La découverte ou l'ignorance : Jean-Michel Le Boulanger répond à Françoise Morvan (MaJ et DdeR le 12/05/2015)

Dépêche publié le 10/05/15 0:34 dans Histoire de Bretagne par Philippe Argouarch pour ABP
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Jean-Michel Le Boulanger, professeur et Conseiller régional Vice-président à la culture, auteur de l'Identité Bretonne (photo archives ABP)

Répondant d'une façon générale à [[Françoise Morvan]], très présente dans le documentaire de Vincent Jaglin, La découverte ou l'ignorance , diffusé le 30 avril dernier et hier soir sur TV Rennes, Tébéo et TébéSud , le conseiller régional de la Région Bretagne, invité au débat qui suivait le film, a mis les choses au clair : "On peut très bien être militant breton, à Diwan, par exemple, et se réclamer de la liberté et de la Résistance." Le Boulanger a ré-affirmé que déclarer "que tous ceux qui auraient la Bretagne au coeur seraient héritiers de la collaboration ou de la [[Bezen Perrot]] (l'objet du documentaire), est faux".

Jean-Michel Le Boulanger a aussi remis dans le contexte historique les critiques du [[Barzaz Breizh]] de la même Françoise Morvan qui voit dans le recueil de la Villemarqué l'origine "d'une invention romantique d'une nation bretonne". Jean-Michel Boulanger remet les pendules à l'heure : "Le XIXè siècle est le siècle de l'aventure des nations, le siècle des constructions nationales". Citant l'Europe de l'Est et toutes les nations qui se sont construites sur les ruines des anciens empires et, sans le dire clairement, sur le même genre de littérature (voir [[Ossian]] pour l'Ecosse par exemple), Jean-Michel Le Boulanger avoue que la France s'est aussi construite sur des mythes.

Aucun invité, ni dans le film, ni au cours du débat, n'a eu le bon sens de relativiser le ridicule des chiffres. Les membres de la Bezen Perrot qui se sont battus aux côtés des Allemands sous uniforme SS étaient 60 selon certains, 80 pour d'autres, en tous cas moins de 100, alors que la France a fourni 6500 SS à la division Charlemagne, l'Ukraine 27 000, les Pays Baltes, la Belgique, la Croatie, la Hongrie, des divisions entières dont trois pour les Pays Baltes et deux pour la Belgique et des milliers d'Alsaciens se sont engagés dans les SS, en particulier dans la tristement célèbre division Das Reich qui a commis les massacres d'Oradour-sur-Glane et de Tulles entre autres.

Françoise Morvan n'est pas venue au débat. Invitée ou pas, elle a déclarée être contrariée par la présence, à la fois dans le film et sur le plateau, de l'écrivain Kristian Hamon qu'elle semble haïr profondément (voir le site) de son blog ou elle se déchaine contre Kristian Hamon. D'après le blog de Françoise Morvan (voir le site) , L'auteur du film, Vincent Jaglin, n'est pas venu, car il n'aurait pas aimé la présence sur le plateau de Christian Bougeard, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Bretagne occidentale à Brest et de Jean-Michel Le Boulanger auteur de Être breton ?. L'historien Joël Cornette, une autorité pourtant, auteur d'une histoire de Bretagne remarquée et remarquable, récemment rééditée dans une version abrégée et documentée, aurait pu aussi être invité, mais il est vrai que Françoise Morvan a déclaré dans le film "que seuls les autonomistes écrivent des histoire de Bretagne" et les autonomistes sont personae non grate sur les plateaux. Aucun autonomiste ou nationaliste breton actuel ne fut invité au débat. En avez-vous déjà vu un sur un plateau de télévision en dehors des élections régionales ou locales ?

Les faits sont têtus, la Bretagne a fourni trois fois plus de résistants que la moyenne française et beaucoup comme [[René Pléven]] ou ceux du commando Kieffer avaient la Bretagne au coeur. Quant au film, qui a reçu le Prix du documentaire historique 2014, si on peut déplorer l'omniprésence de l'hystérique Françoise Morvan (dans le film elle va jusqu'a comparer Célestin Laîné à un Jihadiste), il restera un témoignage historique intéressant, ne serait-ce que par les interviews des survivants de cette époque. La démarche au départ est sincère -- l'auteur part à la recherche de ses propres grands oncles et tantes, impliqués dans la collaboration avec l'occupant.

MODIFICATION du 12/05/2015

Les sources sur les personnes présentes ou pas au débat ont été ajoutées, en particulier le blog ou l'on apprend tous les détails du différent entre Hamon et Morvan et les raisons pour lesquelles le réalisateur du documentaire n'est pas venu au débat. L'affirmation que Madame Morvan a refusé l'invitation au débat a été nuancée, faute de preuve.

DROIT DE RÉPONSE DE VINCENT JAGLIN

À l'attention de Monsieur le directeur de l’Agence Bretagne Presse. Monsieur, L’Agence Bretagne Presse a publié le 11 mai 2015 un article intitulé « La découverte ou l’ignorance : Jean-Michel Le Boulanger répond à Françoise Morvan ». Cet article appelle de ma part, au titre du droit de réponse, un certain nombre de précisions. 1) Comme le titre l’indique, le journaliste n’entend nullement rendre compte du film mais attaquer une personne. Aucun des trois intervenants du film — Kristian Hamon, Françoise Morvan et Bertrand Frelaut — n’a été invité à la table ronde organisée par les chaînes de télévision pour accompagner sa diffusion, Françoise Morvan pas plus que les autres : il est donc inadmissible de l’accuser, elle, d’avoir refusé le débat, et ce au nom d’une prétendue haine pour l’un des intervenants qui aurait prétendument été présent. 2). Alors que les intervenants, qui disposent d’un temps de parole équivalent dans le film et se rejoignent pour dire que le mouvement breton, dans sa totalité a collaboré, seule Françoise Morvan est mise en cause, et ce de manière inexacte et injurieuse. 3). L’accusation d’être « hystérique » portée à son encontre (sans même parler des propos injurieux de la discussion qui suit l’article) tend à interdire toute réflexion sur le fanatisme des nationalistes bretons : la comparaison entre les jeunes islamistes et les jeunes SS bretons, subitement investis d’une mission sacrée, était parfaitement légitime. Écrire que « l’hystérique Françoise Morvan va jusqu’à comparer Yves Lainé à un Jihadiste (sic) » témoigne d’une totale ignorance, l’auteur de l’article ne connaissant pas même le nom du fondateur de ce qu’il appelle « la Bezen Perrot ». 4) Il est tout aussi faux d’écrire que j’ai refusé de participer au débat en raison de la présence de Christian Bougeard. Ce refus était dû au débat en lui-même, organisé pour court-circuiter la réflexion engagée par le film en lui faisant dire le contraire de ce qu’il disait : le débat n’a visé qu’à faire accroire qu’une mince « faction du mouvement breton » a collaboré, comme cela a été dit dès le début. Les trois professeurs invités, Christian Bougeard, Sébastien Carney et Jean-Michel Le Boulanger, ont dit grosso modo la même chose, et seul Sébastien Carney a eu le mérite, tout à la fin, de rappeler que « le Gwenn ha Du, le BZH, les bagadou, les écoles Diwan, ce ne sont pas les résistants bretons de la Seconde Guerre mondiale qui les ont inventés… ». 4) Je profite de cette mise au point indispensable pour remercier le public de TV Rennes, Tébéo et Tébésud. Les milliers de spectateurs qui ont regardé mon film et ont invité leurs amis à le regarder montrent, s’il en était besoin, qu’il attire l’attention sur un problème actuel. Je ne peux que déplorer le débat rendu impossible et le déchaînement de haine destiné précisément à l’interdire. Je vous prie de publier ce droit de réponse conformément à l’article 13 de la loi du 29 juillet 1881.


Vos commentaires :
Lundi 29 avril 2024
Le blog de Kristian Hamon
je suis d'accord avec cette phrase
« L'Histoire n'a pas à réhabiliter ou à diaboliser elle est faite pour comprendre les évènements et les comportements des hommes de l'époque à condition toutefois qu'elle soit l'expression de témoignages irréfutables et objectifs (H. TAINE). »
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