Jean-Yves Cozan, figure de la droite centriste bretonne, est décédé

Dépêche publié le 16/06/15 13:57 dans Nécrologie par Christian Rogel pour Christian Rogel

Jean-Yves Cozan, figure flamboyante du courant centriste et régionaliste de la droite finstérienne et bretonne, n'est plus.

On pouvait pourtant le croiser, la semaine dernière, amaigri, mais le propos encore vif, attablé au Ceili, célèbre pub quimpérois près duquel il habitait. Il pouvait voir tous les jours la plaque de rue apposée par ses amis en 1995 indiquant «Place de la Cozanie centrale», en référence à un dessin de Nono.

Central, il l'était à plusieurs titres : longtemps député de la bande centrale finistérienne, vedette d'un groupe centriste qui appuyait le RPR au conseil général, dont il fut l'influent vice-président.

C'est en promoteur déterminé de ce qui pouvait être une bretonnité sans complexes, qu'il a gagné le surnom de «député Diwan». Il n'est pas douteux qu'en faisant apporter une aide financière importante au réseau des écoles bilingues, il a aidé à consolider l'enseignement en breton qui était dans une phase critique. Sans la politique du Conseil général, le collège Diwan du Relecq-Kerhuon n'aurait pu se développer et essaimer et, sans l'appui comme conseiller régional Jean-Yves Cozan, il n'y aurait pas eu de lycée Diwan à Carhaix. Les filières bilingues publiques et privées ont reçu des aides appropriées.

Ferme dans ses convictions conservatrices (il n'hésita pas à appuyer le discours sécuritaire de Charles Pasqua en 1993), il n'était pas sectaire et se vantait «de mettre de l'argent sur tout ce qui bouge» (en matière culturelle). Il détonnait sur ses frileux collègues en politique en proclamant ses idées régionalistes, qu'il n'hésitait pas à rapprocher de l'autonomisme.

Il a été aussi le promoteur de liens avec la Chine et a aidé à la création d'une école de managers tournés vers l'Asie (l'Isuga, à Quimper).

D'une stature imposante visible dans les manifestations pour la culture bretonne, il était célèbre pour son écharpe blanche et pour sa manière personnelle d'établir le contact : tutoiement facile, invitation à rentrer dans un bistrot où, parfois, se faisaient les décisions d'aide financière. Il a sauvé l'existence du Parc naturel régional d'Armorique et favorisé la création des 5 domaines culturels du Département, en particulier, l'Abbaye de Daoulas, lieu d'expositions de qualité internationale.

Né au Conquet en 1939, il commence comme journaliste, puis dirige un hebdomadaire d'informations locales (Le Courrier du Léon-Le Progrès du Finistère). Il devient le dauphin d'André Colin, figure centrale de la démocratie chrétienne des années 50 et 60 et hérite de son siège de conseiller général de Ouessant. En 1997, il est battu par Kofi Yamgnane aux élections législatives. Il est inquiété pour des détournements mineurs d'indemnités au Conseil général et perdra dans la tourmente ses prérogatives importantes. Il est cependant vice-président de la Région Bretagne en 1998 et y mène une politique sur «l'identité bretonne». Aux élections sénatoriales de 1998, il emmène une liste de droite dissidente, une sorte de rétorsion vis-à-vis du RPR qui l'a laissé tomber. Une fois que le Parti socialiste aura conquis l'assemblée départementale, il deviendra un vieux sage, laissant les rênes du groupe centriste à Michel Canévet, récemment élu sénateur Union des démocrates et indépendants (UDI), maire de Plonéour-Lanvern.

Sa fille, Isabelle Le Bal, est une figure très connue de la politique quimpéroise, première adjointe au maire, qui a les mêmes convictions que son père, tant au niveau général qu'en ce qui concerne la Bretagne et la culture betonne.

Jean-Yves Cozan avait donné une interview filmée à l'Agence Bretagne Presse en mai dernier (voir notre article)

Christian Rogel

Licence pour reproduction intégrale, sous condition de mention de l'auteur et de l'Agence Bretagne Presse


Vos commentaires :
BRZAY
Jeudi 14 novembre 2024
sauf qu'Isabelle Le Bal n'est pas adjointe à la culture, mais 1ère adjointe aux affaires générales si je ne me trompe.

Christian Rogel
Jeudi 14 novembre 2024
Remarque tout à fait juste; Elle est montée en grade, puisque dans la municipalité Gérard (2001-2008), elle n'était «que» adjointe à la Culture. Elle en a gardé une propension à parler de culture.

Donbzh
Jeudi 14 novembre 2024
On peut se rappeler aussi de lui son humour,et qu'à propos de la réunification, il disait qu'on voulait faire de nous des ouestons ou des ouestitis...(peut-être aurez vous la citation exacte)

La Bretagne perd là un fervent soutien, mais sa mémoire restera...


Kristen
Jeudi 14 novembre 2024
«N'eus brosoc'h karantez eget reiñ e vuhez d'e re».
Ha graet eo bet gantañ; bennozh-Doue dezhañ.
Kenavo el levenezioù!

Marie-Josée Christien
Jeudi 14 novembre 2024
Je l'ai régulièrement croisé dans les festivals et les salons du livre du département, aux signatures d'auteurs. Il n'y venait pas par obligation politique, par souci électoral, mais par réel plaisir. Sa passion du livre n'était pas feinte. Il était un des rares hommes politiques qui tenaient le livre et la culture en haute estime... et sans doute un des rares hommes politiques à lire, tout simplement. C'est le souvenir que je garderai de lui.

Marie-Josée Christien
Jeudi 14 novembre 2024
Je l'ai régulièrement croisé dans les festivals et les salons du livre du département, aux signatures d'auteurs. Il n'y venait pas par obligation politique, par souci électoral, mais par réel plaisir. Sa passion du livre n'était pas feinte. Il était un des rares hommes politiques qui tenaient le livre et la culture en haute estime... et sans doute un des rares hommes politiques à lire, tout simplement. C'est le souvenir que je garderai de lui.

Léon-Paul Creton
Jeudi 14 novembre 2024
Droite centriste... Bretonne???

Christian Rogel
Jeudi 14 novembre 2024
@Léon-Paul Creton
Les trois qualificatifs s'applliquent parfaitement. Il me semble qu'il ne les auraient pas refusés. Qu'auriez-vous mis à la place ?

Léon-Paul Creton
Jeudi 14 novembre 2024
Christian Rogel

Il me semble n'avoir jamais entendu Monsieur Jean Yves COZAN, dire qu'il appartenait à la Droite centriste « bretonne » dont, comme vous l'écrivez, il était… une figure.

Comme je l'ai encore écrit il y a peu et bien, souvent avant, je ne connais ni ne reconnais de PS, UMP, PC, UDI, MODEM, UDF, FN, NPA FdG, qui soient bretons.

La Bretagne comme « champ d'action » de tous ces partis n'en fait pas des partis « bretons » à mes yeux… Á moins qu'une simple localisation géographique suffise pour les Bretons, mais cela ne m'oblige pas à m'incliner en ôtant mon chapeau.

L'UDF et le MODEM, ou l'UDI sont bien des partis Français ? Il me semblait donc plus juste de dire « La » droite centriste, appellation qui se suffisait à elle-même pour être située.
Ou encore : Droite centriste française, l'une ou l'autre m'indiffère, car je ne connais pas de Droite Centriste Bretonne.

Ces qualificatifs il ne les aurait peut-être pas refusés ? C'est fort possible, Dieu seul le sait.

Pour moi Monsieur Jean Yves COZAN était un authentique Breton, mais dans un parfait parti français de « droite centriste » !

Ceci dit, je salue sa mémoire et ce qu'il a entrepris et réalisé pour la Bretagne.


Christian Rogel
Jeudi 14 novembre 2024
@Léon-Pail Creton
JY Cozan a été membre de l'UDF et do Modem, mais, toujours en électron libre. IL appartenait à un club d'élus d'esprit très breton qui ont obtenu l'accord des autres pour le soutien à Diwan et à la culture bretonne.
Ces méthodes pour faire plier les bonapartiistes ont été appliquées avec encore plus de succès à la Région quand Cozan emmenait un groupe charnière qui contraignait Rohan à une politique d'identité bretonne qui lui déplaisait. Cozan se déclarait autonomiste et, à la limite indépendantiste.
Voilà pourquoi, je ne vois pas d'autre manière que ces adjectifs pour le définir.

Donbzh
Jeudi 14 novembre 2024
Extrait du communiqué du Parti Breton en hommage à Jean-Yves Cozan:
«Jean-Yves COZAN a été également membre de l'association Askol qui réunit les élus membres ou sympathisants du Parti Breton....»

Bevet Breizh ha Kenavo Aotroù Cozan


BEN KALED
Jeudi 14 novembre 2024
Pleure Bretagne !

Un de tes illustres enfants vient de nous quitter,
Qui mit dans notre pays l'envie d'étudier
Cette langue si belle de nos rudes campagnes,
Une barbe fleurie, tel un vaillant Charlemagne.
Lui qui fut toujours notre défenseur,
Chantons encore pour lui tous en c½ur.
Du fond du Parc Armorique, j'entends les échos
De ces chants merveilleux qui glorifient les héros.
Il pleut sur Ouessant, la mer sanglote, secouant les flots,
Mais au plus fort des tempêtes, il tient bon l'étambot,
Sa casquette vissée, comme le casque du soldat,
Que rien ne peut abattre au plus fort des combats.
Kenavo Yann-Erwan ! du haut de ton glorieux promontoire,
Soit encore le guetteur courageux de nos promptes victoires,
Car aucune lutte pour la patrie n'est jamais vaine,
Mourir pour son pays est une véritable aubaine !


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