Qui connaît le cornique ? Langue de Cornouailles, il a bien failli disparaître. On dit souvent que la dernière locutrice de cornique, Dolly Pentreath, est morte en 1777. Or elle était sans doute la dernière locutrice monolingue.
Elle ne parlait pas anglais, mais la réalité est beaucoup plus subtile car la langue s'est maintenue dans certains lieux jusqu'en 1940.
La situation du cornique pourrait être comparée à celle de la langue bretonne : un très riche passé, une domination de la langue anglaise ou française, avec 39 000 locuteurs au XIIIe siècle et un millier aujourd'hui (pour le breton, 1 200 000 en 1914, 120 000 en 2015), un littérature abondante très intéressante avec du théâtre, et les romans de la Table ronde, la «matière de Bretagne».
Au vingtième siècle, trois «Emsav» (moments historiques de la défense des langues minoritaires) opèrent des actions de revitalisation : normalisation, dictionnaires, grammaires, écoles, revues littéraires... Les années 1970 voient Brenda Wooton et Alan Stivell défendre les langues celtiques avec les Gallois, les Irlandais par la musique et la création artistique. Au fil des années, les militants s'organisent, encouragent les cours pour adultes (sous la houlette de MAGA pour les Cornouaillais, Skol an Emsav, Dao, Stumdi, Mervent... pour les Bretons) et les écoles immersives ou bilingues (initiation en Cornouailles, Diwan en Bretagne). Les bénévoles font souvent place aux instituts culturels, offices de la langue. Mais le plus important demeure la transmission familiale et la transmission scolaire. D'un statut de langue disparue, le cornique est aujourd'hui classé «langue en voie d'extinction» par l'Onu, mais il reste fragile aujourd'hui, tout comme le breton. Mais l'une comme l'autre sont loin d'avoir dit leur dernier mot...
■Vraiment ? Je sais que des mots corniques sont resté en usage dans l'anglais local -un peu comme les mots bretons en français de Bretagne- mais y-a-t-il vraiment eu une conservation aussi tardive du cornique lui-même ?
«La situation du cornique pourrait être comparée à celle de la langue bretonne»
Une différence de taille quand même : le breton est encore vivant en tant que langue populaire et nous pouvons continuer à étoffer le corpus d'enregistrement déjà conséquent dont nous disposons :
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Ce corpus oral autorise l'espoir d'une résurrection d'un breton aussi proche que possible des parlers des locuteurs natifs. Seule la volonté manque encore. Nous pourrions éviter l'écueil d'une prononciation calquée sur le français, alors que tous les enregistrements de cornique que j'ai pu entendre montrent une très fort contamination par l'anglais.
Je me souviens , a Auckland NZ , ou j'habitais , il y a quelques annees , a la Maison des Emigres, un Etage etait reserve aux Celtes venus s'etablir en NZ . Grande majorite d 'Irlandais , mais egalement un nombre consequent de Gallois et de Cornouaillais .
Dans cette derniere partie , j'avais feuillete un dictionnaire Breton- Cornouillais ( Kernov) en effet une grande quantite du vocabulaire , etait commun .
Pourquoi faire ? On apprend une langue régionale pour se sentir plus intimement lié à sa région. Une langue artificielle ne peut pas procurer ce sentiment. Et pourquoi gaspiller du temps et de l'énergie dans l'élaboration d'une novlangue alors qu'il reste tant à faire pour sauver l'existant : à savoir enregistrer toutes les variantes du breton.
Les opposants sont dans tout les camps. Parfois il faut faire des compromis pour ne pas disparaitre.
Récemment, j'ai entendu des opposants républicains (Front de Gauche, je pense), prendre peur devant l'apprentissage en immersion de l'allemand standard en Alsace. Et ensuite il théorisait sur l'absence d'ancrage régionale de l'allemand standard.
J'ai aussi entendu le gouvernement flamand s'opposer à l'apprentissage du West Vlaamse en France.
Sur une plus grande surface, il faut être conscient que les fusions se sont pratiquées chez les voisins.
Ex :
L'allemand officiel est une fusion linguistique sous Bismark je crois. Le néerlandais officiel aussi. Il y a eu concertation entre Pays Bas et Flandre. D'ailleurs entre Néerlandais, Allemand, Luxembourgeois, Alsaciens ... , ce sont des frontières artificielles. Avec un dialecte du Limbourg, j'ai vu un allemand et un flamand se rendre compte qu'ils avaient la même langue maternelle alors qu'ils ne se comprenaient pas dans leur langue officielle.
Le breton moderne est déjà une fusion. Les même critiques de langue artificielle ont déjà été émises pour cette fusion. Y a t-il plus de différences entre Cornish et Leonar que Tregorois et Vannetais ?
Les nouveaux bretonnants le parlent avec un accent purement français, idem en Cornwall avec l'anglais.
Ex : 7 - seizh avec un bon Z français et seith avec un bon TH anglais.
J'ai une grammaire breton en anglais, idem dictionnaire. Ma conclusion est que c'est illogique de partir du français pour apprendre le breton.
J'ai lu un linguiste qui émettait l'hypothèse que Breton et Cornish étaient historiquement la même langue.
Ca serait un formidable pont vers le Commonwealth pour un statut moins dénigrant que régional.
Ça n'a rien a voir. En raison de leurs liens économiques avec l'Allemagne, les Alsaciens ont besoin de savoir l'allemand et il est évidemment stupide de s'opposer à son enseignement. Mais les Bretons n'ont pas besoin d'un sabir corno-breton.
«Sur une plus grande surface, il faut être conscient que les fusions se sont pratiquées chez les voisins.»
Tu veux fusionner le néerlandais et l'allemand ? Le français et l'occitan ? L'italien et le roumain ? Fusionner l'espagnol et le catalan, c'est en train de se faire : on appelle ça le catanyol et c'est triste à mourir.
De toute façon, nous sommes plus nombreux que les Corniques et notre langue est en meilleur état de conservation que la leur. Alors je ne vois pas pourquoi nous devrions renoncer à notre breton.
«Les nouveaux bretonnants le parlent avec un accent purement français, idem en Cornwall avec l'anglais.
Ex : 7 - seizh avec un bon Z français»
Tu veux dire en finale absolue ou devant une consonne dévoisée ? Personnellement, je suis néo-locuteur et je prononce correctement S dans ces positions (comme dans mon français de Bretagne d'ailleurs). Il y a de nouveaux bretonnants qui font des efforts pour bien parler quand même. Ils prennent modèle sur les locuteurs natifs.
«Ça serait un formidable pont vers le Commonwealth pour un statut moins dénigrant que régional.»
On a déjà un formidable pont vers le Commonwealth qui s'appelle l'anglais. Contrairement à l'hypothétique corno-breton, c'est une langue qui est parlée par des centaines de millions personnes, qui dispose d'une grande littérature et qu'on apprend déjà dans tous les collèges de Bretagne. Pas besoin de perdre son temps à inventer un sabir.
Dolly Pentraeth est un joli mythe romantique, mais que faire de son contemporain William Bodener et de John Davey, décédé en 1891 ?
La création de Maga est relativement récente.
La même langue ? Oui... et non ! Nos connaissances de l'état ancien du brittonnique permettent de déssiner de manière de plus en plus précise les différences entre les trois. Des textes corniques ont été considérés comme gallois, ou comme breton. Il y a une plus grande proximité entre cornique et breton qu'entre ces deux-ci et le gallois. Les liens géographiques, commerciaux, et de population ont été très importants (de nombreux bretons installés en Cornouailles et répertoriés comme tels), puis le lien s'est perdu (guerres, conflits religieux, blocus...). D'autre part, si l'on considère que le cornique était plus éloigné du breton que l'ensemble des dialectes du breton entre eux, fermez le ban.
Fleuriot regrettait que les trois langues brittonnniques s'éloignaient les unes des autres ; les rapprocher par des tendances communes est une chose, les fusionner est une autre. La place du verbe conjugué, par exemple.
C'est bien l'exemple qui montre qu'il est impossible de fusionner les deux langue. En cornique le verbe est en première position, en breton il est le plus souvent en deuxième position. On le mettra où le verbe en sabir corno-breton ? En position 1,5 ?