Le premier CD solo d'Arnaud Ciapolino "Serenità"

Chronique publié le 8/07/15 13:43 dans musique par Gérard Simon pour Gérard Simon
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Jaquette du CD Serenità d'Arnaud CIAPOLINO
"L'inizio deglivolo " (Extrait de l'album "Serenità") - Arnaud CIAPOLINO CD Serenità - Coop Breizh

Ciapolino... Ciapolino… un nom que je n'ai jamais oublié, depuis le 14 octobre 2003 !

En effet, c'est en ce jour, déjà fort lointain et, très précisément, dans le hall de l'Espace Carpeaux de Courbevoie que j'ai rencontré et chaleureusement félicité ce véloce musicien « repéré », quatre jours auparavant, lors d'un concert, donné à Vitry sur Seine, aux côtés d'Alan Stivell, qui s'y produisait dans le cadre de sa tournée « Au delà des mots », consacrée à la célébration du cinquantième anniversaire de la harpe celtique, ressuscitée par son père, Jord Cochevelou.

Pour l'anecdote, ayant bien mieux retenu l'excellentissime jeu de flûtes et… de caisse écossaise que le patronyme du virtuose musicien, prénommé Arnaud, je l'avais, dans la précipitation et l'émotion de l'instant, baptisé :

« Capuccino » !… ce qui a déclenché, de sa part, un rire, instantanément repris en écho par les deux remarquables complices de tournée qui l'entouraient, alors : Latabi Diouani et Johan Dalgaard !

Arnaud Ciapolino, Latabi Diouani et Johan Dalgaard ont constitué l'une des meilleures formations officiant autour du « harper hero » ! (notamment, (voir le site) )

Vous imaginez, donc, quelle a été ma joie de recevoir, de la part de Paker Prod, présenté sous une jaquette, graphiquement « stylée », « Serenità », ce premier album solo de… Ciapolino, entre autres, accompagné, je dirais plutôt, étroitement secondé, soutenu et mis en valeur par Latabi Diouani et Johan Dalgaard, sus-nommés.

Un bonheur amplifié par la très large présence musicale… et technique de Nicolas Quemener, vu ou entrevu, tant de fois, auprès de Gilles Servat et, il y a quasiment un an, au 67e Pardon de La Baule, lors du concert du « Ronan Le Bars group », dont il est brillant membre : (voir le site) .

Puisque j'ai commencé, avant tout autre propos, de vous présenter ces quatre musiciens « rencontrés ou quelques instants, aperçus », reprenons, ci-dessous, l'ensemble de ceux qui, dans cet album, à la fois, inspirent et valorisent Arnaud, à la flûte traversière, flûte alto, flûte basse, piccolo et compositions.

Nous avons :

Mike Clinton : basse.

Johan Dalgaard : claviers, Fender Rhodes Piano Bass, accordéon, basse, guitare, autoharp, ukulélé.

Latabi Diouani : batterie, percussions.

Kris Drever : guitares, mandoline, chant.

Fidel Fourneyron : trombone, tuba.

Angus Mackenzie : border pipe, small pipe, highland pipe et whistles.

Ross Martin : guitare.

Nicolas Quemener : guitare, chant.

Eilidh Shaw : fiddle (violon).

Alasdair White : fiddle (violon).

Vous présenter, d'entrée, les 10 musiciens de classe internationale est, pour moi, d'une évidente priorité, puisque ceux-ci représentent l'esprit même de l'élaboration de l'album pour lequel, dès l'écriture, le mélodiste et novateur créateur, Arnaud Ciapolino, « entendait, déjà, chaque musicien ».

12 instrumentaux des 14 titres de l'opus, sont des compositions d'Arnaud « taillées sur-mesure » pour des artistes rencontrés au cours du temps et admirés du flûtiste soliste aux multiples facettes qui a suivi, à la fois, un parcours de formation classique en flûte traversière, ainsi qu'en jazz, tout en maîtrisant l'écriture et la direction d'ensemble.

Arnaud a effectué des stages de flûte traversière au Conservatoire National de Région de Saint-Maur-des-Fossés, au Luxembourg auprès de grands solistes comme Jean-Claude Gérard (Stuttgart), Patrick Gallois, Frédéric Chatoux de l'Opéra de Paris, Janos Balint, soliste à l'orchestre de la radio hongroise.

Orchestre, musique de chambre, big band, bagadoù (Bagad Kemper, Kevrenn Alré qu'il a dirigée, puis menée jusqu'au titre de Champion de Bretagne), accompagnateur d'artistes d'univers différents comme Gilles Servat, L'Occidentale de Fanfare, Alan Stivell, Tayfa, L'Héritage des Celtes, aucune expérience ne semble échapper à Arnaud.

Titulaire du Diplôme d'État de musique traditionnelle, il enseigne, également, à l'École de Musique et Danse du Kreiz Breizh, à Rostrenen.

Inutile de vous dire que ce CD « Serenità », majoritairement instrumental, il y a, aussi, deux chansons, est riche de fusion des genres, courants musicaux, sonorités diverses. World, pop, folk, jazz, tout, ici, s'y succède ou s'y conjugue.

Les fidèles de notre site « Culture et celtie, le MAGazine… » qui connaissent la variété des styles que nous osons leur présenter en ligne, à partir du moment où ils sont maîtrisés par des experts et des légitimes, ne seront pas désorientés et retrouveront, même, dans ce disque, sur des structures, souvent différentes, des effluves néo-celtiques très contemporaines s'évaporant, au-delà de toutes frontières.

La présence de 6 musiciens écossais, réunis par Arnaud, pour cet ouvrage musical, très précisément conçu, n'est pas étranger à ce ressenti, notamment lorsque, par exemple, border pipe, small pipe, highland pipe et whistles épousent le fiddle.

L'introduction de l'album, avec beaucoup d'à propos, dénommée « Entra » est judicieuse, car, notamment par sa ponctuation musicale récurrente et persistante, elle nous alerte, immédiatement, sur ce qui va suivre : de la création… de la novation… du prospectif !

Difficile de dégager des préférences de ce disque, tant sa diversité, toujours très tonique, très puissante, reste homogène et fait de cet opus un album quasi-conceptuel, cohérent et dont les morceaux demeurent relativement indissociables. Il est, tour à tour, évident, sophistiqué, plus ardu, puis limpide, entêtant, puis volatile… mais, à chaque instant, très intéressant et incitant à de multiples découvertes.

La plage 2, « L'inizio deglivolo », dont vous pouvez entendre un court extrait, en ouverture de notre page, m'a bien séduit avec son swing et ses ascensions de flûtes.

« Le blues du petit Sylvestre » : Je retiendrai ces presque 10 minutes de blues avec son effet « basse » bien rond, bien gras et l'entrée en scène progressive des sept instrumentistes qui interviennent sur ce morceau, en proposant, à partir d'une mélodie conductrice, des paysages différents survolés par la flûte traversière d'Arnaud, sans oublier la petite surprise réservée à 1 minute de la fin, cette impression de changement de rythme nous évoquant le même processus rythmique développé dans « Danser sur moi », célèbre chanson interprétée par Claude Nougaro.

Un vrai changement de rythme, cette fois, avec, comme un cheval au galop, l'un des deux titres chantés de l'album : « Shipwrecked ». Une composition de Kris Drever, chantée par l'auteur sur des arrangements d'Arnaud, Johan et Kris.

Un titre qui fait du bien après la dose de blues précédemment inoculée.

J'ai bien aimé « Explore » : cette courte 6e plage d'1 minute 55, très contemporaine qui vient se glisser entre les deux parties de Ska 1004, un duel… une « battle » comme l'on dit dans les émissions de télévision à la mode, opposant ou juxtaposant, selon les instants, les virtuosités du flûtiste et du batteur Latabi Diouani.

C'est inattendu, surprenant et… réussi !

Suit un moment de grâce : « A capo » : une superbe mélodie entre nostalgie et voyage, un temps arrêté par Arnaud et Kris… mais, attention, à la 4e minute, les deux musiciens nous extraient de la douce errance dans laquelle nous nous étions laissés aller avec une rupture d'écriture qui, in fine, concède, à nouveau, notre part d'imaginaire.

Nous n'allons pas, ici, dresser l'inventaire complet de tous les titres. A vous de les découvrir et… re découvrir en vous procurant, rapidement, l'album.

Avant d'interrompre cette énumération bien esquissée, je ne pourrai, toutefois, m'empêcher de mentionner, Nicolas Quemener, le guitariste mélodiste et fin accompagnateur bien connu qui, dans « If I needed you » (Si j'avais besoin de toi) révèle au cours de ce titre, également, un beau talent de chanteur.

Une respiration très country ; il faut préciser, que cette composition de l'américain, Townes Van Zandt a été, en 1981, interprétée par Emmylou Harris, sur son album « Cimarron » et figure dans les images et la bande son du film « Alabama Monroe » de Felix Van Groeningen (2012). Celui-ci a remporté le César du meilleur film étranger et a été nommé aux Oscars du cinéma en 2014, dans la catégorie meilleur film en langue étrangère.

Côté technique, le CD est fort réussi. La stéréophonie, l'harmonique et les plans sonores sont très bien restitués. L'espace, ainsi, créé est explicite !

Il est important d'aborder, au moins en quelques mots, l'approche technique de ce projet, préparé depuis juillet 2013, de surcroît, lorsque celui-ci s'inscrit dans la contemporanéité musicale, l'énergie collective et l'autorisation créative.

Pour Arnaud, les prises de son ont été réalisées, de juin 2014 à avril 2015, par Nicolas Quemener, utilisant son studio morbihannais du Château de Coët Nouzic, à Locmalo.

En ce même lieu, Jeff Grimont a assuré les prises de guitare de Nicolas.

La plupart des musiciens est venue au studio breton, même si certaines prises ont été réalisées en Écosse, par Ewen MacGregor pour Alasdair White, Hector MacLinnes pour les prises additionnelles d'Angus Mackenzie et Ross Martin, Lain Vadell Waddel pour les prises de Kris Drever.

Une exception à ces déplacements physiques, technologie et connections informatiques aidant, Johan Dalgaard a enregistré ses parties en son studio d'Alfortville, en région parisienne. Arnaud s'est déplacé avec Yann Pelliet, le producteur de Paker Prod, à Paris comme en Écosse.

Le mixage a été, avec maestria, ça s'entend, réalisé par Arnaud et Nicolas.

Des apports, toutefois, mesurés d'effets ont été apportés et supervisés par Arnaud en constante créativité. « Ça ne s'arrête pas », précise, à ce propos, Nicolas Quemener, présent, de bout en bout dans ce projet musical.

Un mastering de qualité, réalisé par Jean-Pierre Bouquet, à « L'autre studio » de Vaires-sur-Marne, conclut la chaîne technique faisant de cet album, entre acoustique et apport technologique, un CD très bien « produit ».

Pour l'auditeur que vous êtes, au travers des extraits présentés sur cette page en ligne et celui que vous allez devenir, dans un bien meilleur confort sonore, en achetant cet attachant et intéressant CD « Serenità », n'hésitez pas à l'écouter en boucle sur votre platine. Il y a, à chaque fois, à découvrir… à déguster.

Ne le faites pas un soir où vous avez besoin de calme, car, tout au long de ce puissant album, Arnaud et ses musiciens « déménagent » dans l'éclectisme, l'énergie et la vélocité.

A bon volume, écoutez-le, en toute « sérénité »… Avant de retrouver Arnaud et la majorité de ses musiciens, sur scène, événement qu'ils vont, ensemble, préparer en résidence.

En attendant un site Internet, à suivre sur la page Facebook du musicien ( (voir le site) )…

« Serenità », un novateur et tonique voyage musical, selon les panoramas, teinté de Ian Anderson, leader du feu Jethro Tull, des phrasés du regretté Jean-Pierre Rampal ou du style particulier de Matt Molloy, des Chieftains.

Gérard Simon

CD «Serenità»

01 - Entra - 1:33

02 - L'inizio deglivolo - 6:02

02 - Le blues du petit Sylvestre - 9:57

03 - Shipwrecked - 3:38

04 - Ska 1004… (Part I) - 4:16

05 - Explore - 1:55

06 - Ska 1004 (Part II) - 4:27

07 - A capo - 5:50

08 - Funk'it - 5:23

09 - I needed you - 3:32

10 - Come si spegne la luce ? - 6:00

11 - …Se ne ricorda - 2:36

12 - Serenità - 4:17

13 - Contemplation - 4:48

CD «Serenità»- Arnaud Ciapolino

Parution : juin 2015 - Réf : 017CD

Edité chez Paker Prod : (voir le site)

Distribué par Coop Breizh - Réf : 4015863

(voir le site)

Illustration sonore de la page : «L'inizio deglivolo » (Extrait de l'album «Serenità») - Arnaud Ciapolino

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