lui fallait neutraliser autant que possible les sources de ces renforts. D'où une expédition en Germanie, outre Rhin, avec l'épisode du fameux pont rapidement monté, puis détruit dès l'expédition terminée pour ne pas permettre aux Germains de s'en servir. D'où aussi ses expéditions outre Manche, de 55 et 54 av J.-C. Il faut savoir qu'avant son expédition, il avait missionné dans l'Île le fameux Commios, atrébate de nationalité ( > Arras), parce qu'il était de la même nation que les Atrébates du sud de l'Île (aujourd'hiui Chichester, à l'ouest de Douvres), branche des Atrébates continentaux assez récemment installés dans l'Île. Quand il évoque des Britanni, il faut voir ce terme comme désignant leur position britannique = habitant l'Île de Bretagne, et non pas comme terme ethnique. D'ailleurs, 80 ans plus tard, en 43 ap. J.-C., c'est encore par le biais des Atrébates de l'Île que Claude trouva une raison pour mettre au point une attaque, avec l'intention cette fois-ci de s'implanter définitivement, ce qui lui vaudra l'épithète de Britannicus, qui sera également transféré à son fils.
Un ouvrage très intéressant : Michel Rambaud (dcd) : De l'art de la déformation historique chez César. Collection Belles Lettres. Ouvrage magistral d'analyses et de critiques.
Cordialement
JC Even
Donc, il n'y aurait pas eu de peuple de cette appellation dans cette région à ce moment là, mais plus des forces «militaires» bretonnes débarquées en soutient d'autres peuples continentaux.
Reste toutefois aux historiens à répondre à cette question : si êtres Bretons (Britons) ou Gaulois avait une telle importance pour ces 2 populations au point de justifier les qualificatifs actuels utilisés (émigration, immigration, envahissement, colonisation) vis à vis des populations Brito-romaines venues sur le continent aux 6-7èmes siècles...!
Reproche souvent fait aux Bretons, par les Français, mais aussi par des bretons partisans d'idéologies modernes particulièrement orientées...
Nos historiens devront également répondre à cette question: si les populations côtières (dites Armoricaines) se sentaient plus faire parti du «monde» britonniques (des îles Britanniques: Ireland et Bretagne) ou s'ils se considéraient plus comme des «Gaulois»...!
Mon avis (je ne suis pas chercheur) c'est que les populations (dites Armoricaines) appartenaient au monde «Britonniques» (breton) mais que la différence Breton / Gaulois était extrêmement faible.
Toujours de mon avis, la différence Breton (Briton) et Gaulois est pour l'essentiel un fantasme des idéologies de «Nationalisme-Etatiques» de notre époque, que les Bretons modernes acceptent docilement par la faiblesse qui est la leur pour assumer leur patrimoine historique face à ces idéologies. D'où le classement des populations (dites Armoricaines) en gauloises et non en bretonnes et les théories d’invasion de «pauvres» Gallo-romains Armoricains par ces «méchants» bretons qui plus tard on osé prétendre à une indépendance vis à vis des Francs (ces derniers s'étant auto-attribués la légitimité Gauloise, du fait de leur changement de langue et de religion et pour justifier leur invasion) ...
A galon vat,
Aurélien de Courson était précisément celui qui, contre l'avis global du moment, mettait en garde sur la confusion Bretagne = Armorique.
Hormis cela, le constat est alarmant !
On voit actuellement éclore des idées de revendication de l'enseignement de l'histoire de Bretagne.
Cela est parfaitement justifié vis à vis de l'enseignement tronqué et égocentrique de l'histoire proposée par le jacobinisme, qui, je le répète, n'est que de l'impérialisme et du racisme à usage interne.
Mais là où c'est grave, c'est que ceux qui veulent enseigner l'histoire de Bretagne continuent de se baser eux-mêmes sur des poncifs basés sur les falsifications du Moyen age et de la Renaissance, les divagations romantiques et celtomanes du XIXè siècle, et l'aveuglement nationaliste post 1920.
Si l'histoire est facile à expliquer à partir du moment où Nantes et Rennes ont été définitivement intégrées à la Bretagne, c'est à dire au XIIè siècle, il est urgent et impératif de se débarrasser des visions mythiques et légendaires préalables.
Revendiquer et répéter que la Bretagne est la Terre des légendes, c'est une façon aussi de se défausser de l'ignorance de l'histoire.
Cordialement
JC Even