Depuis le 5 mai 2011, le cinéaste syrien Ossama Mohammed est exilé en France pour avoir critiqué le régime de Bachar el-Assad.
Invité par la Cimade à Lorient, une responsable d'Amnesty International présente le film et recadre l'histoire. A travers les vidéos postées par les cinéastes amateurs, le cinéaste syrien en exil suit l'évolution de la révolution syrienne.
Pour retracer cette histoire et la sienne, il compose un film à partir de cette mosaïque d'images et de sons : les premières manifestations et les premiers martyrs, la naissance d'un bébé avec les moyens du bord, les chants traditionnels, un adolescent torturé, les appels désespérés des insurgés à l'armée, le témoignage de soldats déserteurs. Jusqu'à Noël 2011, où un message parvient sur son ordinateur : celui d'une Syrienne d'origine kurde appelée Simav, qui lui demande : «Qu'est-ce que tu filmerais si tu étais à ma place ?»...
Certaines scènes sont d'une violence presque insoutenable, filmées par des dizaines de Syriens : scènes de combats de rue, de deuil, mais aussi de tortures, d'humiliations. Comment s'y retrouver dans un tel chaos visuel ? Cette question, Ossama Mohammed ne cesse de se la poser, dans un murmure, une sorte de recueillement qui amortit les déflagrations. Bruits de claviers, de tonalités de portable ou de skype accompagnent de très belles mélodies composées pour le film et chantées par Noma Omran.
La jeune Simav, dont le prénom kurde signifie « eau argentée », est, elle, plongée au coeur du conflit, à Homs. Elle entre en contact avec lui. Un lien se crée, elle lui écrit, lui envoie ce qu'elle filme, au jour le jour, de sa ville assiégée : un enfant qui fleurit la tombe de son père avec un bouquet de coquelicots, des chats estropiés...
Le débat qui suit le film dans la salle porte sur le conflit et la violence d'une guerre civile où tout est permis : tuer des enfants, des manifestants non violents qui réclament juste un peu de liberté, torturer...
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