Pour qui voter aux Régionales ?

Chronique publié le 2/11/15 19:01 dans Politique par marc Patay Lejean pour ABP
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Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! (1) Les régionales de décembre seront-elles propices à l'accroissement nécessaire des pouvoirs dévolus à la Bretagne ?

Un historien breton bien connu disait, il y a quelques années, « je n'ai jamais rencontré d'autonomistes » et c'était déjà l'inverse qu'il fallait dire. Il est vrai qu'il confondait partisans de l'autonomie et nationalistes, ce qui augurait mal de la rigueur de sa pensée… La plupart des Bretons qui s'intéressent au devenir de leur pays souhaitent nécessairement plus d'autonomie de décisions pour nos élus, sur le plan économique, éducatif et culturel. 1,4 milliard de budget régional c'est tout de même très peu, et pour la culture de la Bretagne (non pas bretonne), l'Etat distrait 1% des 7,5 milliards de son budget de la Kultur (2), ce qui est carrément minable.

Cet historien nous la sort bonne. Il confondait sans doute les partisans de l'autonomie avec des « barbus », non pas islamistes, mais peu fréquentables tout de même, et poseurs de bombes à l'occasion ! Bien sûr en 1977, le mot autonomie était péjoratif et n'a pas été prononcé durant la célèbre émission « Apostrophes » de « Bernard Pivot » (3) qui réunissait Xavier Grall, Pierre-Jakez Hélias et Gwernig. A la Libération, cela aurait suffit pour être condamné à l'indignité nationale.

Mais les temps ont changé, il y a tout de même un progrès, de la Gauche à la Droite en passant par le Centre, chacun nous concocte un beau programme avec un supplément gratuit : « plus d'autonomie », la signature de la Charte et la Réunification... à terme. Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent ...

Mais il y a quand même un problème.

Mr « Hollande », pour qui j'ai voté en 2012, manque de choix... est resté habile, trop habile, intelligent, brillant, actif, toujours content de lui, mais il a néanmoins fini par décevoir tout le monde. Les Français étaient, sont encore, prêts à de grands changements, pourvu que tout y passe et que tous y passent ; l'opportunité n'a pas été saisie et il est déjà trop tard. Ce Monsieur "Homais" (4) du compromis et de l'équilibre politique, ficelé par son parti, va quitter la scène, ce n'était pas un chef. Et les Bretons, nombreux à l'entourer, n'ont, en cinq ans ! rien obtenu pour notre région, et je ne parle pas de Mme Lebranchu qui n'a rien demandé !

Urvoas, Molac (10), de Rugy, et quelques autres, ont des convictions fortes, ce sont gens de qualité, ils se sont bougés lors des débats intéressant notre région (5) ; quant à "Le Drian", s'il a évité la fusion de la Bretagne avec les Pays de Loire en menaçant de démissionner, que n'a t-il convaincu son ami Hollande d'établir une Bretagne à cinq départements ? A part cela de nombreux députés socialistes ne s'intéressent pas aux questions régionales et ne votent même pas aux échéances cruciales. A noter que sur 13 femmes députées en B5, deux seulement étaient pour la réunification ; ce n'est pas brillant Mesdames, êtes-vous de simples soldates du PS sans convictions personnelles ?(5)

Il faut donc sanctionner le PS.

A droite, Mr "Le Fur" est très bien, la droiture bretonne et des convictions à revendre ; peut être un peu naïf ? Je me souviens d'un interview à Tebeo (6) (le 3/2009) où il se disait «sarkoziste de stricte obédience », était-ce bien nécessaire ?, Sarkozy, l'ami des Balkany ! que les Français souhaitent de moins en moins revoir à la Présidence. On peut apprécier Le Fur … et pas du tout Sarkozy, même en Bretagne les choix sont cornéliens.

Du reste, monter en épingle les clivages politiques n'a guère de sens, en Bretagne moins qu'ailleurs. Gauche ou Droite, en France, sont à gauche de l'échiquier politique américain (États-Unis). Marine « Le Pen », elle-même, est très à gauche des extrémistes religieux de la coalition de « Netanyahou » !, coalition qui ne serait pas tolérée dans notre pays (7). Et si le programme politique de Mme « Le Pen », anti-Europe, anti-culture bretonne, ne convient pas du tout à la Bretagne, elle n'en est pas moins républicaine !

Dans chaque parti, le pire comme le meilleur se côtoient, faisons davantage confiance aux hommes qu'aux programmes ! Il n'y a pas si longtemps, tous les partis français auraient été considérés comme de gauche, car il n'y a plus ni royalistes, ni légitimistes, ni partis religieux ni bonapartistes dans ce pays, ou si peu. Quant aux « valeurs de gauche », c'est de la propagande ; le droit de grève a été mis en place par "Napoléon III" en 1864, il avait proposé en Algérie, «  l'égalité parfaite entre indigènes et européens ». "Thiers", le républicain, fit fusiller des femmes et des enfants dans les rues de Paris, "Jules Ferry" fut le chantre de la colonisation, "De Gaulle" accorda le droit de vote aux femmes et proposa la régionalisation, la torture fut pratiquée en Algérie sous un gouvernement de Gauche, "Mitterrand" ne dédaignait pas l'usage de la guillotine (8), etc … les valeurs humanistes ne sont pas le monopole d'un parti.

Alors …

Il faut sauver le soldat "Troadec" (11). Ces derniers temps, il a secoué le cocotier et fait du combat régional une priorité, avec de premiers résultats, L'Ecotaxe, projet national, est enterré ! Bien que tout le monde sache que la violence ne fait pas avancer le débat … Troadec emmenait, ce faisant, un mouvement, les Bonnets Rouges, en majorité de droite, sans doute !

Voici justement ce qu'il faut continuer dans l'avenir. Défendre d'abord la Bretagne avant les combinaisons politiques ; délaisser pour un temps les clivages partisans en ce qu'ils ont d'excessif ; Créer une sorte de « Celib » (13) politique pour une période déterminée, après laquelle les jeux et les nuances politiques reprendraient leur droits. Un Célib politique, le temps que la Bretagne obtienne une autonomie substantielle. Les Bretons ont besoin de leaders pour leur montrer la voie, leurs journaux quotidiens ayant par trop délaissé le domaine des idées. Il suffirait que ces leaders s'allient pour que les Bretons votent en masse pour une Bretagne plus forte. Oh ! je sais bien qu'ils ne le feront pas, et pourtant, cela marcherait et les Bretons serait même enthousiastes. Ce parti autonomiste, dirigé par des leaders connus et reconnus obtiendrait peu ou prou, 60% des suffrages.

En attendant, il faut sanctionner le PS (sondage 12), quitte à repêcher ses meilleurs éléments pro-bretons, quand il s'agit de conforter les personnes et non le parti ; enfin, donner son congé à Hollande en 2017 et à son très jacobin premier ministre, comme je pressentais déjà qu'il l'était, lors de sa nomination (9), et c'est un socialiste « moderne » !

Enfin, quelque soit la qualité de l'équipe régionale, la France n'accordera peut-être rien, alors, si nous savons très bien refuser, comment l'obliger à donner ?

En prenant appui sur l'opinion. Par exemple pourquoi ne pas organiser un colloque international en Bretagne pour parler des régions autonomes d'Europe, des nations constitutives anglaises, des Länders allemands, etc en invitant leurs premiers ministres et ministres-présidents, leurs chefs politiques… cela ferait du bruit dans Landerneau, on y parlerait des institutions régionales, on y dessinerait les futures institutions fédérales de la France, et que Paris aurait-il à redire ?

« Notes : »

1. Le Lac de « Lamartine ».

2. Budget de la culture : (voir le site)

3. Apostrophe : (voir le site)

4. Personnage de Madame Bovary, Flaubert

5. Non-réunification : une honte ! (voir le site)

6. Interview de Marc Le Fur : (voir le site)

7. Gouvernement de Netanyahou : (voir le site)

8. (voir le site)

9. Revue de presse : (voir le site)

10. (voir le site) article de Molac

11. (voir le site) article de Philippe Argouarc'h

12. (voir le site) Sondage

13. Comité d'étude et de liaison des intérêts bretons


Vos commentaires :
Dimanche 5 mai 2024
«Tant qu'il n'y aura pas de référendum reconnu, le discours devra être alternatif, et donc excessif d'un certain point de vue.»

Oui, si j'étais le gouvernement espagnol, je laisserais un référendum légal s'organiser. Le vote ethnique jouerait à plein en faveur des espagnolistes. Au fond, comme cela a déjà été le cas lors des dernières élections où les partis indépendantistes étaient minoritaires en voie et où le PP a remporté de grands succès dans les localités où les Xarnegos ont entièrement remplacé les Catalans. L'exemple québecois a tout pour rassurer Madrid. Le problème, c'est la célèbre indécision galicienne : Rajoy est incapable de trancher clairement un problème.

«Sans parler de la majorité de l'Espagne où, finalement, la corrida est loin d'être une vieille tradition. Comme à Valence.»

La corrida ce n'est que la formalisation moderne de jeux taurins qui se pratiquent depuis des millénaires chez toutes les populations ibériques, un peu comme le rugby est une forme standardisé des vieux jeux de soule.

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