Quimperlé renoue avec les cafés philos à l'occasion de Taol Kurun. Une occasion de se poser les (bonnes ?) questions.
Et si la majorité de la culture servie par nos médias était une culture de masse, destinée à enrichir toujours les mêmes, à promouvoir une culture élitiste et incompréhensible (selon un participant la CIA aurait «inventé» le concept d'art contemporain pour permettre certaines transactions financières...) ?
Les vingt participants n'ont cessé de débattre pendant deux heures et demie, à bâtons rompus, sous la houlette de l'ancien professeur de philosophie Marcel Le Lamer, responsable pendant dix ans du café philo aujourd'hui en sommeil, appelé «Je pense comme Jeudi» (les cafés avaient lieu le jeudi).
Ici, une créatrice de jardins et de temps libre, inventant un nouveau style de vie loin de la culture de consommation. Là, une peintre québecoise ne comprenant pas pourquoi en France il est si difficile de faire de son art son métier. Un homme intervient, avec un fort accent, pour dire que la création n'est possible que dans la pauvreté. Brigitte, chanteuse, en a assez des termes empoulés tels que «création». En anglais pour un cinéaste, un créateur, on dira simplement «film maker». Celui qui fait, qui agit, qui crée et produit sa culture...
Mais alors, les génies, Michel Ange, Baudelaire, les grands philosophes, les grands penseurs ? N'est-il pas nécessaire de voir cohabiter deux types de créateurs : les amateurs et les créateurs ? Ne peut-on dire que la créativité est propre à chacun, génératrice de bien être et de lien social et que le mot création est plus lié à des artistes qui apportent au-delà de leur époque et de leur art une dimension universelle à ceux qui les écoutent, les lisent ou les regardent ?
Comment s'y retrouver ? Alors on prend des exemples locaux : Taol Kurun vs les Rias.
culture locale, enracinée, portée par des acteurs locaux de 32 associations, producteurs de culture (haikus, chants, musique, contes, soirées, événements, audio-visuel, internet) ici et maintenant portés par Taol Kurun.
De l'autre côté du ring, Les Rias, un grand moment de culture populaire portée par Quimperlé communautés, transféré de Morlaix où le même festival avai lieu, subventionné à hauteur de 400 000 euros selon les participants, et très reliée aux centres des arts de la rue français et européens.
Comment concilier qualité de ce qui est proposé et enracinement dans la vie des gens d'ici ? En invitant des artistes locaux ? En construisant avec eux des spectacles ?
La musique de Bella Cio jouée par les Ramoneurs de menhirs clôt le débat. Les participants sont un peu frustrés : comme toujours, le plus important n'a pas forcément été dit. Mais peu importe, on reviendra. Cet exercice de philosophie collective est là aussi producteur de culture locale et d'éducation populaire.
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