Alors que les tracteurs bloquent la voie express et partent du parking du Géant de Lanester, les spectateurs, parapluie, cirés et couvertures au poing, entrent dans l'arène
Les organisateurs du festival de Kerhervy ont préféré la pluie, la bruine persistante qui s'insinue dans les costumes du bourgeois gentilhomme et de la pédante. Ils ont programmé un brumisateur permanent pour parler de Molière dans ce site incroyable du cimetière de bateaux de Kerhervy.
Première partie : les femmes et Molière. Molière, féministe ? Les Précieuses Ridicules, Les femmes savantes, avaient-elles déjà ce regard émancipé sur les femmes qui travaillent, les femmes qui osent laisser séduction et oisiveté de côté pour s'instruire et devenir les égales des hommes ? C'est en tout cas le parti pris du metteur en scène et acteur, Bernard Lotti, qui a choisi des textes particulièrement percutants pour aborder le sujet. Des textes trop longs aujourd'hui pour le spectateur dans leur intégralité, surprenants de modernisme dans leurs extraits.
Cinq femmes et cinq hommes sur scène, dix personnalités qui alternent théâtre contemporain, marionnettes, chant. Il y a du Berliner Theater là-dessous. Une jeune Hollandaise joue du violoncelle et de la comédie, articule la langue de Molière de façon étonnante, et se déplace sur scène comme un Arlequin.
Deuxième partie. La pluie joue toujours, mouille la scène qui brille sous les projecteurs. Indifférents, les comédiens et les spectateurs suivent une comédie entre valets et maîtres, mépris et colères, on repasse l'Avare, le bourgeois, et les rires fusent. Applaudissements et multiples rappels.
Maître Molière et Maître Lotti sont passés. Les spectateurs,des étoiles dans les yeux, rangent les couvertures mouillées. La magie Kerhervy, on vous dit...
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