Du cauchemar à l'espoir, par Naig Le Gars

Présentation de livre publié le 5/05/15 19:40 dans Politique par Christian Rogel pour ABP
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Essai politique, "Du cauchemar à l'espoir", de Naig Le Gars, mars 2015

Le naufrage de la France et sa classe politique

Dans un bref essai politique, la conseillère régionale Union démocratique bretonne, Naig Le Gars, fait à la fois le constat de la décadence de la politique en France et esquisse un bilan de 11 années de mandat régional.

Imaginant Marine Le Pen élue présidente de la République, elle en voit la cause dans une politique hystérisée, réduite aux "écuries présidentielles" et qui est tentée par "l'approche sécuritaire des problèmes sociaux" (enième loi anti-terroriste de septembre 2014 et le texte a été écrit avant les graves inquiétudes générées par la loi sur le renseignement).

Globalement, Naig Le Gars est déçue par l'esprit de renoncement qu'elle perçoit dans la pratique du pouvoir par le PS, de plus en plus géré par des politiciens professionnels n'ayant jamais travaillé dans la vraie vie et elle cite un blogueur de Médiapart qui fustige "des "parasites sociaux (comme Cambadélis ou Valls)", jugés racistes et méprisants pour les petites gens.

La France est déséquilibrée par les privilèges accordés à la région parisienne, mais l'exécutif présidentiel tourne à vide, non par manque de pouvoirs, mais, justement, parce que remonter toutes les décisions vers lui le condamne à l'inefficacité.

La destruction de l'élan décentralisateur, entreprise par Jospin et Sarkozy, est finalisée par l'absurde fusion des régions, qui n'ont plus qu'une faible autonomie fiscale, tandis que l'État cuisine seul des schémas régionaux dans lesquels les élus sont réduits au rôle de tiroir-caisse. La métropolisation, nouvelle tarte à la crème, détruit le pouvoir régional, organise la ségrégation spatiale et vise donc à débarasser les grandes villes du poids des pauvres, incapables de se loger près des lieux de travail.

Quelle route pour l'émancipation de la Bretagne ?

La participation au pouvoir régional est ainsi résumée : "Malgré ce sentiment du devoir accompli, et d'avoir fait valoir nos idées, pourquoi cette impression de relatif découragement et d'inachevé, au terme de plus dix de mandat ? ". Elle note l'absence d'avancée sur les langues régionales et le vide clinquant du "pacte d'avenir pour la Bretagne".

L'émancipation de la Bretagne, serait "une autonomie dans un cadre fédéral", mais, pour Naig Le Gars, un cadre politique forcément de gauche (ou progressiste) doit être proposé, car, c'est "non-inscription" dans le social qui expliquerait que les nationalistes bretons d'avant-guerre ont échoué à obtenir l'attention du peuple breton. Elle fustige le "ni rouge, ni banc" (na ru, na gwenn) ou "le dépassement de la notion droite-gauche" que le mouvement breton met souvent en avant.

Elle ne croit pas en la pérennisation du "mouvement des Bonnets rouges" qu'elle évite de nommer ainsi, préférant l'expression "manifestations populaires de l'automne 2013". Elle y voit des appels trompeurs pour un "regroupement des forces productives".

Elle ne croit pas, non plus, que le manque d'impact du mouvement breton soit du à l'absence d'un leader, fût-il charismatique (on devine que Christian Troadec est visé).

Espoir ?

Il faut lire attentivement le dernier chapitre, Une seule solution : l'émancipation pour saisir où l'auteur place ses espoirs. Anecdotiquement, elle mentionne que l'arrivée au pouvoir de "la peste brune" pourrait créer un choc salutaire, mais elle voit de nouvelles manières de lutter pour l'émancipation créées par "des jeunes nés avec la crise", les mobilisations contre Notre-Dame-des-Landeset les grands projets déclarés inutiles, bref, ce qui fait qu'« un territoire intensément habité finit par devenir en lui-même, une affirmation, une explicitation de ce qui s'y vit ».

On voudrait comprendre comment des luttes parcellaires menées par des gens non-inscrits dans le système politique (beaucoup ne votent pas et ne voient pas pourquoi le faire) arriveraient à mobiliser les gens sur des thématiques quotidiennes. Ce sera, peut-être, pour un prochain essai.

Naig Le Gars, Du cauchemar à l'espoir, Ijin Édition, 2015, 77 p. ISBN978-2-9551976-0-8

En vente dans plusieurs librairies de la Bretagne Ouest

Commandes

IJIN, 12 rue des Réguaires, 29000 Quimper

8¤ + 2 ¤ frais d'envoi ou version numérique 5 ¤ sur le site www.ijin-edition.fr

Christian Rogel

Licence pour reproduction intégrale, sous condition de mention de l'auteur et de l'Agence Bretagne Presse


Vos commentaires :
Vendredi 3 mai 2024
Logique. Critiques gratuites. Mépris. Condescendant…

Pier Bleveg faut-il mettre ces mots avec tous ceux, de plus en plus nombreux, de la langue française qui ont perdu un bonne partie de leur sens, ou sont politiquement ostracisés afin de culpabiliser ceux qui les utilisent ? Ou encore avec des mots comme Liberté (ne serait-ce que d'expression) devenu synonyme d'Illusion ? Égalité comme équivalent de Duperie ? Fraternité pour Soumission ou Passivité, etc …

Souvent, pour ne pas m'ennuyer lorsque j écris un commentaire, je joue souvent avec les mots et leur formulation. Lourdement diront ou penseront certains, qu'importe! C'est dommage que vous ne me voyiez pas écrire. Combien je m'amuse le plus souvent, mais cela peut permettre à quelques esprits de dégainer la Condescendance supposée, ou le Mépris… si méprisable.

La «Logique serait de lire un livre avant de le critiquer» vous avez sans doute raison. Mais à condition de ne rien connaître, ou ne rien avoir connu des thèmes, ni vécu des éléments (s)abordés, ni le milieu dans lequel elle est souvent absente. Enfin là dans ces écloseries d'élus ou non, à venir. Là dans ces partis où il serait tout à fait « logique » de « faire » progresser, d'obtenir des résultats, et les preuves visibles de cette évolution positive pour la Bretagne. « Croire sur livre », c'est bon pour les salons parisiens ! Ou encore pour des perdreaux de l'année en mal de romantisme révolutionnaire, ou des militants pétrifiés!

Dans ce cas non pour « Juger » mais « Évaluer », je préfère la Logique des faits…et gestes, surtout que cette évaluation s'établit approximativement sur cinquante années.
L'utilisation par les politiques de livres « ou confessionnaux du libraire » étant peu fiable quant à leur objectivité (il y a toujours une élection à venir et donc un péché à commettre).

Pour conclure je vous dirai que je suis totalement d'accord avec vous Pier Bleveg, lorsque vous dites que : « La critique est toujours facile, l'art beaucoup plus difficile... » les faits et résultats de l'UDB (ils sont loin d'être seuls dans ce cas) nous le démontrent depuis tant d'années… Je ne pourrais faire mieux!

La lecture d'une « confession chez le libraire » ne m'en apprendrait pas davantage ! En outre vous ne voudriez pas que je fasse payer mes critiques en plus, car j'y prends tellement de plaisir. Alors elles resteront « Gratuites » !

Je vous salue bien Pier Bleveg…

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