Réponses à Michel Urvoy à propos de la Corse et de Jean-Guy Talamoni

Lettre ouverte publié le 20/01/16 2:42 dans Politique par Jacques-Yves Le Touze pour Jacques-Yves Le Touze
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Jean-Guy Talamoni (photo FOLLOWORLD.net)

Michel Urvoy, journaliste politique à Ouest-France, vient de publier un commentaire assez négatif sur le comportement de M. Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse. Voir ici sur le blog de M. Urvoy (voir le site) .

Je me suis permis quelques réponses car j'ai trouvé la charge un peu lourde et manquant de perspectives un peu plus larges. Les voici:

Je reprends vos différents points :

- «La France est un pays ami» : pourquoi être surpris lorsque l'on sait que M. Talamoni est indépendantiste ? Il ne s'est jamais considéré français, c'est son droit comme c'est votre droit de ne pas être d'accord. Mais c'est difficile de lui reprocher ses opinions politiques. Pour ma part, je considère que la Bretagne est l'une des plus anciennes nations d'Europe, que les «républicains indivisibles» disent le contraire ne changera rien à ce que je pense, bien au contraire.

- le dogme de la «République indivisible» : on a encore le droit de s'opposer à ce dogme, j'espère ? C'est au nom de ce dogme que la langue bretonne a été presque éradiquée, que le territoire de la Bretagne a été divisé entre deux régions, que l'histoire de la Bretagne n'est pas enseignée, etc etc. La palinodie l'autre soir à l'Assemblée nationale de Paris au sujet des langues régionales n'est qu'un exemple parmi tant d'autres de la toxicité de ce dogme de «République indivisible». D'ailleurs on n'arrête pas de nous parler des «valeurs républicaines» et on aimerait mieux beaucoup mieux entendre parler des valeurs démocratiques et européennes.

- le discours en corse de M. Talamoni : ouah ça c'est du lourd qui fait trembler le dogme républicain indivisible. Outre le fait que la traduction en français était disponible sous format papier, il est bon de rappeler que c'est la norme dans de nombreuses régions européennes. Pour prendre l'exemple d'une région proche de la Bretagne, le Pays de Galles, chaque député à l'assemblée galloise peut s'exprimer dans la langue de son choix , anglais ou gallois, aucun problème. Juste pour mémoire, notre président Jean-Yves Le Drian a répété à moult reprises que le statut du Pays de Galles était un exemple pour lui en ce qui concerne la Bretagne. Les talibans républicains indivisibles vont-ils excommunier le bas-Breton pour de telles idées dissidentes ?

- quant au sujet des prisonniers politiques, l'exemple de l'Irlande du Nord montre que l'amnistie est une étape quasi-obligatoire dans tout processus politique si l'on veut avancer tout en apaisant les passions contradictoires.

Pour en terminer rapidement, ce n'est pas la Corse le problème, ni la Bretagne , mais plutôt les dogmes républicains indivisibles qui continuent à vouloir nier les réalités dans les «régions à forte identité». Avec ces dogmes, l’État français ne pourrait actuellement adhérer en l'état à l'Union européenne car ne répondant pas aux critères demandés en matière linguistique et culturelle.... C'est donc un peu fort de café de retourner la faute sur ces empêcheurs de tourner républicainement en rond que sont Corses, Bretons ou autres.


Vos commentaires :
Reun Allain
Vendredi 15 novembre 2024
J'ai lu aussi cet article dans OF et signé M Urvoy. Tout est dans le ton de celui qui ne peut pas concevoir qu'une France indivisible territorialement comme si se sentir d'une autre nation était un blasphème. Cette notion de nation française a acquis une dimension quasi religieuse comme si l'humanité ne pouvait se concevoir qu'à travers les états-nation construits en force par la soumission de provinces conquises. En ce qui concerne le mythe de «l'Une et Indivisible», il y a une énorme confusion dans l'interprétation des termes de l'expression qui ne s'applique en fait qu'à la «République» et non à la «France». La France territorialement est tout à fait divisible d'ailleurs s'il suffisait de proclamer l'indivisibilité d'un territoire dans une constitution toutes les frontière dans le monde seraient perpétuelles. On sait bien qu'il n'en est rien.

Guy ROULETTE
Vendredi 15 novembre 2024
On oublie trop vite la sécabilité des ex départements d'AFN qui en son temps a montré que la République était bien divisible, les harkis et pieds noirs abandonnés. N'étant pas franc- maçon je ne suis pas républicain.
Je suis démocrate et de fait ne me reconnais pas dans la construction pyramidale actuelle. On n'y trouve n'y l'égalité, n'y justice, n'y fraternité. Il n'y a pas de démocratie, rien qu'une BISUCRATIE, un ensemble de bisuteurs et de bisutés .

Paul Chérel
Vendredi 15 novembre 2024
Même si je considère que lire Ouest-France et ce qu’y écrivent des gens comme ce Michel Urvoy, c’est perdre son temps, j’admire ceux qui ont le courage (et le temps ? ) de répondre à tel article ou de réagir à telle prise de position à la mode de la pensée unique et du politiquement correct. Ce qui est triste, c’est que ce type de presse de l’ancien temps ne tient absolument pas compte des courriers qui la dérangent et lui feraient perdre quelques lecteurs. C’est valable pour le “politique” mais également pour “l’économique”, le”scientifique” et le “technique”. Quant au “culturel”, c’est le massacre organisé digne d’un régime autoritaire. Paul Chérel

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