Nucléaire : l'accident grave "est possible en Europe"

Communiqué de presse publié le 24/05/15 11:23 dans Environnement par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin

Roland Desbordes, président de la CRIIRAD achevait ce vendredi une tournée de cinq dates où il formait les associations locales.

Un exposé clair sur le radon, suivi d'un long débat avec le public : le petit amphithéâtre de Kernascléden accueille les responsables de la CRIIRAD, née en avril 1986 après Tchernobyl. Avec de nombreux donateurs et adhérents, l'association emploie 14 salariés, qui vont dans les communes aider les élus et les associations à mesurer la dangerosité des anciennes mines d'uranium, des sites radioactifs, ils sont intervenus également à Fukushima pour aider la population à avoir des éléments objectifs, scientifiques et dénués de toute politisation, point sur lequel le président a plusieurs fois insisté.

On mésestime le danger du radon, présent dans toutes les maisons, les bâtiments scolaires. Pour Roland Desbordes, l'AREVA n'est plus une «entité solvable, on avait alors un interlocuteur et les sites n'étaient pas orphelins» . Il pose la question de l'avenir : le problème existe, il est reconnu. Il faut agir.

Il faut penser au futur accident nucléaire, pose-t-il en conclusion. «L'accident grave est possible en Europe», de nombreux partenaires européens préparent désormais cette éventualité.

Les experts d'Euratom (traité européen qui a pour objectif de promouvoir le nucléaire à l'échelle européenne et fixe des normes de radioprotection) ont fixé des limites sur les aliments commercialisés en cas d'accident nucléaire en Europe : les chiffres ont été rendus publics sur Internet en août 2014. La CRIIRAD est alors «profondément scandalisée» par ce réglement, bientôt imposé à tous en cas de futur accident nucléaire, les chiffres sont deux fois plus élevés qu'en 1986, 100 béquerels autorisés à Fukushima aujourd'hui (600 en 1986).

En France, pour les aliments adultes et pour les radioéléments à vie longue (type Cs 137), c'est 1250 Bq/kg.

La CRIIRAD pose alors le problème des bases scientifiques : comment protéger les gens avec des erreurs qui minimisent le risque en autorisant les limites, pour que cela ne coûte pas cher à l'État de gérer une situation nucléaire ?

Il n'y a pas d'assurance en cas d'accident nucléaire. En France, les conventions récentes ne sont pas appliquées (quelques centaines de millions d'euros).

L'accident se passera au coeur de la France, et dans un cercle de trois cents kilomètres, peu de gens échapperont au cercle contaminé. Des centaines de milliers de morts seraient alors considérées comme «acceptables»...

La CRIIRAD a lancé une pétition pour alerter les responsables avec une campagne de mobilisation. La campagne officielle démarrera la semaine prochaine. En avant-première, Roland Desbordes insiste sur le fait que nos experts soient à ce niveau-là : une hécatombe se prépare. «Alors que personne n'était prêt en 1986, aujourd'hui, on sait, et c'est alors beaucoup plus grave» .

contact@criirad.org

www.criirad.org

(On y trouve le dossier complet sur le sujet, mis en ligne ce lundi 25 mai)


Vos commentaires :
Loïc Le Sellin
Vendredi 15 novembre 2024
«Si» n'est pas la réalité. «Quand» est une certitude et même on peut déjà parler d'un «où»
Un site d'entreposage de bombes militaires reste tout de même un objectif raisonnable à évoquer il me semble. Les «véhicules» qui les transportent aussi je pense. Alors, si déjà le nucléaire civil vous inquiète (à raison), pensez qu'en plus d'être fragiles, ils sont dans la même liste d'objectifs à détruire en cas de conflit. Dormez bien.

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