L'UDB : énième crise, implosion ou re-création ?

Communiqué de presse publié le 10/10/15 23:13 dans Politique par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Lors du séminaire Ermine, Jean-Jacques Monnier, historien et militant UDB racontait les cinquante années du parti autonomiste breton.

Fin de la guerre d'Algérie : des jeunes étudiants rennais sont politisés, la moitié d'un amphi est alors syndiquée à l'UNEF. Alors que le CELIB rassemblait à droite et à gauche, la guerre d'Algérie radicalise les positions, le conflit droite/gauche s'accentue. En 1963 naît l'UDB, et 1964 voit le nouveau parti s'octroyer une charte et un journal : «le peuple breton». Le nombre d'adhérents augmente tout doucement jusqu'en 1968. Le parti s'inscrit alors sur une ligne anticolonialiste très nette, avec la diffusion d'un petit fascicule jaune intitulé «Bretagne = colonie» tiré à 12 000 exemplaires. Le livre de chevet des étudiants est alors «Portrait du colonisé» d'Albert Memmi. Morvan Lebesque, journaliste au Canard enchaîné et au Peuple breton côtoie alors le jeune Gwenc'hlan le Scouezec à la rédaction du journal du parti.

En 1970-71, première crise interne ; une vague d'exclusions entraîne le départ de 50 adhérents sur 150. La base rennaise est perdue.

C'est à Brest que l'UDB recrute alors : Thomson, ouvriers, syndicats. On passe de l'UDB étudiante à l'UDB ouvrière et fonctionnaire. En 1978, Giscard remporte les élections avec Raymond Barre premier ministre, l'UDB se présente alors presque partout aux législatives : la désillusion est grande avec seulement 2% pour les candidats UDB, malgré 2000 adhérents actifs sur le terrain.

En 1979, des conflits internes, des cantonales qui marchent bien, mais le mécontentement monte.

En 1981, les présidentielles et les législatives sont gagnées pour la gauche. Alors que l'UDB présente 36 candidats aux cantonales avec 6%, en 1992, l'alliance Verts, Génération Écologie et UDB permettent un score de 12%. Mais l'élan s'arrête là : Louis le Pensec déclare en 1981 que «l'UDB n'a plus lieu d'exister» puisqu'il va s'occuper avec les élus bretons du PS de la loi sur les langues régionales et va obtenir une réforme régionale forte...

En 1986, nouvelle crise interne très forte à Brest cette fois avec la scission entre l'UDB et Frankiz Breizh, un climat passionnel s'installe. En 1984, un tiers de l'UDB s'en va (les Brestois). Or, jusqu'à présent, la grande fête (1974 à Morlaix pour la première fois puis jusqu'en 1984 à la Penfeld), la «fête du peuple breton» permet de financer le parti. Elle a lieu pendant trois jours à Brest, avec des têtes d'affiche comme les Quilapayun. En 1984, la fête est déficitaire et connaît sa dernière édition.

En 1989, l'arrivée de Christian Guyonvarc'h et d'autres jeunes permet la rédaction de cahiers sur l'environnement, le centralisme, la mondialisation...

En 1998-2004, les résultats sont assez bons aux élections régionales avec 4% des voix. De 2000 à 2015 des alliances se font avec les écologistes, en 2004, l'alliance avec les Verts permet de faire 10% et alors la fusion avec la liste de le Drian permettra la première représentation de quatre élus régionalistes dont trois UDB et Christian Troadec.

En 2010, Jean-Yves le Drian n'accepte pas la fusion. Les résultats en ce qui concerne la réunification sont médiocres, le Grand Paris, la métropolisation et le nouveau découpage régional sont vécus comme des échecs cinglants pour l'UDB.

«Les choix du gouvernement sont mauvais» et il n'est plus possible pour l'UDB de le soutenir. Pourtant, malgré ce contexte défavorable, Paul Molac, premier élu UDB, soutenu par Le Drian, RPS et Europe Écologie réalisent un travail important sur les langues régionales.

En 2014, l'UDB renoue avec les crises : le processus de réunification ne se fait pas, l'aéroport de Notre Dame des Landes divise les militants qui ne tranchent pas sur la question. Certains jettent l'éponge, d'autres rejoignent la liste de Le Drian, d'autres Christian Troadec.

Un défaut « de notoriété», selon Jean-Jacques Monnier : «l'UDB pèche par un excès de démocratie : pas de secrétaire général, pas de président, une direction collégiale». Comment l'UDB va-t-elle survivre à cet énième conflit interne ? Comment vont se dérouler les futures élections dans ce contexte explosif ? La recréation ou l'implosion ?


Vos commentaires :
Dr Jean Louis LE MEE
Jeudi 21 novembre 2024
Il y a dix ans l'UDB était à la croisée des chemins. Il lui fallait donc :
-soit faire son «aggiornamento» en rompant totalement avec le Parti Socialiste.
-soit fonder une autre organisation.

Prisonnière du sectarisme de certains de ses dirigeants et aussi faute de faire sortir de ses rangs un leader tant soit peu charismatique, l' UDB n'a pas su trancher entre les deux voies évoquées ci-dessus.
Depuis, faute de souffle, elle périclite et ne peut de «rafistolages en rafistolages» que finir dans l'indifférence générale . Elle aura au bout du compte raté sa vocation historique: redonner tant soit peu au Peuple breton la maitrise de ses affaires (Homerule).

Un parmi les premiers «historiques» de l'UDB.


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