"Noces d'autrefois en Bretagne" par Joël Le Nouën est sorti en septembre 2015

Présentation de livre publié le 20/10/15 22:27 dans Cultures par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou
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Noces d'autrefois en Bretagne par Joël Le Nouën, Coop Breizh, 2015.
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Noces d'autrefois en Bretagne par Joël Le Nouën, Coop Breizh, 2015. Une page du livre.

L'éditeur Coop Breizh de Spézet a publié ce livre de Joël Le Nouën sur les noces bretonnes de 1845 à 1945, 145 p. (et non 176 p. comme l'indique l'éditeur), 19 x 25 cm, préfacé par Alain Croix.

(voir le site) de l'éditeur, page du livre.

«Il est peu de pays, je crois, où le mariage prête à un cérémonial plus compliqué, plus pittoresque aussi, qu'en basse Bretagne», écrivait l'académicien Charles Le Goffic en 1911 (quatrième de couverture).

La grande originalité de ce livre est de témoigner bev ou live ! En effet l'auteur a fait un long travail de recherche dans les archives départementales ; il a trouvé des articles d'époque et a en publié des copies « avec des témoignages parfois cocasses et inattendus » (4e de couverture).

Joël Le Nouën et ses recherches

L'auteur, qui réside à Nantes depuis 1982 après un séjour de onze ans en région parisienne, est originaire d'Auray. Sonneur, il a été membre de la Kevrenn Alre.

Depuis 30 ans il collectionne les cartes postales anciennes sur les sonneurs et mariages en Basse Bretagne.

Il n'a fait des recherches qu'aux archives départementales du Morbihan. « Pour les 5 départements il y aurait 700 pages », nous précise-t-il par courriel, ajoutant « je laisse aux autres fouineurs la joie de publier ce genre de recherches sur leur propre département... ».

Il ajoute aussi, donnant plus de détails que la 4e de couverture, que le livre contient « 200 articles de presse illustrés par 150 documents, cartes postales, photographies de famille et dessins divers...».

En annexe on trouvera une liste nominative des sonneurs qu'il a rencontrés lors de ses recherches, comme l'indique Alain Croix dans sa préface :

« Les passionnés de musique, de même, se réjouiront d’une impressionnante et précise liste (en annexe) de tous les sonneurs rencontrés par Joël Le Nouën : il parvient à enrichir sensiblement le dénombrement de référence publié en 1996, [dans le livre (1)] “Musique bretonne. Histoire des sonneurs de tradition”. Enrichir par des précisions, prénoms ici, dates là, nouveaux noms bien sûr, mais aussi en insérant ces sonneurs dans la société. Les sonneurs aussi font la fête, et Jacques Rivoal passe huit jours en prison pour avoir insulté un gendarme. Les sonneurs aussi ont leurs faiblesses et passent en justice, reçoivent un coup de couteau, sont en procès avec leur curé ».

Extraits de la préface d'Alain Croix

Membre de l'association des cartophiles du Pays nantais (2), Joël Le Nouën avait rencontré Alain Croix à une de leurs réunions. Celui-ci l'avait encouragé dans son projet de livre, et c'est ainsi qu'il en écrivit la préface.

Une longue préface magistrale que nous ne pouvons donner dans son intégralité (droits d'auteur), mais dont la dernière phrase résume à elle seule l'intérêt du livre :

- La minutie acharnée de l’auteur dans sa recherche de tout ce qui touche au mariage nous donne un de ces travaux qui honore chaque bibliothèque, très au-delà du simple rayon de l’érudition : un livre marquant, tout simplement.

Extraits :

Ils montrent qu’au-delà d'une étude du mariage et de ses traditions, c'est une vraie étude de sociologie de cette époque (1845-1945) que nous propose Joël Le Nouën.

- Le lecteur pressé commencera par les photographies, les cartes postales. Et passera à côté de l’essentiel.

Joël Le Nouën a mené en effet une extraordinaire enquête, en collectionnant, patiemment, les faits divers, les échos, les “brèves”, tout ce que les quotidiens, hebdomadaires et autres périodiques morbihannais ont pu publier à propos du mariage pendant un siècle. Le résultat est un véritable trésor, en soi, même si parfois, en prime, il éclaire remarquablement une photographie.

- Mais que de petites choses précieuses ! Nous connaissions bien sûr le rituel très ancien du “droit de passage” symbolique réclamé au cortège de noce mais c’est, à ma connaissance, la première fois qu’on associe aussi précisément une image qu’on pourrait imaginer “folklorique”, photographie prise à Plusquellec en 1906, et un récit de la même année à Roudouallec.

- Le rituel de l’invitation au mariage au cours d’une visite, oui, mais détrôné peu à peu par le faire-part imprimé, une évolution bien signalée à Pluvigner en 1913. Le “Grand Mardi” d’avant le Mardi Gras, qui regroupe quantité de noces en un moment commode, hors des interdits religieux et des grands travaux agricoles, oui, mais en train de s’effacer, à Pluvigner encore, en 1931.

- Les sonneurs, biniou et bombarde, oui bien sûr, dans toute noce qui se respecte, mais une pratique dont le coût conduit les plus modestes à faire appel à l’accordéon.

La prétention du clergé à tout contrôler, à interdire la danse ici, les beuveries là, et même à telle jeune fille de porter les fleurs d’oranger symboles de pureté, oui encore, mais les protestations, le rejet, la condamnation même de cette volonté de tout régir.

- Ces textes nous disent le décalage, aussi, entre les « savants » et les autres, entre les journalistes et leurs correspondants d’un côté, les habitants qu’ils décrivent de l’autre. La presse dénonce : les coups de feu, l’alcoolisme. L’écrivant étale son savoir, et de citer Terpsichore, la Muse de la danse et du chant, à propos de “danse aux binious” !

- Et l’auteur de consigner, avec scrupule toujours, quitte à renverser nos idées reçues. Qui ignore ces « noces bretonnes traditionnelles » qui rassemblent des centaines d’invités, et jusqu’à 1500 pour la plus importante ? Oui, elles existent bien, mais elles sont l’exception ! Joël Le Nouën en a compté 35 en tout et pour tout, entre 1894 et 1930 : une par an, à l’échelle du Morbihan !

- Et puis, dans un bonheur qui arrive toujours à ceux qui labourent les archives, Joël Le Nouën a mis la main sur des pièces essentielles, qui renvoient parfaitement à nos préoccupations d’aujourd’hui. La confrontation entre les normes de comportement définies par la majorité et la liberté individuelle ? Nous voici face aux charivaris, ces manifestations bruyantes, parfois à la limite de la violence, qui prétendent dénoncer des unions “déviantes”, c’est-à-dire avec des écarts d’âge importants ou des remariages “inadaptés”.

- Et le “mariage pour tous” ? Mais oui, bien sûr ! En 1897, à Saint-Jean-Brévelay, le maire refuse de célébrer un mariage, approuvé par la presse catholique qui dénonce cette pseudo-“union”. L’affaire suscite trois articles de presse au moins ! Ne sommes-nous pas au c½ur de nos passions françaises ? Joël Le Nouën, bien sûr, ne nous laisse pas ignorer de quoi exactement il s’agit : du remariage d’un divorcé…

- Et la douleur de la terrible guerre, que nous commémorons tant aujourd’hui ! En février 1918, une double noce est célébrée à Guémené-sur-Scorff, avec force danses, chansons, alcool et viandes douces, comme il était d’usage jusqu’en 1914. Cette fois pourtant, elle suscite la polémique : les morts, la douleur…

Noce en Bretagne : un film de 1908 par Pathé

En rapport direct avec le sujet du livre, un film à découvrir.

Un site : (voir le site) donne le lien vers YouTube : (voir le site) titré Une noce en Bretagne.

Film de 7' 24, muet. La vitesse de tournage des caméras de l'époque (plus lentes) a affecté la vitesse de l'image, trop rapide à la projection. Souvenons-nous des « Charlot » dont la précipitation ajoutait au comique !

Ne pas perdre son temps avec les versions mix et remix de KB-BZH, même pas sonorisées de musique bretonne adaptée...

Mis en ligne le 21 mai 2010 par Andrea Righi, celle-ci donne des détails sur la firme Pathé. Traduction de l'italien :

Pathé (ou Pathé Frères) est une société cinématographique fondée à Vincennes en 1896, par Charles Pathé (avec ses frères et Émile Théophile) qui fut le premier à réaliser le potentiel inhérent dans cette nouvelle forme de divertissement. Pathé était en fait la première entreprise de cinéma et le contrôle du processus de fabrication de films de production : depuis la fabrication du film jusqu'aux salles de projection.

Dans les années 1900 elle ouvre des filiales partout dans le monde et réussit à vendre aux États-Unis des images de films en quantité deux fois supérieure à toute la production américaine. En 1907, quand commencèrent à naître d'autres sociétés de production, Pathé était toujours le premier à se rendre compte des règles du marché, en décidant de ne pas vendre les film, mais de les louer et de jeter les bases du commerce de film qui se poursuit encore aujourd'hui.

En 1918, les frères décidèrent de séparer la partie de la société liée à la production de disques, en créant la maison de disques Pathé, devenue, après l'accord avec Guglielmo Marconi en 1924, Pathé Marconi.

On notera le commentaire d'un connaisseur :

Excellent, cela correspond parfaitement aux cartes postales anciennes, une petite erreur de Pathé : la gavotte est un Kas abarh [danse vannetaise] et ce n'est pas celui de Landévant ! (à 6' 20).

Coop Breizh

Kerangwenn

29540 Spézet / Speied

(voir le site) de l'éditeur et diffuseur Coop Breizh

Notes

(1) L'association des cartophiles du Pays Nantais a été créée en 1978 et compte 240 adhérents. (voir le site) de Ouest France du 22 janvier 2013 pour un article lors d'une réunion.

(2) Musique bretonne. Histoire des sonneurs de tradition, dir. Michel Colleu, éd. Chasse Marée, 1996, 512 p. Réédition à l'identique en 2003. En 2008 une version condensée de 160 p. est parue avec le même titre et la même photo de couverture.


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