Le cornouaillais est le breton parlé en Cornouaille de la Petite Bretagne, qui n'a pour l'instant aucune reconnaissance officielle de la France, alors que le cornique est la langue de Cornouailles, région de Grande Bretagne où elle a un statut de langue officielle, reconnue autant que le gallois ou le gaélique d'Écosse. Première leçon, la prononciation et les différences avec le breton.
Alors qu'on prononce «piou out-té? » en breton, on dit «piou ossé ? » en cornique (traduction de «qui es-tu ?»). Le breton s'écrit «piv out-te ?» et le cornique : «Piw os sy ?» et
«Trist out-te ?» se dit «Osta trist» (es-tu triste ?). En fait, les choix orthographiques sont assez différents, par exemple pour dire «oui, elle est maigre», la prononciation est pratiquement identique : «ya, moén éo-i». Mais pour l'écrire, on écrira ,«Ya, moan eo-hi» en breton et «Yw, moen yw hi» en cornique. Pas étonnant que les querelles orthographiques aient fleuri des deux côtés de la Mor Breizh (Manche, en breton), freinant souvent les mouvements de revitalisation linguistique : comment enseigner, apprendre à lire dans une langue tant qu'une standardisation de l'orthographe n'a pas eu lieu ? Morwena Jenkin a montré lors de sa conférence la difficulté d'établir une graphie commune. En gallo, une dizaine d'orthographe cohabitent, en corse, ils utilisent une «polynomie» et acceptent de nombreuses variations dialectales.
Pour l'heure, saluons le bel effort des Cornouaillais avec l'édition du livre «Kentelioù kerneveureg evit an deraouidi» édité par the Cornish Language Board (l'office de la langue cornique, équivalent de notre office de la langue bretonne ici), qui permet aux bretonnants d'apprendre le cornique sans passer par l'anglais ni le français. Un bel ouvrage, pour lequel il ne manque qu'un CD ou l'alphabet phonétique pour ne pas se tromper de prononciation. Ou courez au Pavillon des Cornouailles et de l'île de Man pour prendre une leçon avec les nombreux bénévoles en ticheurt (tea-shirt en breton) jaune (melen en breton, melyn en cornique), qui vous donneront tous les détails , et vous en serez tout laouen, lowen, heureux, quoi...
Holyewgh an Lergh, Kentelioù kerneveureg evit an deraouidi, Graham Sandercock, lakaet e brehzoneg gant Len George, deux volumes (2004-2014), Kesva an Taves Kernewek
■Dreist-holl evit lenn seurt prederiadennoù : «...breton standard de la Petite Bretagne, en France» !
Le H de hi s'entend assez fréquemment et la diphtongue de eo est presque partout réduite à é. Il est d'ailleurs dommage que l'imitation maladroite de la prononciation léonarde par certains néo-locuteurs ait donné naissance à l'aberrant : »
é-o" en deux syllabes.Le cornish semble très simple à écrire sur un clavier. Pas de é,è,ñ,',- ... Il doit être sous QWERTY.
J'ai l'impression que le breton a encore hérité d'un handicap francophone. AZERTY.
Le français n'est pas simple à écrire, et avec un clavier QWERTY on s'amuse.
Les accents en français ont été créés au 17ème (?). En fait, on a pas besoin de cette rigidité. Le français n'a que 20 sons et l'anglais le double.
L'anglais fait tout le contraire. Le son «i» peut découler de 4 ou 5 voyelles. Ex : business - u -> i.
(la phonétique ISA est dans les dictionnaires)
--
Y a t_il une raison pour le «c'h» ? Alors que le néerlandais a le «ch» qui est la même chose.
Le ñ (j'ai du faire un copy paste), pourquoi pas un simple «n». Pourquoi les ù et pas un u.
Oui, le coup du éo en 2 syllabes est typique de l'apprentissage francophone.
Oui, distinguer le [ʃ] (ch français) du [h] prononcé [x] (ach-laut) en moyen-breton et en breton moderne dans certains environnements phonétiques (essentiellement en finale absolue). Longtemps les deux phonèmes ont été confondus dans l'orthographe et écrits tous deux «ch». Le c'h a été introduit pour répondre aux besoins des prêtres francophones qui devaient apprendre le breton pour remplir leur tâche évangélique.
«Le ñ pourquoi pas un simple n»
Le ñ indique que la voyelle qui le précède est nasale mais que la consonne [n] ne se fait pas entendre. On peut ainsi distinguer «amañ» ['ãmã] (ici) de «amann» [ã'mãn] (beurre). Il s'agit d'un choix tardif (Luzel n'écrivait pas ainsi) mais il me paraît pratique.
«Pourquoi les ù et pas un u»
Il s'agit d'une lettre utilisée en vannetais littéraire et intégrée au peurunvan. La notation «-où» cherche à unifier les diverses prononciations de cette terminaison de pluriel : [u], [o], [ow], [aw] et [əɥ] (schwa suivi d'un ü consonne, noté -eù en vannetais). Albert Deshayes propose d'écrire -ow, qui suit la prononciation la plus archaïque (vivante en Haute-Cornouaille). Quant à moi, je note simplement -ou quand j'écris le parler de chez moi.
«Oui, le coup du éo en 2 syllabes est typique de l'apprentissage francophone.»
Albert Deshayes propose d'écrire «ew» qui est plus clair et rapproche graphiquement le breton du cornique et du gallois.
Le mot «piv» ne se prononce pas du tout «piou» mais «piu» ! C'est une faute qu'on entend beaucoup trop chez les apprenants du breton hélas ! Et le mot «div» (deux au féminin) se prononce également diu
Dans le domaine vannetais, oui sans contredite. En KLT, c'est plutôt «piw» et «diw». En tout cas, la constante en breton naturelle est de prononcer une diphtongue. Seul les néo-locuteurs maladroits prononcent piw et diw en deux syllabes.
Si Deshayes propose -ow et -ew, c'est qu'il reprend Alan Raude à ce sujet, et plus loin dans le temps Guyonvarc'h, Pennaod et Mordrel.
On écrit toujours avec un capital historique derrière nous. Le pluriel ancien-breton était diphtongué, écrit -ou. Et fut toujours écrit ou par la suite, diphtongué ou pas, réduit en -o en Trégor, et -eù en sud-est.
le c'h est je crois une innovation de Maunoir, tandis que le n-tilde a d'abord été proposé par le Gonidec mais pour -gn ; pour la nasalisation il avait proposé un n avec une barre au-dessus