"Si l'on ne mène pas une politique de rupture avec les Jacobins, pas d'avenir pour le breton"

Communiqué de presse publié le 31/10/15 22:32 dans Politique par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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andre lavanant

À Carhaix, il y a une semaine, l'ancien président de Diwan, très impliqué aussi dans Stumdi et Dizale prenait la parole en breton au débat sur la politique linguistique en matière de langue bretonne du Conseil Régional. Retour sur ses interventions.

«Pour le moment le Conseil régional de Bretagne dépense sept millions et demi d'euros pour la politique linguistique en faveur du breton. Nous, la liste Oui la Bretagne, nous prévoyons dix millions pour le début du mandat, quinze millions en fin de mandat. Au Pays basque, 93 millions y sont consacrés, soit douze fois plus que pour nous. En Corse ils ont budgété sept euros par habitant pour la politique linguistique, 21 euros en Catalogne et en Bretagne, 2.50 euros».

Il faut aller plus vite, selon lui. Alors qu'il y avait 8% de croissance en 2005 pour l'enseignement bilingue en Bretagne, on a enregistré une croissance de 3% à la dernière rentrée. L'objectif de la mandature actuelle était de 20 000 enfants bilingues et finalement ils étaient 15 500 en septembre. «Nous passerions de 3% à 10%, avec, comme en Corse, une initiation pour tous les enfants de trois heures par semaine en langue et en histoire».

Il faudrait arriver à 30% d'enfants scolarisés dans les filières bilingues, selon lui, animer le réseau, et arrêter l'hémorragie d'élèves entre premier et second degré, et lors du passage du collège au lycée. Un centre d'étude et de recherche sur le multilinguisme serait créé comme au Pays basque, pour valoriser les pratiques bilingues et multilingues et faire connaître les résultats des élèves.

Selon André Lavanant, après deux mandats avec les socialistes, il est temps d'évaluer ce qui a été fait : «Une grande erreur a été commise quand on a fait croire qu'une grande partie du travail de politique linguistique pour la langue bretonne serait désormais fait par l'Office de la langue bretonne. Certaines associations ont disparu. Pourtant, dans ces associations, on voyait des gens qui avaient des relations avec les militants de la langue bretonne. De plus les relations parents/élus/familles ne sont pas satisfaisantes. Comment une machine si grande pourrait être proche du terrain ? »

Et d'ajouter, simple et clair : «Si on ne mène pas une politique de rupture avec les Jacobins, ne vo ket un amzer nevez evit ar brezhoneg».


Vos commentaires :
konan Lasceau
Jeudi 21 novembre 2024
avec des si,...on peut faire beaucoup de choses

mais avec des sous, nos sesterces, nos deniers, nos florins, nos livres, nos euros ...

Nous pourrions faire nettement plus que l'aumône «françois»(e)

voyez les Basques au delà des Pyrénées. Puis bientôt les catalans, et ces pingres d' Ecossais qui ne veulent plus payer pour les Angloys.


Léon-Paul Creton
Jeudi 21 novembre 2024
C'est étonnant que des personnes considérées de bon niveau intellectuel, n'arrivent à cette conclusion que maintenant! Ou ne parviennent qu'à le déclarer publiquement. André Lavanant est loin d'être le seul!

Avec mon «Certif d'Etudes Primaires», cela fait plus de trente ans que «je sais» qu'il est inéluctable que la seule voie des Bretons d'émancipation, est une opposition «forte et la rupture» d'avec les jacobins!

Encor que le dire enfin, c'est bien! Mais le faire c'est mieux! Les élections quelles qu'elles soient est un gaspillage, une usure de l'énergie à consacrer à la vraie lutte!...


Olier ar Mogn
Jeudi 21 novembre 2024
Alato, Andre, petra eo an dagadenn-se a-enep Ofis publik ar brezhonek ? Daoust hag ar ger «publik» an hini eo a laka ac'hanout diaes ? Ur farsite eo lakaat war choug an OPAB e vefe kevredigezh pe gevredigezh gant diaesterioù. Un tamm mat re aes... Hag en tu-hont da se daoust ha n'eus ket ur pezh mell dislavar o c'houlenn «brezhoneg ofisiel» hag o tiskar kement egin a ofisielatat a zo... Petra eo 25 den evit Breizh a-bezh ? «Re vras» an Ofis ? Biskoazh kemend-all ! Dipitus...

Christine Viard
Jeudi 21 novembre 2024
«Certaines associations ont disparu.» Ah bon, lesquelles ? Il me semble pourtant qu'en Catalogne, au Pays Basque Nord et Sud, au Québec, au pays de Galles, en Corse, en Galice... se sont bien des organes officiels qui s'occupent de politique linguistique et non des associations, je ne comprends pas la logique.

Edoaurad BENSOUSSAN
Jeudi 21 novembre 2024
Et oui c'est dommage d'attendre si longtemps pour s'apercevoir qu'il n'y a rien a attendre des parties nationaux français quel qu'ils soient. L'avenir de la Bretagne s'il elle en a un !se fera en étant autonome avec ses 5 départements.

Paol
Jeudi 21 novembre 2024
Comment veulent-ils mener une politique de rupture avec d'anciens élus et représentants de partis parisiens dans leurs rangs ? Ces derniers sont tout juste sortis de leur parti pour pouvoir continuer une carrière.

Yann le Bleiz
Jeudi 21 novembre 2024
Que de sages paroles, mais bien tardives...!

J'ai déjà évoqué dans mon entourage proche que les 3% étaient une catastrophe, mais on me répond que c'est au contraire une progression dont il faut se féliciter!

Je suis heureux de contraster que Monsieur LAVANANT partage mon opinion!

300 enfants passant le baccalauréat en Breton sur environ 50 000 bacheliers! Une vision du néant!

Mais on est content avec cela, alors que nous vivons dans une Europe et un monde multilingues ou la culture et l'identité seront des facteurs de croissance économique majeurs!

Malheur à ceux qui n'auront plus leur culture et leur identité (l'ONU prévoit la disparition de 90% des langues, donc des identités, au cours du 21ème siècle). Ils seront le tier monde de demain!


@ Christine Viard

Dans les pays que vous citez, la démocratie est bien plus réelle que chez nous.

Pour exemple : au Pays Basque et au Pays de Galles, le budget des gouvernements locaux est 16 fois supérieur par habitant au budget breton (le niveau de démocratie est en conséquence)!

Donc, en Bretagne, c'est l'ETAT FRANCAIS qui décident pour les Bretons (dans le rapport que je vous décris ci-dessus), et cet Etat n'a JAMAIS fait mystère de sa volonté ethnocidaire au nom de l'Une et Indivisible!

C'est pas difficile à comprendre, mais nous Bretons faisons semblant de croire que nous vivons sur le même niveau de démocratie que les peuples que vous citez!

Peut-être pensons-nous qu'en faisant semblant, c'est mieux ainsi!

Or, il n'en est rien!

(Alsaciens, Corses et Basques font visiblement un peu moins semblant que nous...! La proximité avec d'autres systèmes y aidant certainement!)

Vous devriez le savoir, mais j'espère qu'avec mon explication vous le savez maintenant!


yanneutch
Jeudi 21 novembre 2024
Olier, ne welan tamm ebet e pelec'h emañ an dagadenn.
Er mare-mañ n'haller ober tamm evezhiadenn ebet hep ma vefe gwelet evel un dagadenn (evel gant Ai'ta da sk.)
Kaoz a zo, da skwer ag Unvaniezh ar Gelennerien Brezhoneg (Tan Ba'n Ti II): aet eo diwar wel. ne gav ket din e vê sin vat, ha n'eus den a lavar e vefe dre faot tud an Ofis.
Ur sell a-dreñv a ziskouez mat pegen cheñchet eo an amveziadoù : steuziet SAB, marv an Here, damvarv SUAV, aet UGB diwar wel : ha laouen e c'haller bezañ a gement-se ? Tamm ebet.
Piv en deus lavaret e vefe «re vras» an Ofis ? N'eo ket bet lennet ganin er pennad avat. Hag anat eo, n'hall ket ar 25 den a zo o labourat ennañ ober pep tra ; ha pa vefent 50, n'hallfent ket ken nebeut.
Gant ar pobloù eo e vez saveteet yezhoù ; hepto, ne welan ket petra c'hall an ofisoù ober.
Un damoug pivelek ?

Christine Viard : dans tous les pays que vous citez, il y a des associations vivantes et de masse, il y a une société civile créatrice ; pas en Bretagne. Dont acte ? C'est sur qu'avec un Kevre Breizh qui revendique 50 000 adhérents mais qui n'est pas foutu d'en faire bouger 3000, on peut pavoiser...

E gwirionez, en em douellet eo an dud o-unan e Breizh : fiziañ dazont ar brezhoneg er vugale, en Ofis, er skolioù, er Stad... e-lec'h hen deskiñ (tud ar vugale), ober gantañ hag ober anezhañ yezh an dispac'h.


Colette TRUBLET
Jeudi 21 novembre 2024
En Bretagne nous avons développé un «art de l'esquive » sur la base d'une conviction que rien ne nous détachera de notre héritage breton et celtique.Nous avons souvent eu la révélation de notre appartenance bretonne en voyageant en France (ou ailleurs), parce qu'à l'école la Bretagne n'était mentionnée que comme une «province» française. La malédiction de la soumission à plus puissant que soi: le jacobinisme, nous est alors apparu dans toute sa brutalité. Nous avons tu notre héritage, stigmatisé par la honte de ne pas savoir la langue du dominant. Nous n'avons pas dit notre dernier mot ! et si nous sommes plus brutalisés que d'autres par l'Etat, c'est sans doute parce qu'il craint notre sécession. Nous sommes sans doute plus influents et forts que nous ne le pensons. Le nombre de nos voix réunies mettrait le système actuel en danger et nous n'en avons pas assez conscience. Pourtant les enfumages à répétition par les médias sont visibles. A nous de réfléchir plus loin que dans des querelles qui nous divisent pendant que les profiteurs du système jacobin se réjouissent de leurs victoires répétées sur notre soi-disant naïveté.

yann pourlet
Jeudi 21 novembre 2024
Sur l'Office : Lavanant ne dit pas qu'il ne sert à rien, il dit seulement que maintenant qu'il y a l'Office, tout le monde se repose sur lui. Avant, pour créer une école, des parents se réunissaient et se bougeaient, maintenant on leur fait croire qu'une négociation mairie/office va apporter une école bilingue dans leur commune.
Pour le reste, on peut mettre tout l'argent qu'on veut, ça ne remplace pas la volonté des gens. Pour apprendre le breton sérieusement, ils ne se bousculent pas au portillon, à la limite, ils envoient leurs gosses et encore. Une langue ça sert à communiquer, pas à mettre des écriteaux partout. Dans de nombreux bulletins départementaux , municipaux, on a droit à des traductions, pratiquement jamais à des articles en breton originaux. Et pour parler et entendre parler, on est rendus à devoir organiser des réunions. Que faire ? J'avoue humblement que je n'en sais rien.

Yann le Bleiz
Jeudi 21 novembre 2024
@ yann pourlet

Mon Dieu que c'est brutal ce que vous dites.

«à la limite, ils envoient leurs gosses et encore.»

Déjà, il ne s'agit pas de «gosses» mais d'enfants qui seront les adultes de demain, un minimum de respect pour les Bretons de demain ne sera pas de trop.

Contrairement à ce que vous dites, amener ses enfants à l'école pour apprendre le Breton (alors qu'on a soi-même été privé de cela, ce qui constitue une violation grave du droit de l'Enfant, droit que la France n'a pas ratifié) est admirable, car cela permet de réparer la violence faite et de permettre de maintenir la transmission malgré la coupure d'une ou deux générations!

Si vous avez du mal à parler Breton dans la rue, dites vous que les arabes parviennent très bien à parler leur langue là ou un britophone motivé comme vous semble avoir des difficultés à ouvrir la bouche!

Et OUI, l'argent compte pour beaucoup, les professeurs ont le droit à un salaire ainsi que les employés de ces écoles... tout comme les enfants ont besoin de livres et de production audio-visuelles (exemple de la TV) et d'infrastructure scolaires (donc d'école) pour les accueillir!

Et mettre des écriteaux, cela sert à utiliser sa langue au quotidien...! C'est ainsi dans tous les pays du monde!

Retourner à vos réunions de papi, je pense qu'il ne doit pas y avoir beaucoup d'enfants avec une approche comme vous nous la présenter!

(Par contre, entièrement d'accord avec vous, la création de l'Office permet de rendre administratif la démarche démocratique issu du peuple en la rendant de fait contrôlable par l'Etat, état qui est évidemment opposé au retour des langues non françaises des peuples et nations historiques de l'hexagone! Mais, le mouvement breton n'est-il pas en grande partie socialiste, donc opposé aux initiatives privées?)


yann pourlet
Jeudi 21 novembre 2024
En fait de «réunions de papi», j'ai moi été enseignant en breton en primaire, encours pour adultes et avec «Skol Ober», je pense connaître un petit peu ce milieu et pouvoir en parler.
«gosse» pour moi n'a rien de péjoratif.
Pour ce qui est des arabes, oui, ils parlent leur langue, ils l'ont toujours parlée, avec ou sans école, avec ou sans permission du colonisateur et ils ont maintenu la transmission là-bas.
Sur l'école, mes enfants ont été en classe bilingue, j'ai moi aussi appris le breton de mon côté. C'est pas facile, il faut le vouloir.
La question est «y a t'il une volonté des bretons en général de se réapproprier leurs langues ?»
Je ne suis pas contre le fait de payer les enseignants ou une télé, ou quoique ce soit d'autre, je me demande simplement quelle est la demande réelle.
Pour ce qui est de parler, moi, ça ne me gêne pas du tout, mais j'ouvre aussi mes oreilles et je me rends bien compte que je n'entends du breton nulle part ou presque de façon spontanée en-dehors des «milieux spécialisés».
Si vous habitez dans un coin où vous pouvez faire le constat contraire, dites-moi où...

Olier ar Mogn
Jeudi 21 novembre 2024
Un dra a verzan da gentañ. N'omp bet nemet daou oc'h embann hor soñj er yezh a embannomp difenn. Ma vije ur soñj bennak e galleg, droug ebet, tud digor omp pe n'omp ket ? Kement-se avat, n'eo ket reizh din-me.
Respont a ran bremañ da Yanneutch. (ha n'ouzon ket piv eo pa hañval-eñ anavezout ac'hanon pa ya gant «Olier» ouzhin...
Ya, poazh on gant ar c'hraksoñjoù a vez skrignet diwar-benn an OPAB. Lazhet Div Yezh ha Dihun ganeomp ? Alato ! Frankiz a zo gant an div gevredigezh kerent d'ober pezh a garont hag arc'hantaouet e vezont kement ha kement bepred, din da c'houzout, gant ar Rannvro.
Ha, ya, pa lennan "une grande erreur a été commise quand on a fait croire qu'une grande partie du travail de politique linguistique pour la langue bretonne serait désormais fait par l'Office de la langue bretonne. Certaines associations ont disparu. Pourtant, dans ces associations, on voyait des gens qui avaient des relations avec les militants de la langue bretonne. De plus les relations parents/élus/familles ne sont pas satisfaisantes. Comment une machine si grande pourrait être proche du terrain ? » e soñj din e skoer hebiou penn-da-benn. Hag ez eo un dagadenn. Petra ober eus se a-hend-all ? Piv a vir ouzh an dud a labourat war an dachenn ? N'eo ket an Ofis publik bepred ! Ha piv a zo muioc'h war an dachenn eget gopridi an Ofis publik ? N'ouzon ket pet kant emvod war an dachenn gant an OPAB er bloaz tremenet c'hoazh. Tud pep kumun, tud ar vro o deus da lavaret o soñj, ya ! Tud frammoù emanvet dileuridi bed sevenadurel Breizh avat... karout a rafen gwelet ar pezh zo bet graet e gwirionez war an dachenn gant tud zo. Trawalc'h.

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